S’acheminent lentement, au loin, les grandes processions d’enfants et de belles personnes bien habillées, le dimanche, pour se rendre à l’église Saint Augustin. En haut d’une rue, j’en revois le clocher qui surplombe la cathédrale. Son curé fut mon parrain : à l'époque, mon père fréquentait assidûment les églises en raison de sa foi profonde en Dieu ! Et, détail qui me fait sourire encore maintenant, il choisit parmi les convives, treize prêtres pour le grand repas de baptême de mon dernier petit frère.
Pourriez-vous concevoir ma souffrance de la séparation d'avec ma petite enfance, perte irréparable d’odeurs, de couleurs, de senteurs, d’évocations, de petites compagnes de classe, et cette ville, ma ville, mon pur terreau natal disparue à mes yeux, perdue à jamais ?
Pourriez-vous ouvrir un peu votre cœur pour recevoir en intime confidence, une invitation à méditer ce vocable d'une intensité infinie : Alger la Blanche.
Je viens jeter sur toutes leurs laideurs, des pétales de splendeur cueillis aux champs de ma mémoire d’enfant, qui reste vivante par-delà les drames. Ne me suffit-il pas de clore très fort mes paupières, de fermer mes sens aux banalités quotidiennes pour surprendre la poésie des flots léchant amoureusement les contreforts de ma ville de naissance, l’harmonie des paysages engendrée par la beauté du temps, si chaud, si rayonnant : luminosité de nacre, ailes de papillons diaphanes, sculptures invisibles de l’air limpide, crissements légers des grands bateaux accostés à quai, qui ont du mal à se détacher de leur enclume d’ébène et d’airain souverain !
Oh Légèreté des zéphyrs, des pluies fines infiniment cadencées sur les trottoirs malicieux, souffles des chants de mers rythmant les déchargements laborieux et musclés des cargaisons lointaines…mouvements alternatifs des hommes affairés, flâneries sans errance véritable vers des lieux de connaissance, kiosques impériaux aux lanternes éblouies, glissements paresseux des pas sous la chaleur étouffante des siroccos, panoramas féeriques faits pour des scénarios inédits, contre-ut et rires stridents des mouettes en hommage à l’incomparable magnificence d’Alger… goût de la fête, des distractions, des amusements divers et variés, merveilleuse scène de théâtre où se jouent tous les rôles de la vie !
Je veux être ton meilleur metteur en scène sous les projecteurs précis : voir encore une fois tes berges moussues, tes habits de lumière, ta hauteur si racée, ton goût parfait de la blancheur immaculée. Reine des reines, on ne peut t’inventer, tu traces des chemins aux creux de mon exil. Vois, je reviens vers toi, par tous ceux que je connais. Au-delà des impossibilités du tangible et de l'actuel, vers toi, ma reine, n'ont jamais cessé de voler mes pensées! Me voici régénérée à ton évocation, à ton image sublime, je refais avec toi le plus doux des voyages de l’amour !
Pèlerinage noté dans mon carnet de bord, je pars pour tes contrées, toujours sur les ailes des anges, plus souvent que l’on ne croit, même si la Provence a cru que je lui appartenais pour toujours, et que les pages du livre du souvenir s’étaient à jamais refermées. Je suis de tous tes voyages du cœur à jamais !
A SUIVRE....................
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