YVES VINCENT - sportif ou acteur -

Avec un beau physique brun de méditerranéen, un style "Nouvelle France" comme l'on disait alors, Yves Vincent s'est imposé très vite à l'écran comme à la scène par son allure sportive et moderne si représentatif de la jeunesse de chez nous. Son goût très vif pour le sport et la littérature, cédant toutefois peu à peu au culte du 7éme Art lui ont apporté relativement vite le succès.
UN SPORTIF DEVENU ACTEUR
Le valeureux champion du R.U.A. (Yves fut l'un des meilleurs joueurs de Water-polo d'A.F.N. faisant partie de l'équipe du R.U.A., champion universitaire) joua, les premiers rôles a la scène et â l'écran. Il a été, entre autres, au théâtre, le partenaire d'Arletty, dans un tramway nommé Désir, d' Edwige Feuillère, dans La Dame aux Camélias, et au cinéma, de Brigitte Bardot, dans Babette s'en va-t-en guerre. C'est dire qu'il a tenu dans ses bras les plus femmes de l'époque.-----Magnifique carrière depuis la troupe de comédie de Radio-Algérie où il fut même speaker ! Mobilisé pendant la guuerre aux Chantiers de Jeunesse au Camp des Chênes, il tournera son premier film au Caire en 1944 avec "sa jeune et jolie maman" comme il aime appeler sa mère puis il n'arrêtera pas.
Yves Vincent, dans l'ouvrage "Mon Algérie" de Monique Ayoun et Jean-Pierre Stora se confie : -"Il se peut que j'aie, par mauvaise conscience, refoulé l'Algérie au fond de moi-même. Il se peut aussi que ma famille, ma profession ne m'aient jusqu'ici guère laissé le loisir de penser. Une chose est certaine : plus le temps passe, plus les souvenirs refont surface. Il me semble même que je n'ai jamais quitté l'Algérie tant me reviennent avec précision la ville, ses maisons, les dédales de ses rues. Je revois tout, la descente sur Saint-Eugène, le passage devant le Majestic, les bains Padovani, l'eau claire d'Aïn Taya.
Tous ces lieux que j'avais complètement oubliés et jusqu'aux saveurs, jusqu'aux noms qui me reviennent aux lèvres...J'ai une terrible envie de retourner en Algérie. Frapper à la porte de mon ancien appartement et dire : "Monsieur, j'ai habité ici". J'ai envie de revoir la plaine de la Mitidja, la presqu'île de Sidï-Ferruch et les anciennes vignes de M.Borlot: J'ai envie d'y aller comme ça, pour voir. Algérie française ? Algérie algérienne ? Ce dont je suis certain, c'est que cette terre-là est, et restera à jamais la mienne. Moi j'aimerais revoir l'eau claire d'Ain-Taya et ma seule peur c'est de ne pas la retrouver. C'est un voyage que j'aimerais faire avec ma femme. Ou alors avec mon fils qui, lui, ne connaît pas du tout l'Algérie et qui soufre davantage que moi de l'absence de racines: Mais j'ai peur de ne pas me conduire devant lui tout à fait comme un homme. Je n'ai pas résolu le problème de la peur. Je sais qu'il me faut faire ce voyage. Il y va de mon équilibre psychique. Mais je dois m'accoutumer à cette idée, affectivement, physiquement...Je ne peux faire le saut dans cet état d'exaltation. Non, aujourd'hui je ne suis pas prêt.