Extrait de PAPY MOISE ou LE LIVRE DE MON GRAND PERE que je viens de terminer à l'instant.
LA VIE MOUVEMENTEE DE MOISE TOLEDANO LUE ET COMMENTEE PAR SON PETIT FILS
PROLOGUE
Il s’appelait Moïse
Toledano. Il était mon grand-père.
Avec
ses grands yeux indigo, sa crinière blanchie par les années, ses magnifiques
bacchantes et son mètre quatre-vingt-dix, il inspirait le respect. Célibataire
endurci, il avait connu bien des aventures auprès de femmes qui avaient toutes essayé de l’apprivoiser. A
l’âge de quarante-sept ans, ses yeux
bleus avaient élu le joli minois de celle qui devint ma grand-mère. Mon
père fut son premier fils. Trois autres garçons prolongèrent sa destinée.
J’étais
à l’aube de mes treize ans lorsque la dame en noir l’a emporté sur son aile
sanglante parmi les victimes de l’attentat du Casino de la corniche. Mon
grand-père Moïse s’en était allé au rythme d’une rumba endiablée dans un pays d’outre-méditerranée. Il
ne pouvait en être autrement tant la vie trépidante de cet aventurier exigeait
une mort à la mesure de sa personnalité.
En
lisant sa vie racontée par mon grand père à mon instituteur de père qui le mit
en forme pour en faire un livre, je reste ébahi devant ces lignes qui
engendrent mes regrets. Regrets de ne l’avoir connu que le temps de la prime
enfance qui m’interdit de ranger au grenier du souvenir des images qui, jamais, ne s’effaceraient de ma mémoire.
Marquons
dommage !
Mais
je me promets de poursuivre oralement et, plus tard, beaucoup plus tard, de
devenir la courroie de transmission de la prochaine génération afin que le nom
de papy Moïse brille au firmament de la famille Toledano.
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En quittant ma terre
natale, je suis parti le cœur à l’envers. Mon père se chargea de tout. Ma mère
choisit d’emmener les vêtements et les couvertures « car Paris est une ville
froide » avait-elle prédit sans en connaitre le moindre centimètre carré. Mais sa
sœur, parisienne bien malgré elle en 1954 par la volonté de son époux, lui en
avait dressé un tableau noirci par la
nostalgie du pays natal.
Le cœur à l’envers
d’avoir abandonné Papy Moïse au cimetière de Saint-Eugène, seul parmi ses
semblables, dernières sentinelles de ce qui fut l’Algérie française.
Les deux premières
années furent bien difficiles pour mes parents mais, la jeunesse triomphante,
je fus préservé d’une nostalgie qui ne manquera pas d’envahir mes journées
d’hiver.
Un soir de septembre pluvieux, je sortis de mon vieux cartable le livre de mon grand-père rédigé par mon instituteur de père avec la ferme intention d’y jeter un œil. Pour en connaitre les grandes lignes et, surtout, de me donner bonne conscience.
Un soir de septembre pluvieux, je sortis de mon vieux cartable le livre de mon grand-père rédigé par mon instituteur de père avec la ferme intention d’y jeter un œil. Pour en connaitre les grandes lignes et, surtout, de me donner bonne conscience.
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Il est né le
1er janvier 1890. Pour une entrée en matière, il ne pouvait pas faire mieux.
Premier cri, premier jour de l’année, j’y vis un signe annonciateur d’une belle
existence. Bien sûr, il me fut, alors facile de
jouer les prophètes tant je savais que mon grand-père Moïse atteindrait ses soixante- sept printemps.
Jusqu’à ce jour maudit de Pentecôte 1957 au Casino de la Corniche.
En
me remettant son livre, mon père m’avoua que Papy Moïse n’était pas un exemple
à suivre bien qu’il fut envié et, ô combien respecté des hommes de la famille. Il me fut donné de
lire, alors, la plus exaltante aventure que l’on puisse imaginer.
Amateur de cinéma et de grands espaces, je devenais le réalisateur d’une épopée grandiose vécue par « Papy Moïse » devenu par mon imagination en feu et la grâce de l’écriture de mon père le symbole admiré de son entourage.
Amateur de cinéma et de grands espaces, je devenais le réalisateur d’une épopée grandiose vécue par « Papy Moïse » devenu par mon imagination en feu et la grâce de l’écriture de mon père le symbole admiré de son entourage.
--A sa demande, j’ai reformulé ses carnets de notes. Et j’en
ai fait un livre. Ce livre représente beaucoup pour TA famille. En tant
qu’ainé, après son décès, j’ai eu la chance d’en hériter. Et à présent, pour ta
bar mitsvah, je te le transmets en tant que premier né de ta génération
--C’est aussi un livre sur la famille?
--Pas du tout ! C’est l’histoire
de ton grand-père. Il l’a écrit comme un reporter raconte sa vie en image et lors
ses soixante ans, il m’a confié sa rédaction et m’a chargé de le transmettre à
ma descendance Ainsi, en te l’offrant, la machine à remonter le temps reprend
sa course. A toi de perpétuer cette tradition familiale.
Ses
parents et mes arrières grands-parents habitaient la casbah d’Alger comme la
plupart des juifs de l’époque. Ne parlait-on pas de casbah judéo-arabe, de
cuisine judéo-arabe, de musique judéo-arabe ?
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