dimanche 12 décembre 2010

ORAN PAR MIREILLE ATTIAS -6-

LA GUERRE ET LE DEPART

Le 1er novembre 1954, à 1 h 15 du matin , le F.L.N. frappe les trois coups du drame qui commence. La veille, le divisionnaire Lajeunesse est arrivé chez le Préfet d'Alger Vaujour, Directeur de la Sûreté. Il est venu spécialement d'Oran, porteur d'une boîte de conserve au couvercle soudé et percé d'une mèche : la première bombe.

On est préoccupé, mais personne ne veut croire à une insurrection. Pourtant ce soir du 1er novembre 1954, le destin d'un million et demi de Français vient d'être scellé.

François Quillici, député d'Oran, s'informe de l'enseignement que le Gouvernement entend tirer quant à sa politique nord-africaine, des événements tragiques qui ont fait entrer les départements algériens dans le cycle du terrorisme. La réponse sera peut-être la nomination au poste de gouverneur général de l'Algérie de Jacques Soustelle.

Le 3 avril 1955, par 394 voix contre 212, le Parlement français vote la loi sur l'état d'urgence, c'est à dire l'organisation de la nation en temps de guerre et l'augmentation de la compétence des tribunaux militaires.

Le docteur Sid Cara, député d'Oran, se scandalise qu'après tant d'atermoiements, le gouvernement offre l'état d'urgence en fait de réformes.

A Aziz Kessous, socialiste algérien, Albert Camus écrit à la même époque, en 1955 : Le fait français ne peut être éliminé en Algérie et le rêve d'une disparition subite de la France est puéril. Mais inversement, il n'y a pas de raison non plus que 9 millions d'arabes vivent sur leur terre comme des hommes oubliés.

A la fin de 1955, Oran n'est qu'à peine un département en guerre : Aucune modification n'a été apportée à l'organisation et à la répartition des moyens de défense. Lorsque débute l'insurrection algérienne, la municipalité dirigée par Fouques-Duparc, vient d'inaugurer un " boulevard du Front de Mer ", longue jetée de 5 kms qui donne à la capitale de l'ouest algérien une ouverture vers le large.

1956 : La vague de terrorisme déclenchée en Oranie et qui commence à déferler sur tout l'ouest algérien a pour but essentiel de faire basculer les populations musulmanes dans la rébellion. Le point de départ est la mort, à Tlemcen, du docteur Ben Zerdjeb, considéré comme un des chefs du F.L.N. Arrêté à la mi-janvier 1956, il tente de s'évader pendant son transfert de Tlemcen à Sebdou et est abattu par les gendarmes. Des émeutes marquent ses obsèques.

Différents mouvements se créent, comme " Fraternité Algérienne " qui groupe notamment de nombreux médecins européens, ou " l'association des maires d'Oranie " qui déclare " qu' ils se dresseront résolument contre toute action directe ou indirecte qui tendrait à la sécession de l'Algérie. "

En février 1956, le F.L.N. lance un mot d'ordre de grève. A Oran, ce sont les dockers, en grande majorité musulmans, constitués en un puissant syndicat affilié à la C.G.T., qui donne le départ du mouvement le 2 février et décide de se rendre en cortège de la ville arabe jusqu'à la Préfecture.

La foule qui les accompagne veut tout casser sur son passage. Les vitrines volent en éclats, des voitures sont renversées et incendiées. En ville nouvelle (l'ancien village nègre), toutes les boutiques ont fermé leurs portes et la population s'est enfermée dans ses logements. Mais les rares européens qui vivent dans ce quartier, surtout des Français de confession israélite, verront leurs magasins pillés, surtout si ce sont des bijouteries ou des magasins de vêtements.

Des coups de feu partent des terrasses. Les Tirailleurs Algériens sont consignés sont consignés dans leur caserne et ce sont les C.R.S. qui doivent intervenir.

D'autres émeutes ont éclaté dans les quartiers à forte densité musulmane: Lamure, Lyautey, Médioni...

En début d'après-midi, les manifestants arrivent à hauteur de la synagogue, tout en continuant à saccager boutiques et bars, s'acharnant particulièrement sur les magasins appartenant aux juifs. En fin de journée, les émeutiers regagnent leurs quartiers, mais l'agitation se poursuit le lendemain. Un premier bilan donne 1 mort, 8 blessés, 28 véhicules brûlés ou endommagés et une vingtaine de magasins saccagés et incendiés.

Dès lors, la ville arabe va vivre repliée sur elle-même, presqu'entièrement coupée de la ville européenne par un réseau de barbelés que le Préfet Lambert a fait établir au débouché de chaque rue. Durant toute l'année 1957, l'Oranie en général et Oran en particulier est à peu près calme. La vie continue. La guerre ne ralentit nullement l'essor de l'économie oranaise.

1958 : Le 15 avril, en France le Gouvernement Félix Gaillard est renversé.

Le 13 mai 1958, Oran se réveille dans une atmosphère de fièvre, les nerfs à fleur de peau. En début d'après-midi tombent à chaud les premiers appels de la radio : Alger est dans la rue. Les Oranais sont invités à les imiter.

Vers 18 h, la ville semble morte. Les Oranais sont à la place des Victoires, au square du Souvenir.

Le 14 mai, les Oranais se lèvent avec le soleil. Chacun se pose des questions: du préfet Lambert au maire Fouques-Duparc, en passant par les commandants Carlin et Charbonnel, ou le colonel Yéménitz qui commande les unités territoriales. Dans l'après-midi, rassemblés par milliers au stade Fouques Duparc, les Oranais vont descendre investir la Préfecture. La foule est si nombreuse qu'elle fait écrouler les escaliers du premier plan. Il y eut des blessés. Le préfet Lambert est transféré au Château Neuf avant de rejoindre la Métropole.
Le général Réthoré assume les pouvoirs civils et militaires. Le 15 mai, le général Massu envoie à Oran, le colonel Trinquier pour y installer le comité de salut public.

Le 6 juin, de Gaulle est à Oran, place du Champ de Manoeuvres. Il s'adresse à la foule dans une atmosphère plus réticente qu'à Alger. Il avait d'abord refusé de voir les membres du comité de salut public, bêtes noires du maire Fouques Duparc. C'est à Oran que va circuler le premier tract anti-gaulliste.
1959 : Le 21 avril, Michel Debré est à Oran. Il flétrit la lâcheté des terroristes. Le 29 avril, le général de Gaulle accorde un entretien à Pierre Laffont, directeur de l'Echo d'Oran. Il y prononce le mot d'intégration et la fameuse formule: " L'Algérie de papa est morte. Si on ne le comprend pas, on mourra avec elle. " Le 16 septembre le général de Gaulle fait son discours sur l'autodétermination du peuple algérien.

A SUIVRE.....

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