mardi 22 mars 2011

LA RUE D'ISLY SI BELLE ET SI TRAGIQUE.......

En 1844, la rue de l'Aqueduc, qui devait son nom au passage de l'aqueduc du Hamma sous la voie, devint la rue dIsly.
La rue s'arrêtait à un rond point, la future place Bugeaud. Au delà c'était le quartier du roulage avec ses petites guinguettes populaires, ses échoppes et ses petites industries. Peu d'immeubles étaient construits. Une route en mauvais état conduisait à la porte d'Isly qui se trouvait sur une placette, où fut érigé en 1896, le buste du Dr. Maillot .




 En partant de la rue Dumont d'Urville, on rencontrait le Casino construit en 1910 et où avaient lieu des concerts et des spectacles de variétés,la Brasserie de l'Alhambra, les Galeries de France, magasins de style néomauresque construit en 1914 et  le magasin du Bon Marché, à l'angle  de la place Bugeaud et l'église anglicane qui sera démoli lors de la construction de la Grande Poste.

La rue traversait la place Bugeaud, où se tenait un marché arabe était bordé par le 19ème Corps d'Armée, ancien collège français-arabe, et le Mont de Piété. La rue  du Marché d'Isly, future rue des généraux Morris, où se trouvait la Société des Beaux-arts fut alors ouverte. Au milieu de la place se dressait la statue du Maréchal Bugeaud , monument, haut de trois mètres et placé sur un piédestal de granit, exécuté par Dumont et inauguré en 1852.
C'était l'époque où dans la rue d'Isly existaient encore des caravansérails et les convois venant du sud y logeaient.
Ajoutons enfin que le monument qui, à l'origine, se trouvait au centre même du rond-point fut déplacé en 1927 afin de faciliter la circulation.
L'inauguration eut lieu le 15 août 1852 . Nous ne saurions insister sur l'ordonnance des cérémonies qui se succédèrent à cette occasion, non plus que sur le caractère des réjouissances vraiment exceptionnelles qui en soulignèrent l'éclat.
Henri Klein, (Les Feuillets d'El-Djezaïr)

Mais la rue d'Isly c'était aussi et surtout une des rues principales de la capitale des années d'après guerre:
C'était d'abord des vitrines qui nous faisaient baver d'envies, celles de Gillio et de Fashionable, les deux tailleurs chics qui se faisaient concurrence, à l'ombre de Bakouche, au numéro 1 de la rue d'Isly,  l'arbitre incontesté des élégances, trop cher pour les étudiants que nous étions : on achetait déjà nos premiers " jeans " au surplus de Maison-Carrée et plus souvent au marché arabe de Bab Ed Jijd.
C'était le Monoprix où nous passions nos jeudi désargentés devant le stand des disques où une jolie vendeuse nous passait les Marino Marini, Elvis, Bill Haley, Paul Anka et autres chanteurs à la mode.
C'était Les Galeries de France avec leur curieux intérieur aux boiseries orientales, C'était surtout les cinémas, Le Club, Le Régent, Le Paris, déjà la fin d'une époque marquée par les premiers films de Chabrol, Les Cousins, Le Beau Serge et Brigitte Bardot. Dans les rues, les filles cherchaient à l'imiter, carreaux vichy, jupons gonflants, taille bien serrée, cheveux décolorés remontés en " choucroute ". Peu à peu, à leurs pieds, plus de talons aiguilles mais des ballerines et sur leurs décolletés des volants et des volants de broderie anglaise.

Les filles, elles, étaient inabordables. L'après-midi aux terrasses des cafés, Le Quat'Zart, Le Milk Bar, Le Faisan d'Or, nous dégustions un Coca-Cola, cette nouvelle boisson, dont le nom sur de drôles de bouteilles était écrit, blanc sur rouge, en arabe, Coca-Cola? En quelques mois, ce jus de punaise, comme disaient les parents, allait détrôner sur nos tables le Crush, l'Orangina et le Judor, trois boissons locales à l'orange et même le Sélecto, sorte de limonade à l'arrière goût d'acétone qui avait pourtant fait un tabac auprès des jeunes.
Restaient les boîtes, les cabarets, les night-clubs comme on disait alors réservés aux adultes et aux couples.
d'après des textes de Anne-Marie BELKAID et Jean-Marc LABOULBENE

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