mardi 15 novembre 2011

Christophe Caldwell “Une révolution sous nos yeux – comment l’islam va transformer la France et l’Europe”

La traduction française de ce livre paraît enfin, préfacée par Michèle Tribalat.
« La situation épineuse de l’Europe tient à son déclin démographique, à son vieillissement et à l’implantation régulière d’une religion et d’une culture » (page 434) : l’Islam.
Si l’analyse de Christopher Caldwell présente l’avantage de resituer les problèmes de la France dans un cadre européen, son pronostic pour notre pays est pour le moins surprenant :
« La France aura des problèmes sociaux spectaculaires, mais ses traditions républicaines lui donnent la meilleure chance de pleinement assimiler les enfants et les petits-enfants d’immigrés. C’est le seul pays où un équivalent européen du rêve américain est probable ».(Page 400)
Comment peut-on à la fois déclarer qu’à coup sûr « l’Europe sortira changée de sa confrontation avec l’islam » (page 461) et se montrer si optimiste à l’égard de la France ?
C’est là un paradoxe non négligeable de ce livre !
Selon Christopher Caldwell, si l’Europe doit affronter tant de difficultés avec ses immigrés, cela est dû à la conjonction de plusieurs facteurs :
Nous subissons aujourd’hui cruellement les effets de la politique à court terme.de responsables politiques qui aux lendemains de la guerre, ont exagéré les besoins de main d’œuvre industrielle et de travailleurs immigrés.
« On a l’impression que la partie la plus sérieuse du débat a été éludée – la partie non économique. Les effets sociaux, spirituels, politiques de l’immigration sont considérables et durables alors que ses effets économiques sont faibles et transitoires » (page 70)
À cela s’ajoutent le déclin démographique, le vieillissement de la population et enfin le vide spirituel de l’Europe, le fait qu’elle n’ait pas réussi à défendre une véritable identité.
« Une Europe unie n’aurait rien à craindre de l’islam, mais l’Europe n’est pas unie » (Page 456)
Revenons à la France. Christopher Caldwell recense ses récents traumatismes : émeutes, attentats et se demande comment elle réagit.
« La fermeté reste la partie la plus mémorable de l’agenda de Sarkozy » (Page 425)
Cela dit, il ajoute: « Sarkozy n’était pas enclin à revenir sur le statu quo de l’immigration. Il ne croyait pas que la France serait un pays meilleur sans la présence des musulmans » (page 427)
C’est précisément ce que les Français peuvent lui reprocher !
1) En tant que ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a créé en 2003 le Conseil français du culte musulman afin de donner corps à un interlocuteur officiel censé représenter un islam modéré et républicain pour tout ce qui touche au culte. Or le CFCM a dépassé sa fonction religieuse pour assumer une fonction de plus en plus politique ; ses représentants ont joué les médiateurs dans les cités durant les émeutes des banlieues.
Plus grave : au sein du CFCM un rôle prééminent a été accordé à l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) fortement influencée par les frères musulmans. Bilan du CFCM : les constructions de mosquées ont bien avancé !
Christopher Caldwell précise que Nicolas Sarkozy a toujours voulu ménager l’Islam : concernant l’affaire du foulard à l’école, le ministre de l’Intérieur abrégea ses vacances pour rendre visite au recteur de la mosquée d’El-Azhar dans l’intention de lui demander sa caution en la matière !
Déjà en 2004, il faisait des attaques du 11 septembre « l’acte d’une secte, d’une mafia terroriste, d’un clan de mégalomanes qui s’est servi de la religion comme d’un prétexte ». Interprétation comparable à celle relative aux agressions à l’arme blanche dans le RER, toujours imputées par le politiquement correct à « l’action d’un déséquilibré »
En 2006, dans l’affaire des bagagistes de Roissy, il s ‘efforça de nier que l’islam eût le moindre rapport avec les soupçons pesant sur ces employés pourtant liés à des organisations radicales musulmanes.
(Page 374).
Où est la fermeté ?
2) Une fois Président, manifestement séduit par la réforme de Sciences Po qui depuis 2001 dispense des étudiants de ZEP (zones d ‘éducation prioritaire) de l’examen d’entrée, Nicolas Sarkozy n’a rien trouvé de mieux que d’instituer l’immigration choisie, comme s’il était possible de renoncer aussi facilement à l’immigration subie en raison du regroupement familial et de l’asile politique accordé aux « réfugiés ».
L’immigration choisie, c’est l’arbre qui cache la forêt. C’est une offense au mérite. Du coup, la France cumule deux types d’immigration et privilégie des immigrés qui prennent de bons jobs aux Français chez l’Oréal, comme chez Areva.
Est-ce conformément à l’immigration choisie que le nouveau Président de la République nomma à des postes de ministres, Rachida Dati et Fadela Amara ?
Réclamer la diversité à cor et à cri c’est encore l’influence américaine !
[Image]Malgré le bon diagnostic concernant l’Europe, nous sommes surpris par cet étrange pronostic : les traditions républicaines de la France lui donneraient la meilleure chance de « pleinement assimiler les enfants et les petits-enfants d’immigrés … » !
Constat paradoxal puisque l’auteur constate que notre pays évolue vers une société multiethnique et multiculturelle. Encore une fois il semble se fier aveuglément aux propos de l’ancien ministre de l’Intérieur (2004) : « La République et la démocratie sont bien plus fortes qu’on ne l’imagine »
Soyons sérieux : Si l’Europe, dont la France, reçoit plus d’immigrants que n’en veulent ses électeurs, c’est bien le signe d’un dysfonctionnement de la démocratie !
Or les voix des musulmans pèseront de plus en plus dans les urnes.
La démographie galopante des masses ignorantes est la mort de la démocratie. On voit ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie…
Pour que la démocratie française puisse réellement fonctionner, il faudrait d’abord rétablir un enseignement de qualité alors que dans le classement international, nous sommes au 22e rang pour la lecture !
Comment les traditions républicaines de la France pourraient-elles perdurer après avoir été tellement bafouées ?
Christopher Caldwell se serait-il laissé aveugler par l’américanisme de Nicolas Sarkozy ?
C’est le maillon faible de ce livre.
Christopher Caldwell est journaliste, diplômé de Harvard, spécialiste des affaires politiques européennes. Il est éditorialiste au Financial Times et rédacteur au et rédacteur au New York Times Magazine.
Isabelle Laraque

 

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