jeudi 3 juin 2010

REFLECHIR AVANT DE CONDAMNER

Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas basé à Damas, a adressé ses félicitations à la direction du mouvement à Gaza et loué ses efforts et son exploitation médiatique de l’attaque israélienne contre la flottille. Selon Mechaal, "les retombées de l’opération ont atteint, voire dépassé, les objectifs qui lui avaient été fixés".
Selon le quotidien koweïtien « Al Seyassah », Khaled Mechaal a exprimé, dans une lettre adressée aux dirigeants du Hamas à Gaza, « sa grande joie quant aux bénéfices engrangés par le mouvement islamiste grâce à la bonne coordination de la campagne médiatique pour dénoncer l’opération israélienne contre les navires humanitaires affrétés par des militants islamistes et pro-palestiniens, européens et arabes ».

Dans son message, Mechaal, exilé à Damas, demande aux dirigeants basés à Gaza d’insister sur le rôle turc et syrien dans cette opération, affirmant que « la coordination entre le bureau politique du Hamas, le ministère syrien des Affaires étrangères, et le cabinet du Premier ministre turc, a permis de financer la flottille et d’organiser le voyage vers Gaza ». Il a suggéré que les victimes de l’opération israélienne soient considérées comme des « martyrs de la cause palestinienne et que les noms de ces martyrs soient donnés aux rues de Gaza en guise de reconnaissance ».

Par ailleurs, Mechaal s’est engagé à solliciter l’Iran pour obtenir une rallonge budgétaire afin d’indemniser les familles des morts et des blessés de cette campagne, étant donné que le Hamas traverse une crise financière due à la corruption qui le mine à Gaza et n’est pas en mesure de verser lui-même ces indemnités

Le quotidien koweïtien croit en outre savoir que le bureau politique du Hamas, à Damas, « a sciemment provoqué Israël, dans le cadre d’une campagne minutieusement préparée depuis longtemps », et ce, dans plusieurs objectifs :

1- d’abord, le Hamas entendait détourner l’attention de la population de Gaza et occulter, grâce à la flottille de la paix, la misère qu’il peine à contenir et pour faire oublier les scandales liés à la corruption du Hamas.

2- ensuite, Mechaal, en coordination avec Damas, Téhéran et Ankara, entendait à travers « l’opération humanitaire » et les accrochages voulus avec l’armée israélienne, empêcher la reprise des négociations de paix entre Tel-Aviv et l’Autorité palestinienne de Ramallah, sous l’égide des Etats-Unis, et mettre en échec les efforts de Georges Mitchell, l’émissaire de Barack Obama dans la région.

3- le bureau politique du Hamas, basé à Damas, cherchait à travers cette campagne et à travers la mobilisation politique, médiatique et populaire prévisible dans les pays arabes, à mettre un terme aux pressions des pays arabes modérés, lesquels exigent la conclusion de la réconciliation avec l’Autorité palestinienne (médiation de l’Egypte). Le Hamas cherchait également à contenir les critiques liées à sa participation à la guerre au Yémen et contre l’Arabie saoudite, à la demande de l’Iran et de la Syrie, en soutenant les rebelles zaïdites (Al-Houthi) de Saada.

4- enfin, le Hamas entendait exploiter ces événements pour obtenir des concessions israéliennes dans le dossier des prisonniers, estimant que l’Etat hébreu serait obligé de céder sur ce terrain pour améliorer son image particulièrement ternie par l’assaut de la marine contre la flottille.

Le quotidien conclut que « le Hamas est particulièrement satisfait de l’évolution de la situation » et espère profiter de quelques mois de répit grâce à ces événements pour se refaire une santé financière à travers les aides iraniennes, Téhéran étant sollicité pour augmenter le budget alloué au mouvement, et grâce à une campagne politique, diplomatique et médiatique coordonnée avec Damas et Ankara pour anéantir le processus de paix israélo-palestinien.
Cependant, en montrant sa « réjouissance », Khaled Mechaal se dévoile et atteste, une fois encore, que le cynisme syro-irano-turc est sans limite . Il reconnait avoir pris la population de Gaza en otage, et confirme l’exploitation de la misère à des fins politiques. Ce faisant, le Hamas sauve Israël, critiqué par le monde entier pour avoir utilisé une force disproportionnée contre des « pacifistes ». Dans ce cas, comment les militants pro-Hamas peuvent-ils encore justifier leurs appels aux manifestations en Europe, et particulièrement à Paris, dans les jours à venir ?


Khaled Asmar


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