samedi 29 octobre 2011

IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED de hubert zakine -46-

UNE COULEUR=UN OUVRAGE
CHAPITRE CINQUIEMEVIE QUOTIDIENNE
LE SPORT
LA BOXE







La boxe recrute aux abords des places publiques et des cafés où les rixes sont monnaie courante. Le vainqueur de ces affrontements « entre hommes » est immédiatement repéré par des organisateurs véreux venus souvent de métropole qui voient dans ce peuple fort en gueule et en poings matière à gagner de l’argent facile. Les jeunes hommes s’engagent volontiers dans des défis lancés à la ronde par une  ancienne gloire du noble art lors de douteuses manifestations sportives. Une manière comme une autre de gagner son titre de boxeur « professionnel ». La misère reste malgré tout le vecteur premier de l’engagement de cette jeunesse dans un sport qui n’a rien d’un aimable divertissement comme l’est le football.

C’est en 1949 que la municipalité d’Alger rendra hommage aux sportifs en inaugurant le stade Marcel CERDAN dont le buste de bronze signé André GRECK accueille les spectateurs de rencontres de football, de moto-ball, de hand-ball, de basket- ball et bien entendu, de boxe. Dans cette dernière discipline y combattent, à tout seigneur, tout honneur, Alphonse HALIMI le puncheur, Chérif HAMIA le styliste, ( ah, ces matches HALIMI-HAMIA au stade Marcel CERDAN ! ) KOUÏDRI, Albert YVEL, et beaucoup  d’autres qui comblent d’aise les amateurs de noble art.
ALBERT YVEL
Albert YVEL, enfant de Bab El Oued, décroche son premier titre européen des poids lourds contre l’Espagnol Paco BUENO sur la scène du Majestic puis conserve sa couronne en 1947 au stade de Saint-Eugène contre l’Italien TONTINI,  au milieu d’une cohue indescriptible. Le boulevard Pitolet et l’avenue Malakoff résonnent encore de cette liesse populaire qui déferla sur la ville ce jour-là. Alphonse HALIMI, apprenti-tailleur à la Consolation, rangera définitivement ses aiguilles d’apiéceur et ses pelotes d’épingles pour entrer dans le professionnalisme qui lui vaudra de décrocher le titre de champion du monde des poids coqs contre l’italien Mario D’AGATA.

La boxe se produit tous les dimanches matin au cinéma « Majestic » devant pas moins de trois mille personnes dans d’homériques galas amateurs et professionnels jusqu’à l’heure de la sacro-sainte anisette que l’on déguste au « Café Riche ».
La boxe de Bab El Oued survivra à l’exode par la carrière exceptionnelle de l’un de ses fils né Place Lelièvre, Louis ACARIES, champion d’Europe des poids moyens. A la fin de sa carrière, il s’associera à son frère Michel dans la promotion de la boxe en France en organisant de prestigieux galas qui conduiront ses « poulains » au titre suprême.
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LE CATCH
André SAADA, enfant d’El Kettani et Charly FALZON, enfant du Ruisseau demeurent dans l’esprit des gens de Bab El Oued fils du faubourg. Après avoir fait leurs premières armes dans la lutte gréco-romaine, ils « émigrèrent » tous deux, au pays du catch, sport, à l’époque, moins confidentiel. C’est au stade Marcel CERDAN qu’ils disputèrent leurs premiers championnats organisés par « papa » FALZON dont la famille, elle aussi, émigra à la Consolation.
Les anciens se souviennent de ces galas dont la vedette était également un enfant du pays, le fantasque champion du monde René BEN CHEMOUL.
André SAADA, surnommé le voltigeur en raison de ses aptitudes physiques, se targue d’un titre honorifique de champion du monde décroché en métropole où sa carrière prit sa véritable dimension. Quant au populaire Charly, il  disputa son plus grand combat contre le belgo-suisse GERBER auquel il donna une correction à une époque où les catcheurs ne lésinaient pas sur les « calbotes » , les « botchas » et autres « schkobes ».
Plus tard, « l’Ange Blanc », « le Bourreau de Béthune » et autres personnages masqués firent des galas à Alger mais le charme était rompu. André SAADA et Charly FALZON avaient raccroché.
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LE CYCLISME




HUBERT FERRER (à gauche) avec les grands BOBET et COPPI
Dans un pays où le beau temps s’installe à demeure dés le mois de mars, les activités de plein air foisonnent. La promenade, le « andar et venir » tiré du fameux paséo espagnol envahit l’avenue de la Bouzaréah, s’enroule autour des Trois Horloges et repart de plus belle vers le jardin Guillemin. Ainsi se déroule les fins d’après midi cadencées par les œillades des garçons et des filles. Mais, comme dit la chanson, trois kilomètres à pied, ça use les souliers. Aussi, la bicyclette entre t-elle dans la danse. Les premiers disciples louent de vieilles bécanes chez GUERCY, LEGRAS ou CANTO afin de se « dérouiller le dérailleur » puis, l’expérience aidant, ils achètent le vélo de leurs rêves. Les plus doués s’inscrivent au Cercle Cycliste de Bab El Oued, le réputé C.C.B.E.O ou à l’Etoile Cycliste de Bab El Oued et entament une carrière qui, espèrent-ils, les mènera jusqu’au Tour de France. Mais pour l’instant, ils se contentent de disputer les courses régionales organisées par les quotidiens d’Algérie afin d’inscrire leurs noms sur les tablettes des recruteurs métropolitains. Quant aux autres, la plus grande partie, plus modestement, ils inventent avant l’heure le cyclo tourisme sur la superbe corniche algéroise.
Les critériums et surtout le Tour d’Algérie situe les sociétaires du C.C.B.E.O. et de l’E.B.E.O. par rapport aux stars du cyclisme mondial et les supporters se pressent aux arrivées qui voient André DARRIGADE régler au sprint tous ses adversaires.
La star du cyclisme de Bab El Oued se nomme Hubert FERRER retenu à plusieurs reprises dans une des formations sélectionnées pour disputer la grande boucle.
Ses compagnons pieds noirs ou musulmans défendent fièrement leur chance, inscrivant au passage leurs noms au palmarès de classements annexes comme le plus combatif, le plus aimable ou le plus malchanceux. Ils se nomment MASSIP, LEGRAS, GUERCY, ZELASCO et l’inimitable ZAAF.
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A l’instar de Louis ACARIES, Alain FABIANI, William AYACHE et Frank ESPOSITO dans leurs disciplines respectives, Richard VIRENQUE fera briller l’Afrique du Nord toute entière dans la dernière décennie du XX éme siècle. Il sera le meilleur coureur français et le chouchou du public qui l’ovationnera tout au long de sa carrière.
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A SUIVRE...............

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