Chapitre 2
Victor fut le premier à
débarquer chez Jacky qui ne lui laissa pas le temps de respirer.
--Jamais, tu devines ?
--Qu’est-ce que je dois deviner ?
--Si je te le dis, c’est pas la peine que tu
devines !
--Oui mais tu me dis que jamais je devinerais alors, c’est
même pas la peine que je cherche !
--Oh putain, que c’est difficile de se faire
comprendre !
--Tu n’as qu’à parler français, je comprendrais !
Roland sentit que ses amis ne
s’en sortiraient pas, aussi, il arrêta les frais !
-- Vous êtes
aussi cons l’un que l’autre ! Richard, il a niqué Colette !
--La Colette de Paulo ?
--Eh bien sûr, pas la Colette des Misérables !
-- Dans les Misérables, c’est pas Colette, c’est
Cosette ! Rectifia Roland
--Alors, Richard a niqué Colette ou Cosette ?
--Putain, il fait le con ou il est vraiment con ?
Victor sentit qu’il était
temps d’arrêter de jouer l’incrédule.
--Vous êtes tellement nuls que ça m’amuse de vous
berner ! Alors, comme ça, Richard, il a niqué Colette ! C’est Paulo
qui vous l’a appris ou Colette….. ou bien Richard?
--Mais on s’en fout de savoir qui c’est qui nous l’a
appris……l’essentiel, c’est que Richard il a donné le compte à la copine de
Paulo.
--Ouais, mais tu es sûr, sûr…………
-- J’en suis sûr…c’est Paulo qui me l’a appris ! S’énerva Jacky.
Victor redevint sérieux.
--Richard a pété les plombs, ce n’est pas possible.
Bien que très contrarié,
Roland considéra que Richard avait néanmoins des circonstances atténuantes.
--Il faut bien reconnaitre que Colette faisait tout pour se faire remarquer avec sa
poitrine agressive et son cul à rendre la vue à un aveugle.
--Ah ça y
est ! C’est de la faute de Colette si elle est belle ! Qu’est-ce tu aurais
voulu, qu’elle s’habille comme une nonne. Demanda Jacky.
-- Entre s’habiller comme une nonne et avoir la
mini-jupe à ras le bonbon, il y a la même différence qu’entre Raquel Welch et Paulette
Carton ! Et puis, il faut bien le reconnaitre, même les aveugles voyaient
qu’elle faisait tout pour accrocher le regard de Richard.
--Elle le draguait pas, elle est coquette, c’est une
femme, tout simplement, elle aime plaire ! Plaida Jacky.
--Elle aime tellement plaire que chaque fois qu’elle
me regarde, j’ai l’impression qu’elle m’envoie une invitation en trois
exemplaires. Appuya Roland qui aurait
bien aimé goûter au fruit défendu.
--Tu prends tes rêves pour de la réalité ! Regarde-toi
dans la glace, tu ressembles au petit gros de Bud Abbot et Lou Costello !
--Va te faire un amant, va !
Malgré la gravité du moment,
ils ne purent s’empêcher de s’esclaffer et de dérider une atmosphère bien
pesante.
--C’est vrai qu’ils étaient comiques ces
deux-là !
Jacky n’en démordait pas. Le
seul fautif, c’était Richard !
--Comme il a dit l’autre, il n’est pire aveugle que
celui qui ne veut pas voir. Lâche
Roland qui pense que Colette avait tout bonnement récolté ce qu’elle avait
semé.
--Putain, Roland, ta as fini de jouer les
philosophes……. Pour tout dire, moi aussi, je trouve qu’elle draguait Richard. Enchaina Victor.
Et même, on aurait dit que Paulo s’en fichait !
Jacky, calmement, lentement,
s’assit et tenta de le rallier à la cause de Paulo.
--Victor, même si elle draguait Richard, ce que je
doute fortement, c’était une raison pour bananer Paulo ?
--Bien sûr que non ! Mais pour défendre Richard,
Colette, ça doit être une bombe au lit !
--Mais, ce n’est pas le problème, tête de con ! Tu
te rends compte ! Richard lui a tapé sa gonzesse ! Richard, c’était
comme son frère.
-- Eh bien, si c’est comme son frère, ça ne sort
pas de la famille ! Plaisante Victor ce qui déplut souverainement à Jacky
qui se désolait de ne pas avoir réussi à
rallier Victor à sa cause.
Il prit le téléphone et
s’isola pour passer un coup de fil à Paulo en maugréant.
--Putain ! Plus con tu meurs !
--Alors, il vient ou il ne vient
pas? Demanda Roland.
--Aouah, il est trop énervé.
--Je n’aurais pas dû le laisser seul. Avoua Victor.
--Pourquoi, il a peur du loup garou?
Sans faire attention à la
boutade de Roland, Victor enfonça le clou.
--C’est qu’il faisait une drôle de tête !
--Si c’est que ça, il a toujours eu une drôle de tête ! Se rappela Roland.
-- Avant qu’il rapplique, s’il rapplique un jour, si
on parlait un chouïa des gros tétés de Colette ? Proposa Victor qui n’appréciait pas du tout les
discussions sérieuses.
--C’est vrai qu’elle a de sacrés nichons! Enchaina Roland.
--Il a dû se régaler, ce pourri ?
--Tu crois que Paulo avait conscience de ce qu’il
avait entre les mains ?
--Aouah, les tétés, ce n’est pas sa tasse de
thé ! Oh putain, en plus, je fais des vers sans en avoir l’air comme Victor
Hugo les faisait sur son pot.
--Putain, tu connais tes classiques, hein !
--Tu crois que Paulo n’aime pas les tétés ?
--Il les aime….comme il aime la soubressade ou les
beignets arabes. Il n’en ferait pas des folies……..contrairement à moi !
--Et à moi !
--Oh, vous avez fini, ouais ! On dirait que ça
vous en touche une sans faire
bouger l’autre ! S’emporta Jacky
qui ne comprenait pas la désinvolture dont faisait preuve ses amis.
Victor, sans se soucier de la
remarque de Jacky, persévéra, encouragé par Roland.
--Purée, en parlant de folie…..
--Oh c’est fini, ouais ! Répéta Jacky.
--Lâche-nous un peu, monsieur casse-couilles.
Roland sentant l’atmosphère
devenir belliqueuse préfèra alors changer de sujet.
-- Et s’ils
arrivent en même temps ?
--Paulo et Richard ?
--Non Laurel et Hardy, eh bien sûr, Paulo et Richard.
--Mais tu n’as pas dit que Paulo ne venait pas ?
--Avec lui, on ne sait jamais !
--Oh tu déconnes ?
--Ce que je sais, si Paulo vient c’est qu’il se sera
calmé. Soit tranquille, Jacky, il n’y aura pas de Saint- Barthélémy chez toi !
Roland, éternellement
optimiste, tempéra ses amis.
--Aouah, il n’est
pas du genre à se battre pour une gonzesse, croyez-moi ! Je me rappelle, à
Alger, il n’avait pas bronché quand la petite Carmen, elle lui avait
préféré Capo.
--Il avait 12 ans ! C’est tout juste s’il ne faisait
pas encore pipi au lit.
Le rire était entré en douceur
dans leurs propos. Roland était aux anges. Même Jacky plaisantait en se souvenant de leur jeunesse. Ils profitaient de l’absence de Paulo
et Richard pour redessiner l’amitié avec un A majuscule en redevenant les chitanes algérois qu’au fond, ils
n’avaient jamais cessé d’être.
--Bon, c’est pas tout que Paulo vienne ou pas, Richard,
lui, va venir. Prévint Jacky.
-- Qu’on crève l’abcès une bonne fois pour toutes et
puis basta !
--Basta, c’est
bien gentil mais le cocu dans l’affaire, c’est Paulo et seulement Paulo ! Se lamenta Jacky qui redevint l’empêcheur de tourner
en rond.
--C’est pas toi non plus ! A moins que……
--Va niquer les mouches, va !
Victor, qui faisait toujours
confiance à la fatalité orientale, ne se démonta pas.
--Aouah,
quand ils se verront, ils vont
tomber dans les bras l’un de l’autre……et
peut-être, ils vont comparer les
performances de Colette au lit.
--Oyé, oyé, la nouvelle madame Soleil est arrivée. S’écrie Roland.
--La nouvelle tête de con ouais ! Non, mais tu
entends ce que tu dis !
--Eh bien, quoi ! Ce n’est pas ce qu’on faisait
quand on était jeune ? Comparer les gonzesses !
--Prenez le relais parce que la crise cardiaque, elle
me guette.
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