
UNE ROSE D’ALGERIE
de
CHARLES BACCOUCHE
HEUREUX QUI COMME……
L’Algérie de notre enfance était un pays de roses de fleurs, de parfums et de lumière.
La
Rose embaumant l’air de notre enfance jamais ne s’est flétrie, mais
jamais non plus, nous n’avons retrouvé la clarté de nos amours de 15
ans, jamais non plus, nous ne les avons oubliés,
Ils nous accompagnent à tous les âges de notre vie, nous les avons
cherchés dans nos rencontres et parfois nous en avons aperçu la lueur.
Ce sont des mémoires de joie sans nostalgie et sans regrets que nos amours d’enfance.
Ils
accompagnent les rêves qui deviennent prémonitoires nous annonçant de
belles journées de réussites de nos entreprises, ils sont aussi la
source des espoirs souvent déçus de grandes personnes
que nous sommes devenus,
Nous
d’Algérie, dont notre présence précède celle de tous les autres, nous
les contemporains des Numides, des Carthaginois, des berbères, des
Vandales, des Romains des Arabes, des Turcs, ne
savions pas que nous étions en exil, nous étions seulement
heureux, sous le grand soleil d’Afrique et de son ciel sans limites,
noyé dans ses bleus intenses et ses nuits enchâssées d’étoiles sans
nombre.
C’est
l’expulsion soudaine désordonnée, impitoyable de nos communautés
poussées hors de leurs maisons, hors de leurs rues, de leur villes, de
leurs villages, de leurs campagnes, de leurs vies
en fait, par les haines du monde et de la guerre des hommes, cet
outrage qui nous inculqua sur le sol de France (notre patrie) que nous
étions en exil depuis deux mille ans, que l’Algérie ne fut qu’une étape et pas le havre paisible de notre
destinée.
Bref, nous rejoignions le peuple banni de sa terre, dispersé aux quatre vents, qui adopte les lois et les coutumes des pays d’accueil sans jamais
renoncer aux siennes, sans se mélanger complètement, avec la
prétention insensée il faut en convenir, d’être un vieux peuple
détenteur d’un livre transcendant proposant au Monde de vivre dans la
Justice entre les Nations et d’instaurer la paix entre
les hommes.
Malgré
les avertissements, les admonestations, les appels à la raison de faire
comme les autres, les invitations de croire aux dieux de passage, de
respirer l’air du temps, d’être grec au
temps des grecs, d’être romains au temps des romains, d’être chrétiens
au temps des de la Croix et musulmans au temps du Croissant, ils ne
renoncèrent jamais ces fous de la mémoire à proclamer l’Unité divine et
la grandeur de la Loi.
Un
peuple prophétique ne peut être admis parmi les Hommes. Malgré les
condamnations les sanctions les expulsions, les conversions forcées, les
massacres, ils persévérèrent seuls et méprisés,
dans la foi et de leurs pères et leur fidélité au message du Sinaï.
Les communautés d’Algérie avaient rejoint leur peuple
Mais la rose, la fleur reine de l’Algérie jamais ne s’est fanée. Elle accompagne nos chemins depuis les monuments d’Alger la blanche jusqu’aux statues de Paris, de Marseille
et d’ailleurs.
Elle
se déploie dans les replis des nuits et les volutes des matins ombreux,
elle chante en nos cœurs les chants de l’espérance, et nous dit que le malheur ne gagne pas toujours et
que la vie a un sens.
Elle
nous murmure la légèreté de l’air des hautes plaines, et les senteurs
de la forêt des Aurès au pays des Chaouias, la clarté des Atlas tellien
et saharien, l’austère Kabylie, celle de
Tizi Ouzou et celle Bougie, la générosité et des plaines de la Mitidja,
les mystères à l’entrée du désert, du pays des Mozabites, avant le
profond Sahara des chotts et des hommes bleus.
Elle
se fait Souvenance des toits brillants de ce pays de lumière dans l’air
éthéré, du soleil de onze heures pimpant et pointu, des chaleurs
vibrantes les jours de sirocco et la froideur
des hivers des hauts plateaux, des soirs embrasés et des nuits
rafraichies.
Les enfants de tout temps et ceux d’Algérie aussi, connaissent le secret des roses éternelles,
des jardins de fleurs répandues au détour
des sentiers secrets, ils gardent pour eux les buissons protégeant
insectes et jeunes pousses, ils passent sans émoi devant les ruines de
la Rome impériale qui partout en Algérie, jonchent ses espaces.
Elle
était belle dans sa robe blanche, souriante et lointaine, la jeune
fille, à l’enfant qui n’en revenait pas de la sidérante proximité.
Jamais il n’aurait pensé que son cœur ne cesserait
plus de battre à sa vue ou à sa pensée, qu’elle peuplerait pour
toujours ses rêves pour le consoler ou lui annoncer de belle choses.
La
jeune fille, elle, rêvait au prince charmant comme toutes les jeunes
filles, s’habillaient de blancs et de rires complices lançant
adroitement leurs regards vers les garçons de leur âge.
Si pour les unes et les autres, leurs rêves ne se rencontraient pas ils se côtoyaient et cela suffisait à les rendre heureux.
Cet émoi est demeuré intact, ni le temps qui passe, ni les exils, ne l’ont flétri.
La rose d’Algérie avait une sœur qui poussait dans les immensités sahariennes, la rose des sables. Il n’est pas opportun de rapprocher ces deux roses, car la Rose rouge qui
s’ouvre chaque jour dans les cœurs de ceux de là-bas, leur confie qu’ils savent les rues de Constantine, la cité des vertiges, les odeurs d’Oran la maritime, Bône la
fière, au cimetière si séduisant, les plages brûlantes devant la mer
mouvante, les grottes merveilleuses d’une côte plus belle encore que la
côte d’azur de la corniche des Maures et de l’Esterel, ou que la riviera de la belle Italie.
Amnésiques des misères anciennes, ils se souviennent des émanations des roses d’antan, portant chacun, la sienne au creux de son âme, ils en ont apporté de l’Algérie heureuse,
la gaité et la joie sur la terre de France.

Ils ont construit et reconstruit leurs familles, leurs maisons, leurs
cités ; leurs enfants et leurs héritages au sein des villes de France, mêlés et séparés, solidaires du sort commun et unis dans leur identité inébranlable.
Ils
ont su concilier les identités diverses et parfois antinomiques qui les
ont assaillis, et ont réalisé le rêve de la Rose de nos enfances, c’est
ainsi qu’ils poursuivent leur histoire provisoirement
apaisée dans l’espérance renouvelée d’un Monde de paix et de concorde.
14 juin 2017
Charles BACCOUCHE
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