mardi 15 mars 2011

FANTAISIE SUR L'HISTOIRE DE BAB EL OUED -6- de hubert zakine

(Il ne faut surtout pas perdre le fil… car c’est  subtil enfin je crois. En tous les cas, je me suis bien amusé à écrire.....Et c'est pas fini!)
CHAPITRE 6
Les enfants juifs y vont à l’école de Jules Ferry mais à l’école de la rue, y jouent les petits yaouleds avant de passer le relais aux petits arabes. Petits cireurs ou petits porteurs du marché de Bab El Oued. La casbah, terre des ancêtres. Ribach et Rashbaz tranférés au cimetière de Saint Eugène.
Rue Randon, rampe Valée, rue Marengo, par le nom de ses rues, la casbah judéo-arabe elle se militarise. Le jardin marengo pour le repos des guerriers et pour la promenade des enfants. Les bazars Salomon, d’Orléans et du Diwan s’européanisent quand s’européanise le judaïsme. Adieu foulards, adieu mouchoirs. Le gibus y supplante la chéchïa, le pantalon range au placard le saroual et la relila est remisée dans le grenier aux tendres souvenirs. Seule la mezouza demeure aux chambranles des appartements. Carte d’identité discrète contrairement à l’étoile jaune.
La confection et le commerce sont des valeurs juives d’Alger. Des valeurs sonnantes et trébuchantes. Comme l’est le savoir qui donne le pouvoir. C'est plus si tu veux, tu peux mais si tu sais, tu peux ! Les élèves y sont élevés dans le culte de l’école. Elèves de la République. Elèves de France. Mais la rue elle dissipe les studieux. Attends, ta mère, je vais le dire à ton père !
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Le mauvais élève, juif ou pas, y s’élève pas très haut. Il étudie peu mais détourne l’attention du bon élève. Pour le mauvais élève, l’école, pire que la colle Arabique. En Arabie c’est normal ! Pire que la sécotine. A quoi ça sert les études ? A étudier mais aussi à « taper cao ». A jouer les cancres, à obtenir des billets de satisfaction ou de désolation, à copier sur le voisin, à se « dobzer » dans la cour ou le préau, à entendre la mère se lamenter « qu’est ce qu’on va faire de toi ? », à se prendre des coups de règle ou des coups de tête, enfin à connaitre les joies de l’enfance. Mais, attention, l’enfance, c’est pas seulement l’école. Et la rue alors ? La rue c’est le domaine réservé des chitanes en culottes courtes. Une pelote en papier, un cerceau, des noyaux d’abricot, une carriole, une toupie ça fait l’affaire. Pour s’amuser, s’écorcher les genoux et devenir un homme. Une omelette ou une femmelette, une gamate, quoi ! Dans la rue, le pataouète y prend des couleurs au soleil de l’été. Taouète ou pas taouète, that is la question ! Y bronze sans le faire exprès. La honte elle lui monte pas à la figure quand un gros mot y sort de sa bouche. Une véritable bouche d’égout !
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Alger, elle a besoin d’intellectuels mais aussi de manuels. De Manuel mais aussi de Sauveur, de Norbert et de Gaëtan ! Alors, allez au travail bande de fainéants et gagnez des sous.

les "petites mains" de la maison de couture LEON, rue Thuillier
Les jeunes filles aussi elles mettent la main à la pâte. Des petites mains. Des couturières et des vendeuses à la pelle. Mais quand Marie elle se marie, elle cesse de travailler pour gâter le mari. D’abord le mari et après les enfants. Subvenir aux besoins de la famille, c’est le rôle de l’homme et de personne d’autre ! Qui c’est l’homme ? Celui qui a des poils aux pattes. Non mais !
Un sourire pour se faire épouser et mademoiselle devient madame. Mais avec le temps, madame elle devient la fée du logis. Raïben, la pauvre. Quand elle est riche, elle laisse la lessive à la fatmah. Elle aussi, la pauvre !
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A SUIVRE

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