N°7
Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau Dey plongea son nez dans les dossiers importants de la Régence. Il conforta son autorité en imposant ses hommes à la tête de l'armée et de la milice, chassa quelques dignitaires parasites proches de son prédécesseur et examina la liste des possibles prétendants au titre de Chef de la Nation Juive.
Une dette restée impayée par la République française auprès du consortium BACRI-BUSNACH et concédée par les deux israélites à MUSTAPHA PACHA en règlement de créances dues à la Régence joua un rôle très important dans la nomination de David DURAN
Le Pacha d'EL DJEZAIR convoqua le nouveau "moqqadem " et Joseph COHEN-BACRI pour leur signifier sa ferme intention de récupérer cette somme d'argent, emprunt dont "le vieux" prétendait qu'il représentait un prêt personnel, hors du cadre des affaires traitées avec la Régence turque.
Devant l'opiniâtre refus du maître de la maison BACRI de concéder le moindre remboursement de cette créance, AHMED BEN ALI fut à deux doigts de commettre l'irréparable en prononçant une sentence de mort à l'adresse de celui que la communauté appelait, avec une crainte teintée d'affection, "le vieux"
Heureusement, David DURAN, toutes passions éteintes, intercéda en faveur de son coreligionnaire afin de surseoir à la sanction suprême.
--"Trop de sang juif a coulé ces derniers jours, Monseigneur ! Donnez--moi le temps de le convaincre. Je lui ferai entendre la voix de la raison et, s'il le faut, la parole de l'Eternel !"
--" Pourquoi te préoccuper de la maison BACRI ? Vous êtes les pires ennemis.....
-- "Non ! Monseigneur ! Il s'agit, entre nous d'une guerre commerciale pas de bataille rangée. Même dans les moments les plus difficiles, nous n'avons jamais oublié que nous sommes, tous, enfants de MOÏSE. Alors, Monseigneur, si vous désirez avoir à vos cotés un véritable Chef de la Nation Israélite, donnez -m'en le pouvoir !"
En interpellant de la sorte le Maître d'EL DJEZAIR qui avait imposé sa loi par le fer et le feu, David DURAN fut saisi d'effroi. Comment avait-il eu le courage de sa véhémence et de son courroux ? ? Lui, homme pondéré comme le sont tous les érudits, comment s'était-il mû, l'espace d'un instant, en un tribun aux belles envolées lyriques et à l'autorité affirmée ?Dans le silence pesant qui s'installa, il se persuada que les paroles du coeur valaient toutes les guerres et que les mots ne tuaient que les idées
.
Tel un inquisiteur impitoyable, AHMED BEN ALI, dévisagea, du haut de sa grandeur, David DURAN. Sans dire un mot, il fit rédiger un ordre d'emprisonnement de Jacob et Joseph COHEN BACRI, charge pour le Chef de la Nation Israélite d'en assurer la garde dans sa "djénan" et de persuader la maison BACRI de la nécessité impérieuse d'acquitter la dette de deux millions de francs au Trésor de la Régence.
Cette marque de défiance de la part du nouveau Dey d'EL DJEZAIR contraria "le vieux" qui n'accepta que très modérément "l'hospitalité" des DURAN, considérant sa condition d'otage très humiliante.
Aussi en conserva t-il une rancune tenace envers son geôlier de circonstance qui venait de le supplanter au poste envié d'interlocuteur privilégié du pouvoir.
Par opposition, cette nomination, imposée aux trois éminentes personnalités israélites élues par le conseil représentatif de la communauté, donna des ailes au nouveau "moqqadem" qui s'appuya sur la confiance offerte par le Dey pour proposer un chapelet de réformes au Comité Rabbinique et à l'assemblée des notables.
L'influence de la religion dans la vie de tous les jours ankylosait toute initiative émergeant des sentiers battus et conditionnait le comportement des enfants d'ISRAEL.
Les décisions se devaient d'être approuvées et cosignées par les deux tiers de l'assemblée constituante regroupant les notables de la ville, riches marchands et grands voyageurs devant l'Eternel, avec pour fâcheuse conséquence d'être souvent absents lors des délibérations.
Aussi, les semblants de réformes proposées par les tenants du changement se heurtaient à l'attente prolongée du retour des "enfants prodigues" et jaunissaient à l'ombre d'un tiroir poussiéreux avant d'être sacrifiés sur l'autel de l'oubli.
David DURAN n'avait que faire de cette inertie. Par son action, il entendait apporter au quartier de la hara, des aides financières permettant d'y chasser l'insalubrité, première cause de mortalité épidémiologique. Promesse d'un avenir conforme à la condition de "dhimmi" oubliée par les "Pachas" successifs mais réclamée à corps et à cris par la communauté.Sortir le juif de l'inhumaine persécution de ne pouvoir prétendre à autre chose que la servilité ou la mort, lui offrir une espérance au bout de son horizon de larmes et de sang, lui laisser entrevoir une vie meilleure pour ses enfants, tel était le dessein de David DURAN. Prévenir plutôt que guérir, telle était sa devise. C'était, hélas, sans compter avec la soif de revanche des frères BACRI. De leur prison dorée, à mille lieues de BARBEROUSSE, impitoyable maison d'internement située sur les hauteurs de la "Kasbah" à l'orée du massif de la BOUZAREAH, les "internés" dressèrent un plan de reconquête du pouvoir. Grâce à l'emprise de leur consortium sur le marché international, dont les dividendes rejaillissaient sur une grande partie de l'aristocratie israélite et ottomane, ils déstabilisèrent le "protégé du Dey" par personnes interposées.
Accusé d'user et d'abuser de ses prérogatives pour éliminer ses concurrents sur le marché encombré du commerce intérieur, David DURAN bût le calice jusqu'à la lie en apprenant qu'une demande de révocation signée par tous les membres du Conseil Hébraïque avait été adressée à AHMED BEN ALI.
En homme avisé, le Sultan d'EL DJEZAIR trancha en faveur des contestataires, sacrifiant David DURAN sur l'autel de la raison d'état et le comptoir de la finance.
Le clan BACRI reprît, alors, les rênes de la communauté contre la promesse d'honorer la dette qui courait depuis 1797, au grand dam de tous ceux qui avaient appuyé les initiatives du Chef de la Nation Juive, destitué le 20 JUILLET 1806.
David DURAN, toute amertume rentrée, trouva le réconfort auprès des siens. De résidence surveillée, sa "djenan" respira, à nouveau, le bon air de la liberté. Empreint d'odeurs familières, entre essences naturelles et parfums d'épices orientales, le patio, ouvert aux quatre vents venus de la mer, de la montagne, du désert et de la plaine, redevint havre de paix et les nombreuses galeries s'aérant sur de beaux jardins ombragés, se muèrent en terrains de jeux pour David et son fils, Léon Juda qui entrait dans sa onzième année.Période heureuse et contemplative durant laquelle le descendant de "RASHBAZ" eût tout loisir de méditer cette profession de foi énoncée par son ami Mardochée SERROR:
"L'Eternel t'a permis de poser les problèmes de la communauté, il permettra à d'autres de les résoudre!" A SUIVRE....................
Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau Dey plongea son nez dans les dossiers importants de la Régence. Il conforta son autorité en imposant ses hommes à la tête de l'armée et de la milice, chassa quelques dignitaires parasites proches de son prédécesseur et examina la liste des possibles prétendants au titre de Chef de la Nation Juive.
Une dette restée impayée par la République française auprès du consortium BACRI-BUSNACH et concédée par les deux israélites à MUSTAPHA PACHA en règlement de créances dues à la Régence joua un rôle très important dans la nomination de David DURAN
Le Pacha d'EL DJEZAIR convoqua le nouveau "moqqadem " et Joseph COHEN-BACRI pour leur signifier sa ferme intention de récupérer cette somme d'argent, emprunt dont "le vieux" prétendait qu'il représentait un prêt personnel, hors du cadre des affaires traitées avec la Régence turque.
Devant l'opiniâtre refus du maître de la maison BACRI de concéder le moindre remboursement de cette créance, AHMED BEN ALI fut à deux doigts de commettre l'irréparable en prononçant une sentence de mort à l'adresse de celui que la communauté appelait, avec une crainte teintée d'affection, "le vieux"
Heureusement, David DURAN, toutes passions éteintes, intercéda en faveur de son coreligionnaire afin de surseoir à la sanction suprême.
--"Trop de sang juif a coulé ces derniers jours, Monseigneur ! Donnez--moi le temps de le convaincre. Je lui ferai entendre la voix de la raison et, s'il le faut, la parole de l'Eternel !"
--" Pourquoi te préoccuper de la maison BACRI ? Vous êtes les pires ennemis.....
-- "Non ! Monseigneur ! Il s'agit, entre nous d'une guerre commerciale pas de bataille rangée. Même dans les moments les plus difficiles, nous n'avons jamais oublié que nous sommes, tous, enfants de MOÏSE. Alors, Monseigneur, si vous désirez avoir à vos cotés un véritable Chef de la Nation Israélite, donnez -m'en le pouvoir !"
En interpellant de la sorte le Maître d'EL DJEZAIR qui avait imposé sa loi par le fer et le feu, David DURAN fut saisi d'effroi. Comment avait-il eu le courage de sa véhémence et de son courroux ? ? Lui, homme pondéré comme le sont tous les érudits, comment s'était-il mû, l'espace d'un instant, en un tribun aux belles envolées lyriques et à l'autorité affirmée ?Dans le silence pesant qui s'installa, il se persuada que les paroles du coeur valaient toutes les guerres et que les mots ne tuaient que les idées
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Tel un inquisiteur impitoyable, AHMED BEN ALI, dévisagea, du haut de sa grandeur, David DURAN. Sans dire un mot, il fit rédiger un ordre d'emprisonnement de Jacob et Joseph COHEN BACRI, charge pour le Chef de la Nation Israélite d'en assurer la garde dans sa "djénan" et de persuader la maison BACRI de la nécessité impérieuse d'acquitter la dette de deux millions de francs au Trésor de la Régence.
Cette marque de défiance de la part du nouveau Dey d'EL DJEZAIR contraria "le vieux" qui n'accepta que très modérément "l'hospitalité" des DURAN, considérant sa condition d'otage très humiliante.
Aussi en conserva t-il une rancune tenace envers son geôlier de circonstance qui venait de le supplanter au poste envié d'interlocuteur privilégié du pouvoir.
Par opposition, cette nomination, imposée aux trois éminentes personnalités israélites élues par le conseil représentatif de la communauté, donna des ailes au nouveau "moqqadem" qui s'appuya sur la confiance offerte par le Dey pour proposer un chapelet de réformes au Comité Rabbinique et à l'assemblée des notables.
L'influence de la religion dans la vie de tous les jours ankylosait toute initiative émergeant des sentiers battus et conditionnait le comportement des enfants d'ISRAEL.
Les décisions se devaient d'être approuvées et cosignées par les deux tiers de l'assemblée constituante regroupant les notables de la ville, riches marchands et grands voyageurs devant l'Eternel, avec pour fâcheuse conséquence d'être souvent absents lors des délibérations.
Aussi, les semblants de réformes proposées par les tenants du changement se heurtaient à l'attente prolongée du retour des "enfants prodigues" et jaunissaient à l'ombre d'un tiroir poussiéreux avant d'être sacrifiés sur l'autel de l'oubli.
David DURAN n'avait que faire de cette inertie. Par son action, il entendait apporter au quartier de la hara, des aides financières permettant d'y chasser l'insalubrité, première cause de mortalité épidémiologique. Promesse d'un avenir conforme à la condition de "dhimmi" oubliée par les "Pachas" successifs mais réclamée à corps et à cris par la communauté.Sortir le juif de l'inhumaine persécution de ne pouvoir prétendre à autre chose que la servilité ou la mort, lui offrir une espérance au bout de son horizon de larmes et de sang, lui laisser entrevoir une vie meilleure pour ses enfants, tel était le dessein de David DURAN. Prévenir plutôt que guérir, telle était sa devise. C'était, hélas, sans compter avec la soif de revanche des frères BACRI. De leur prison dorée, à mille lieues de BARBEROUSSE, impitoyable maison d'internement située sur les hauteurs de la "Kasbah" à l'orée du massif de la BOUZAREAH, les "internés" dressèrent un plan de reconquête du pouvoir. Grâce à l'emprise de leur consortium sur le marché international, dont les dividendes rejaillissaient sur une grande partie de l'aristocratie israélite et ottomane, ils déstabilisèrent le "protégé du Dey" par personnes interposées.
Accusé d'user et d'abuser de ses prérogatives pour éliminer ses concurrents sur le marché encombré du commerce intérieur, David DURAN bût le calice jusqu'à la lie en apprenant qu'une demande de révocation signée par tous les membres du Conseil Hébraïque avait été adressée à AHMED BEN ALI.
En homme avisé, le Sultan d'EL DJEZAIR trancha en faveur des contestataires, sacrifiant David DURAN sur l'autel de la raison d'état et le comptoir de la finance.
Le clan BACRI reprît, alors, les rênes de la communauté contre la promesse d'honorer la dette qui courait depuis 1797, au grand dam de tous ceux qui avaient appuyé les initiatives du Chef de la Nation Juive, destitué le 20 JUILLET 1806.
David DURAN, toute amertume rentrée, trouva le réconfort auprès des siens. De résidence surveillée, sa "djenan" respira, à nouveau, le bon air de la liberté. Empreint d'odeurs familières, entre essences naturelles et parfums d'épices orientales, le patio, ouvert aux quatre vents venus de la mer, de la montagne, du désert et de la plaine, redevint havre de paix et les nombreuses galeries s'aérant sur de beaux jardins ombragés, se muèrent en terrains de jeux pour David et son fils, Léon Juda qui entrait dans sa onzième année.Période heureuse et contemplative durant laquelle le descendant de "RASHBAZ" eût tout loisir de méditer cette profession de foi énoncée par son ami Mardochée SERROR:
"L'Eternel t'a permis de poser les problèmes de la communauté, il permettra à d'autres de les résoudre!" A SUIVRE....................
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