dimanche 2 octobre 2011

LE DESTIN FABULEUX DE LEON JUDA BEN DURAN " SIEUR DURAND D'ALGER" de Hubert Zakine N° 4

UN LIVRE = UNE COULEUR
N° 4
Les juifs sous le joug ottoman
La peste noire frappa EL DJEZAÏR en ce mois d'avril 1797. Les horreurs colportées par la rumeur publique qu'un vent mauvais déposa hors la citadelle de la ville blanche, calfeutrèrent les résidents des beaux quartiers à l'abri de leurs maisons.
David DURAN, comme tout soutien de famille, pensa, avant tout, à protéger les siens mais sa position de notable lui fit obligation de s'inquiéter du sort de ses frères juifs, particulièrement touchés en raison de la promiscuité et de l'insalubrité de la "hara".
Aussi, convoqua t-il, dans sa "djenan" tous les membres de l'aristocratie israélite de la ville pour une réunion de salut public.
Mardochée OUALID et Jacob SERROR, ses amis de toujours, lui apportèrent un soutien inconditionnel mais il se trouva confronté à la fuite des juifs "livournais" qui, dans un réflexe instinctif, avaient affrété une goélette pour naviguer au large d'une épidémie qui décimait, plus que tout autre, le quartier de la "hara". Plus de trois cents familles quittèrent, ainsi, la terre d'Afrique.                               
La consternation succéda à la fureur mais, loin d'abattre les instigateurs de cette opération de sauvetage, le départ de leurs coreligionnaires d'origine italienne, les obligea à redoubler d'efforts.
L'argent demeurant le nerf de la guerre, les notables israélites nommèrent en toute hâte un trésorier chargé dans un premier temps de payer les médecins juifs qui bravèrent les interdits pour soigner les malades puis, dans un deuxième temps, pour soudoyer la milice ottomane qui entravait la libre circulation aux abords de la "hara" par un cordon sanitaire qui condamnait le quartier à une mort lente et inéluctable.
Des volontaires évacuèrent les cadavres qui se chiffraient par centaines et des soins médicaux dignes de ce nom furent prodigués à cette enclave menacée d'extinction.
Lorsque les noirs nuages s'éloignèrent d'EL DJEZAÏR en quarantaine depuis quatre vingt onze jours et autant de nuits, plus de cinq mille malheureux étaient passés de vie à trépas dont, près de la moitié, issus de la "hara".
Durant toute l'année, autant par conviction religieuse que pour exorciser le fléau, les synagogues, lieux de vie par excellence, répercutèrent à travers la blanche cité, le "quaddish", la prière des morts.
YYY
Le retour sur la terre africaine des notables livournais créa un climat détestable au sein de la communauté d'EL DJEZAIR.
Vilipendés par les juifs espagnols qui stigmatisaient leur attitude néfaste à l'unité communautaire, les "porteurs de turbans" n'en reprirent pas moins leur influence sur les dignitaires ottomans chargés de plaider leur cause auprès d'une régence corrompue par des présents ramenés d'Italie.
Depuis cette affaire, les juifs livournais furent l'objet de mille suspicions et leur image ne cessa de se dégrader auprès de leurs coreligionnaires qui se rapprochèrent, alors, des "porteurs de bérets".
Aussi, afin de redorer un blason palissant, les maisons COHEN BACRI et BUSNACH, entre autres, distribuèrent vivres et vêtements aux déshérités de la "hara". Initiative de fine diplomatie qui incita le Grand Rabbin d'EL DJEZAIR, Isaac MANI, doublement concerné par ses origines livournaises et la mission dévolue à sa charge, à exhorter ses administrés d'emprunter la voie de la réconciliation, officialisée par la nomination de Nephtali BUSNACH comme Chef de la Nation Juive le 3 février 1800 par le Dey MUSTAPHA PACHA et entérinée, le 10, par une délégation des notables israélites.              
Ce traité de paix entre "porteurs de turbans" et "porteurs de bérets" se signa au nom de l'unité communautaire confrontée à l'ostracisme de la Régence. Seuls, trouvant grâce aux yeux du pouvoir, les "porteurs de billets de banque", riches négociants, trésoriers, percepteurs, armateurs, banquiers, éleveurs qui grossissaient, par la dîme imposée, le trésor ottoman.
YYY
A SUIVRE......

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