mardi 15 novembre 2011

LE DESTIN FABULEUX DE LEON JUDA BEN DURAN " SIEUR DURAND D'ALGER" de Hubert Zakine


Une adolescence baignée par le sang des innocents. Ancien laveur de cadavres, fanatique et cruel, le nouveau Dey se nomme Ali R'SELL. Il ne parvient pas à canaliser la révolte qui gronde au sein de l'"Odjac". Mieux, pour se faire bien voir de son armée, il propose de piller toutes les maisons juives afin précise t-il "d'éviter le gaspillage!". Sa faiblesse le condamne. Un janissaire l'étrangle l'année suivante.

David DURAN vénérait, comme tous les juifs du Moghreb, le nom de "RASHBAZ". Descendant en ligne directe de cet illustre "Rabbanim" dont les "taqqanot" faisaient autorité dans tout le pays, il se recueillait chaque jour de "Rosh Hoddesh" sur sa "koubah" située aux abords de la porte de BAB EL OUED, dans l'ancien cimetière israélite.

Léon Juda était à présent un adulte et le temps était venu de lui raconter son ancêtre. Après avoir récité le "Quaddish" devant le mausolée de marbre rose posé sur un plateau regardant la mer, David raconta l'épopée de son aïeul qui reposait là, auprès de son maitre, Isaac Barfat BEN CHECHET, "RIBACH".

Originaire de MAJORQUE, Simon Ben Sémah DURAN, "RASHBAZ" quitta précipitamment BARCELONE où il exerçait la médecine, accompagné de son père Sémah, en 1391 lors de l'inquisition médiévale de CASTILLE, D'ARAGON et des ILES BALEARES.

Astronome, mathématicen, versé dans les sciences ardues, il devint le premier Rabbin rémunéré du pays. Assisté de "RIBACH", il réunifia le judaisme d'Afique du Nord et son aura éblouit le monde musulman qui l'honora comme l'un des siens. Les deux saints, associés au frère de "RASHBAZ", Salomon DURAN dit "RASHBASH", exerceront une influence considérable dans tous les domaines de la vie juive et leur enseignement guidera les communautés de toutes les villes du pays.

Plus tard, en 1880, lorsque les français détruiront le cimetière israélite de BAB EL OUED pour le transférer à BOLOGHINE, futur SAINT-EUGENE, le mausolée des deux saints résistera à toutes les tentatives de démolition, pioches et pelles  se brisant lors de chaque assaut.  Juifs et musulmans y virent une intervention divine et vénérèrent d'autant la "koubah"de "RIBACH" et de "RASHBAZ". Epuisés et subjugués, les ouvriers obinrent des autorités la permission de déposer, dans son intégrité, le tombeau récalcitrant.

--" Tu es le descendant de cet homme là! Ne l'oublies jamais!"                           

YYY

Pour étrenner son entrée dans le monde des adultes sépharades de ce pays, Léon Juda accompagna son père à MASCARA chez son oncle Salomon DURAN, éleveur de chevaux, de mulets et de bestiaux.

Mille et une recommandations avaient précédé le départ et, si Aïcha BIBAS essuya, furtivement, quelques larmes, la petite mémée pleura à en perdre haleine, priant l'Eternel de suivre les pas de son "mazozé" qu'elle chérissait tant et qu'elle voyait partir au loin, pour une durée indéterminée.

" Mon DIEU! Fais moi la grâce de me conserver en vie jusqu'à son retour! Je t'en prie, Mon DIEU! Que mes yeux revoient mon petit! Je suis l'une de tes fidèles créatures. Exauçe le voeu d'une pauvre grand mère!"

David DURAN  tenait, ainsi, la promesse qu'il s'était assignée le jour de la naissance de son fils. Faire de Léon Juda un érudit dans le domaine de la finance, du commerce, de la théologie et des langues. Le temps de la découverte des bêtes et des hommes passait par un séjour obligatoire à la ferme de l'oncle Salomon, et ce temps là était venu.

" Mon fils! Nulle part ailleurs, tu ne seras entre les mains d'un professeur plus compétant qu'ici! Ton oncle Salomon est le meilleur éleveur de chevaux du pays; il t'enseignera tout ce savoir. A toi d'en faire bon usage et de ne pas dilapider cet héritage en chemin. Suis la route que ta famille a traçée depuis des siècles et tu honoreras ton père et tes ancêtres, mon fils!"

David DURAN embrassa son enfant et son frère avant de poursuivre son voyage vers ORAN, confiant à Salomon l'éducation de Léon Juda pour lui apprendre, au fil des jours, à différencier le grain de l'ivraie, à dompter un pur-sang, à accoucher une jument, à choisir les semences, à soigner le bétail, à reconnaitre les bons paturages et repérer les sentiers les plus sûrs pour les chevaux et les hommes.

Loin de ses parents, de sa maison et de ses amis, Léon Juda devint un garçon à l'humeur vagabonde, se réfugiant, volontiers, dans le jardin de la connaissance et dans celui, plus secret, de la rêverie et de la poêsie. Son oncle SALOMON s'évertua à lui transmettre son savoir mais en vieux loup solitaire, il parlait peu, habitué à son célibat et à ses soirées muettes, consacrées à la lecture, à la contemplation et à la méditation.

Ainsi, lorsque son travail, dur apprentissage de la vie de fermier, lui permettait de souffler quelque peu, il adorait se promener, nez au vent et pensées dans les nuages, enfourchant un pur-sang arabe, découvrant au triple galop la plaine de l'EGHRISS dont le cours d'eau de l'OUED HAMMAM annonçait la percée vers la capitale du Beylick du Couchant, MASCARA.

YYY
A SUIVRE.................

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