mercredi 15 décembre 2010

ROGER COUARD SE SOUVIENT DU R.U.A.

Maurice FAGLIN m'a demandé de lui parler du R.U.A. que j'ai connu, avant les années 30.
Il m'a surtout invité à me remémorer les péripéties qui permirent à nos footballeurs de remporter notre 1ère coupe de l'Afrique du Nord en 1932. Je ne peux m'empêcher, au passage, d'avoir une pensée émue pour les premiers dirigeants, véritables pionniers du sport universitaire que furent Monsieur Louis MILLOT, Doyen de la Faculté de Droit, qui eut le mérite de prouver qu'on pouvait être un grand universitaire et s'intéresser au sport en général, au football en particulier,
Monsieur CHAMPAULT, sans qui le RUA ne serait pas né, Paul DE ROCCA SERRA habité d'une foi
inébranlable, une foi telle qu'il n'hésitait pas à venir jusque dans les cours des lycées pour apporter la bonne parole, Robert FAUGERE qu'on appelait BOBETTE, à la fois trésorier, accompagnateur, poète et principal rédacteur de notre journal, Paul PERRIAU qui fut Président juste avant l'arrivée du Docteur BADAROUX. Ce dernier, amoureux fou du football, fut, pendant 30 ans, un prestigieux dirigeant, le Président idéal. Il faut ajouter à ces noms ceux de Jean BALAZARD dont le frère Paul avait pris en mains la section d'athlétisme, et ceux de René ROSELLO et Félix POIZAT administrateurs rigoureux du Club Nautique et des finances de notre club. D'autres noms surgiront au fur et à mesure de nos pages.
Revenant à mes souvenirs de footballeur, qui ne sont plus très nets - cette époque remonte à 60 ans ! -
je puis écrire qu'elle fut la plus dure mais aussi la plus exaltante. Figurez-vous un club qui jusqu'alors n'avait
récolté que des défaites et des quolibets (c'était l'époque héroïque où nous nous contentions de "victoires
morales") et qui, subitement, sort de l'ombre et parvient en pleine lumière, remportant la Coupe de l'Afrique du Nord contre d'UNION SPORTIVE MAROCAINE, grosse équipe de l'époque - je ne retiens de cette équipe que quelques noms : GONZALES, CALMELS, ORTIN, JANIN, ZATELLI. Chez nous, COTTENET, joueur entraîneur, plusieurs fois international avait été appelé à discipliner et mettre en confiance la pléiade de jeunes qu'il sut découvrir et lancer dans le grand bain : BEN BOUALI, Raymond COUARD, encore élèves du Lycée, DUMAS PATAA, vétérans de 23 ans, DELESSERT, LUCCHÏNI, GOUIN, RAMAGE, TAZAIRT, MARIE, BRANCA, âgés de 18 à 20 ans, et moi-même.
C'est donc cette génération, qui semblait se complaire à la dernière place, que COTTENET sut en
quelques mois amener à la 1ère en remportant, je crois, une trentaine de victoires consécutivement. Je dois préciser que la 1ère victoire coïncidait avec la venue à Alger de la "Star" de l'époque, Joséphine BAKER, qui avait bien voulu accepter d'être notre marraine et avait donné le coup d'envoi du match RUA - A.S. BOUFARIK - Ce dernier club, habitué à ne faire qu'une bouchée du RUA, la sensation fut grande quand nous parvinmes à le vaincre.
C'était un miracle ! Et avec l'inconscience et l'audace de la jeunesse, nous partions pour une ascension vertigineuse qui nous mena à la finale de la Coupe de l'Afrique du Nord, après des victoires tout aussi retentissantes sur les équipes également prestigieuses du C.D.J. d'Oran, vainqueur en 1931, de l'U.S. TUNIS et de l'A.G.S. MASCARA.
En battant l'U.S. MAROC par 2 à 1 nous nous étions donc hissés au sommet du football nord africain
et nous avions mis cette équipe sur le rail de lancement pour les années à venir, qui la virent collectionner coupes et championnats. Ce fut une époque merveilleuse, mais je ne résiste pas à l'envie de vous dire que, pour en arriver là, nous en avions "bavé".

Et d'abord un peu d'histoire. D'où vient le RUA ? De la fusion entre le RACING CLUB D'ALGER
dont le maillot était rayé horizontalement bleu et blanc, et le CLUB SPORTIF ALGER UNIVERSITE -C.S.A.U. - maillot violet, couleur de l'Université. Cette fusion fut l'oeuvre de Monsieur CHAMPAULT qui
disposait alors de l'ancien stade municipal du Champ de Manoeuvres et de "mordus" comme le Docteur REY et Paul DE ROCCA SERRA.
Voilà donc une nouvelle équipe à l'orée de la saison 1927/1928 issue d'une formation de Division
d'honneur (on dirait aujourd'hui 1ère Division) et d'une formation de dernière division, le C.S.A.U., tout a fait
inconnue.
Le maillot était donc bleu et blanc. Monsieur CHAMP AULT avait perçu tout le bien qu'il pourrait tirer
de cette association en espérant le concours de tous les étudiants de l'Afrique du Nord qui venaient à l'Université d'Alger, la seule pour l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Ce qu'il n'avait pas prévu c'est la bêtise, la jalousie des gens qui s'évertuèrent à dresser contre les "étudiants", "fils à papa", ou autres "gonzesses" une partie des amateurs de  football de la capitale. Si bien que dès le début de la saison 1927/28, l'équipe 1ère en particulier, se vida de tous ses éléments non universitaires (et il y en avait de bons tels MIR, les frères POUX, PELE, MESTRE, MONTOYA, etc...) ce qui laissa le club exsangue. Il restait heureusement PATAA et son copain GARCIA et c'est autour d'eux qu'on composa l'équipe avec un amalgame de jeunes et de vieux, ce qui nous mena directement en division inférieure.
A l'ouverture de la saison 1928/29 nous débutions tout de même avec une équipe renforcée de quelques
licenciés B tels BARNIER, DUMAS, TAILLANT et l'appoint de joueurs oranais, AILLAUD, BURKONTY ou constantinois VOISIN, DUPRAT, BIANCARDINI, etc... Et nous eûmes le grand plaisir de retrouver notre place en Division d'honneur.
Jusqu'en 1931, date de notre envol, ce ne furent que défaites et matches de barrage héroïques qui nous
permirent toutefois de nous maintenir. Il faut dire que nous avions perdu BARNIER, Saint-Cyrien affecté au MAROC, PATAA, militaire en Métropole, TAILLANT, radié à vie pour une algarade avec un membre de la ligue.
Et voilà comment nous sommes parvenus au début de la saison 1931/32 " supportés " par une vingtaine de chauvins tout au plus, qui se transformèrent vite en milliers.
Il me semble que ce fut la plus belle époque du RUA, car après, tout fut plus facile et sa renommée fit
qu'on vit affluer des joueurs formidables et admirables, tant pour leur valeur que pour leur modestie et leur amour du RUA. Je pense à SABATON, DURANDEU, PADOVANI, JASSERON, CUBILIER, OHRANT

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