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POEMES DE NOSTALGERIE
BAB EL OUED
A l’angle de la casbah, d’la Méditerranée
S’adossant aux collines et truffé d’escaliers
Embaumé de jardins et d’odeurs épicées
Il s’appelait......Bab El Oued et c’était mon quartier.
A l’ombre de ses rues, le soleil s’affichait
Aquarellant les murs de rire et d’amitié
Quelle que soit la saison, automne, hiver, été
Il s’appelait....... Bab El Oued et c’était mon quartier
Il était le domaine de bandes de garçons
Jouant à la toupie, aux tchapp’s ou au ballon
Aux noyaux d’abricot, à la course de bouchons
Il s’appelait...... Bab El Oued et c’était ma maison.
De l’avenue de la Marne à la Consolation,
Le passant solitaire trouvait un compagnon
Quelles que soient sa couleur, sa race, sa religion
Il s’appelait Bab El Oued et c’était ma maison.
Sur les bancs de l’école l’amitié fleurissait
Entre juifs, espagnols, italiens et maltais
Et, prenant son envol, durait l’éternité
Il s’appelait.....Bab El Oued et c’était l’amitié.
Le rire en bandoulière, le tape cinq ravageur
Le sifflet permanent et le fier bras d’honneur,
L’enfant de mon quartier respirait le bonheur
Il s’appelait......Bab El Oued et c’était ma demeure.
Le long de l’avenue de la Bouzaréah
Les cafés, les brasseries vous offraient la khémia,
Le verre de Sélecto, d’anisette, de kawah,
Il s’appelait.......... Bab El Oued et c’était mon chez moi.
Le Suffren, le Mon Ciné, le Plaza, le Majestic,
Le Rialto, le Marignan, le Bijou magnifique,
La Perle, les Variétés, Trianon nostalgique
Il s’appelait .......Bab El Oued et c’était l’Amérique.
Une vieille dame en noir protégeait ses enfants,
Qu’ils fussent israélites, catholiques, musulmans,
Notre Dame d’Afrique, Notre Dame sentiment.
Il s’appelait..........Bab El Oued et c’était mes quinze ans.
Trois Horloges, square Guillemin, Bugeaud et Messageries
Ont gravé leur empreinte sur mon cœur et ma vie
Afin que dans mes yeux ne se lise l’oubli
Il s’appelait Bab El Oued ........et c’était mon pays.HUBERT ZAKINE
RETOUR A BAB EL OUED
Je suis parti de mon pays
le cœur broyé par le chagrin
Un quart de siècle de nostalgie,
Des amis perdus en chemin.
Le bateau blanc de mon retour
Entrouvre la Méditerranée
Mémée d’azur des premiers jours,
Maman la blanche de mon passé.
Et je découvre, les yeux mouillés
Alger de mes tendres années
Panoramique et minaret,
Rien n’a changé sous les palmiers.
Sous mes semelles de blessure,
Ma ville natale est à mes pieds
La pluie coule sur ma figure,
Je reste tout seul sur le quai.
Une valise dans les mains,
Je fais le chemin à l’envers
Autour de moi les Algériens
Sont indifférents à ma guerre.
Une guerre sans feu, une guerre sans armes
Que je livre contre moi-même.
J’arrive à refouler mes larmes,
On récolte ce que l’on sème.
La place du gouvernement
S’est baptisée place des martyrs
Sur son cheval, le duc d’Orléans
A dû quitter El Djézaïr.
Rue Bab Azoun, des yaouleds
Accourent vers moi, les mains tendues.
Je me dirige vers Bab El Oued,
L’enfant prodigue est revenu.
Bugeaud m’ouvre toutes grandes ses portes
Comme au temps des années cinquante.
La langue française n’est pas morte
En Algérie indépendante.
Avenue d’la marne, sous les arcades,
Le soleil joue de la lumière.
La jeunesse tape la promenade,
J’me crois revenu en arrière.
Janil’s, Riveil et Pinelli
M’annoncent les jardins Guillemin
Où mon enfance a fait son lit
Entre football, tchapp’s et chagrin.
L’émotion envahit mes yeux
Aucun son ne sort de mes lèvres
J’avance d’un pas respectueux
De peur d’éparpiller mon rêve.
Toute mon enfance dans un regard
Qui semble dire dans un soupir
« Pourquoi t’en reviens-tu si tard
Au pays de tes souvenirs ? »
A deux pas de Padovani
Sur l’esplanade du jardin
défilent tous les visages amis
Qui partagèrent mes matins.
Mani, Boisis et Zenouda
Pérez, Landi et Abergel
Et toute la bande au cinema
Dieu, que l’amitié était belle !
Rien dans les poches, tout dans le cœur
On partageait ce qu’on avait
C’était le secret du bonheur
Au chaud soleil de l’amitié.
Le nom de ma rue a résisté
Au grand courant d’air de l’histoire
Autour de moi, rien n’a changé
Des enfants jouent sur le trottoir.
Mon balcon semble m’interpeller
Comme le faisait jadis ma mère
Qui me demandait de monter
Lorsque s’allumaient les lumières.
Mon ascenseur a disparu,
Les rampes se sont envolées.
Je monte les marches le cœur à nu
L’odeur des murs me saute au nez.
Je me recueille devant ma porte
La sonnerie a rendu l’âme
Elle n’aime pas la manière forte
La maison s’ouvre sur une vieille femme.
Le musée d’amour d’autrefois
Accueille ma visite illusoire
Je ne retrouve pas mon chez moi
Ici, rien ne sent le pied noir.
On a pastellisé les murs
De coloris acidulés
Je me referme sur ma blessure
Comme un amnésique déphasé.
Adieu maison de mon enfance
Adieu jardin d’adolescence
En exorcisant ma souffrance
J’espère atteindre l’indifférence.
Et je remonte la rue Koechlin
Je descends la rue Rochambeau
Devant l’école, c’est un gamin
qui joue aux billes et aux noyaux.
L’avenue de la Bouzaréah
Noire de monde et de pauvreté
Offre une image de la casbah
Qui aurait changé de quartier.
Les Trois Horloges repeintes en bleu
Oublient le temps de la mémoire
Quand défilaient les jours heureux.
Eclaboussés d’accent pied noir.
La côte de la Basséta
A digéré la paella
Effacé la Violétéra,
Luis Mariano et Sévilla.
Quant au quartier des Italiens
Claudio Villa n’y chante plus.
On prie Allah ou Aladin
Aux café des trois avenues.
Je descends la Consolation
Je me dirige vers Saint-Eugène
C’était la même direction
Pour le match en fin de semaine.
La basilique byzantine
Au coeur de Notre Dame d’Afrique
Domine du haut de sa colline
Le plus beau des panoramiques.
Pour qui, pourquoi est elle restée
Dans cet univers musulman ?
Toute sa vie s’est arrêtée
Lors de l’exil de ses enfants.
Le cimetière israélite
Où s’enfonce la tombe de mon père
Ouvre ses grilles pour la visite
D’un homme en quête de prière
Dans le silence parfumé
D’odeurs de pins et de cyprès
Seul le quaddiche vient troubler
Ce temple de sérénité.
Le sirocco a apporté
Le sable venu du Sahara
Les tombes en sont toutes maculées
Jamais personne ne les nettoie.
Adieu cimetières d’Algérie
Dormez sentinelles de la mort.
Vous resterez notre patrie
Quels que soient la ville ou le port
Où nous traînons cette nostalgie
Qui nous parle du temps passé
Quand on a perdu son pays
On vit toujours à ses côtés.
Adieu pays de mes amours
Adieu berceau de mon enfance.
Mes yeux se souviendront toujours
Du paysage de cette France.
Tout a changé ? Rien n’a changé ?
Je ne saurai comment le dire
Mais une ville plus belle qu’Alger
C’est................................................ Alger de mes souvenirsHUBERT ZAKINE
LE PARADIS PERDU
Un soleil généreux qui inonde la terre.
Un ciel majestueux qui tamise la misère.
Une chaleur qui pénètre les entrées et les cours ,
Les terrasses, les balcons, les issues de secours.
Des saisons qui empruntent l’école buissonnière
Pour garder à l’été sa plus belle lumière.
Les parfums d’Arabie embaument les jardins
Entre danses espagnoles et chants napolitains.
Le vent venu de France et de Jérusalem
Complètent le tableau d’un pays de bohême.
La Méditerranée qui détourne le regard,
Surgissant de partout, surgissant de nulle part.
Au détour d’une rue, d’une place, d’un jardin
Il nous semble toujours la toucher de la main.
Une Méditerranée à l’accent pataouète.
Des cabanons sur l’eau à l’odeur d’anisette.
Des plages de sable fin autour d’une cabassette.
Des familles réunies à la bonne franquette.
Et l’été de chez nous qui chante l’amitié,
Pour un jour, pour une heure ou pour l’éternité.
Et le rire de partout qui dévale en cascade,
Qui ricoche sur les murs et poursuit sa balade
Que reprennent tous en chœur les amis de passage
Pour l’escorter au large de tous ses paysages.
L’avenue conquérante qui attire la jeunesse
Répercute le bruit, la fureur, l’allégresse.
On se tape sur l’épaule pour se dire bonjour.
L’amitié à la vie, à la mort, à l’amour.
De l’école au cimetière en passant par l’enfance
Sur ce morceau de terre qui ressemble à la France
Des quartiers animés dès le petit matin,
Des enfants qui descendent jouer dans le jardin.
Un drapeau tricolore pour unique voyage,
Pour unique décor, pour unique message.
Et la rue qui se veut école de la vie.
Où l’on apprend comment se faire des amis,
A jouer aux noyaux, à souffrir en silence,
A rendre plus joli le rêve de l’enfance.
A remplir sa jeunesse de futurs souvenirs
Quand l’espace et le temps n’auront plus d’avenir.
Le théâtre de la vie sur la scène des balcons
Ensoleille le ciel bleu, enflamme l’horizon.
Discussions animées ou échanges de menus.
Une maman qui surveille son enfant dans la rue.
Voisinage familial qui tutoie l’amitié
Et les portes qui restent ouvertes sur le palier.
Tout concourt au bonheur malgré la pauvreté
Car la richesse du cœur est la seule monnaie.
L’étalon de l’argent semble dévalué
Sur ce morceau de France, de Méditerranée.
Le tape cinq connivence de la complicité
Et le bain de jouvence qui regorge des cafés.
On se tape la khémia pour assoiffer Musette.
On étanche sa soif à grand coup d’anisette.
La tablée de belote à la table de Camus
Semble plus animée que celle de Raimu.
Le bras d’honneur vengeur pour une partie perdue
Au comptoir de Sauveur, l’amitié revenue.
Prolongement naturel de l’enfance disparue,
Les cafés ont un goût de paradis perdu.
La musique andalouse ou bien napolitaine
Se promène sur ses rives méditerranéennes.
Se côtoient espagnols, italiens et maltais,
Arabes, juifs, alsaciens, gitans et mahonnais.
A cette race issue un peu de n’importe où,
Le pays a offert ses rivages, ses cailloux.
En retroussant leurs manches sans jamais rechigner,
Ils ont bâti une France sur les rives d’Alger.
Un pays de lumière au soleil disparu,
Un ciel bleu, une terre, un.................. PARADIS PERDUHUBERT ZAKINE
MON AMI D’ALGERIE
Je me souviens de toi, mon ami d’Algérie
Tu partageais mes joies, tu partageais ma vie.
A l’école de la rue, on a grandi ensemble
Sous une même lumière, pour que l’on se ressemble.
Au square de l’amitié, nous étions des enfants
A qui l’éternité parlait de nos parents.
La leçon qui prônait les bons vieux sentiments
Est entrée dans nos coeurs ouverts aux quatre vents.
Je me souviens de toi, mon ami d’Algérie
De nos mancaouras et de nos jeux de billes
De nos matches de football jusqu’à la nuit tombée
Pour une suprématie entre équipes de quartiers.
Nous « tapions » l’avenue, la sieste ou la pancha
Sur un verre d’anisette, nous tapions la khémia.
D’origine différente ou de même religion,
Nous étions, tous, enfants d’une même maison.
Je me souviens de toi, mon ami d’Algérie.
De cette exubérance, de ce grain de folie
Qui grimait en dispute la moindre discussion
Et donnait le fou-rire à chaque réunion.
Des anciennes traditions, nous étions les fidèles.
Le respect des anciens nous était naturel.
Pour l’amour d’une mère, nous aurions tout donner
En dignes fils de la Méditerranée.
Je me souviens de toi, mon ami d’Algérie.
Du partage des joies que dispensait la vie
De cette douce affection qui habitait les coeurs
Et faisait de l’enfance, le pays du bonheur.
Elle a muri en nous au soleil de l’été
Enrichie par le miel de la complicité
Elle a pris rendez-vous avec l’éternité
Quand, là-haut dans le ciel, pleurera le passé.
Je me souviens de toi, mon ami d’Algérie.
De ton patriotisme à la France éblouie
Lorsque tu déployais l’oriflamme de son nom
Pour une fête nationale le long de ton balcon.
Je me souviens de toi, mon ami d’Algérie
De cet accent issu des jardins d’Arabie
Que tu entretenais sans même le savoir
Jusqu’au jour où quelqu’un te traita de pied noir.
Depuis l’heure fatidique où tu pris le bâteau,
Tu le portes fièrement comme on porte un drapeau.
Quelque soit le pays où tu vis aujourd’hui,
Tu seras, à jamais, mon ami d’Algérie.HUBERT ZAKINE
LA LANGUE DE CHEZ NOUS ÔTRES
C’est une langue belle pour qui voudrait l’apprendre.
Elle enrobe ses mots d’arabe et d’italien
D’espagnol, de maltais, de juif et d’alsacien
Elle est un beau bouquet pour qui sait la comprendre.
C’est une langue éprise de lumière
Qui parfume son rire d’olive et de jasmin
Elle a puisé sa source à la carrière Jaubert
Et a donné son coeur au jardin Guillemin.
C’est une langue-bonheur où règne l’amitié
Depuis la maternelle à l’université
Elle résonne de tape-cinq et de fraternité
Et tape des bras d’honneur à la fatalité.
C’est une langue heureuse malgré la pauvreté
Car la richesse du coeur est la seule monnaie
Elle hérita de Dieu l’amour de son pays
Et donna ses enfants pour sauver la patrie.
Elle est venue d’ailleurs, de Méditerranée
Elle a pris le meilleur des pays oubliés
Elle s’est fait un prénom à l’ombre de la France
Et a chanté en choeur un refrain d’espérance.
C’est une langue chaude quand souffle le sirocco
Elle est fille de Dieu, dans euse de flamenco
Volcan en éruption, pas toujours puritaine
Elle est tout feu, tout flamme comme une napolitaine.
Elle a conquis la France, la planète toute entière.
La famille Hernandez à l’autre bout de la terre.
Elle a porté sa voix aux confins du désert
Emportant son accent comme une poignée de terre.
C’est une langue différente de sa soeur provençale
Mais elle est patriote bien au delà des mots
Aujourd’hui orpheline de sa terre natale
Elle cultive son accent sans trêve ni repos.
C’est une langue unique, à nulle autre pareille
Elle chante l’amitié, une main sur le coeur
Dans le froid de l’exil, elle reste notre soleil
En rattachant un peuple à la langue du bonheur.
HUBERT ZAKINE
encore bababa
RépondreSupprimerEn cette veille de fetes,quel plaisir de se replonger dans tous ces souvenirs transmis avec succès."Ma Grand-mère juive d Algerie"aurait été si fiere de consulter ce blog...Je te souhaite de l enrichir de jour en jour.Merci pour ces traces.Et cette annee tu seras le premier a qui j adresse un chaleureux CHANA TOVA.Nana.
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