En face, c’est l’Algérie.
Mon Algérie.
Qui, un jour, a cessé
d’être mienne parce qu’Indépendante.
Elle est devenue
algérienne, la pauvre !
Depuis, elle n’a cessé
d’être tourmentée, balayée par le Sirocco de l’indépendance.
Quand c’est fini,
l’indépendance ?
Jamais !
Vous avez voulu être
libres et indépendants ?
Vous l’êtes !
Vous bénéficiez du droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes.
Et de faire selon
votre bon vouloir.
La chance que vous avez !
Et le pétrole, et le gaz, Hassi r’mell, Hassi Messaoud,
assis Messaoud…..
Remerciez le ciel et La
Grande Zohra.
Miroir aux alouettes.
Quoi, vous n’êtes pas contents ?
Vous voulez venir en France ?
Et puis quoi encore !
Il faut savoir ce que vous voulez.
La France ne faisait-elle pas suer le burnous ?
Alors, tout ça, c’était des mensonges. Des tchalefs.
Vous enviez même les rapatriés?
Mais le temps des rapatriés, c’est fini. R’lass !
Aujourd’hui est venu le temps de la repentance.
La France, zarmah….il faut qu’elle paye d’avoir
transformé un pays où poussaient des figues de Barbarie en un eldorado où
pousse le pétrole!
Salauds de Français ! Tiassardo Francia !
Cheval de Troie et djellabah.
Le ventre des femmes pour envahir la France.
Et tout ça, ça fera d’excellents français…….de papier.
Papier de médias complices.
Et le politiquement correct qui s’en mêle pour s’emmêler les
crayons.
Attention comment tu parles.
Ah, cette politique………..de l’autruche.
Politique quand tu nous tiens, tu nous tiens bien.
Tu ne peux pas nous lâcher un peu la grappe ?
Aouah ! Samote et compagnie.
Où est passée ma France grande, belle et généreuse!
Chez Azrine ! Chez Dache !
Cette France qui part en barigoule veut nous emmener en
bateau.
Ce n’est pas De Gaulle qui disait "nous
renverrons chez eux les Algériens vivant en France qui cesseraient d'être
Français"? »
Mais les paroles s’envolent, les écrits restent………..comme
des témoins gênants!
Je ne suis plus qu’un français non pratiquant !
Alors que dire et que faire ?
Ecrire pour raconter l’histoire des gens d’en face que nous
étions…………..
Avec nostalgie et sans haine!
Puiser dans le grenier aux souvenirs…..
Avant que le dernier d’entre nous jette un dernier coup
d’œil sur le pays d’en face.
Trace de mémoires éreintées
Rire pour ne pas pleurer……………………
*****
L’Algérie française, c’est mort et enterré.
Et alors, et voilà !
Les larmes ont eu le temps de sécher.
Pas les regrets.
Ni la nostalgie qui nous a pris par la main pour nous
emmener à l’autre bout de la terre.
Israël, Espagne, Etats-Unis pour replanter nos racines.
En exil, les souvenirs d’enfance remontent à la surface.
Cafard et nostalgie font bon ménage.
Le convoi funèbre des vieux déracinés passe et trépasse.
Bientôt sera venu le temps du dernier mohican.
Tout est de la faute des pieds noirs.
Les mensonges et la trahison ont la dent dure.
Mais qui avait le pouvoir en Algérie ?
Qui prenait les décisions et qui dirigeait ?
Les pieds noirs ou la France ?
La politique n’était pas faite pour les gens simples…..de
Bab El Oued ou de Tataouine.
Espoir d’un sort meilleur pour les enfants pour seule
ambition…….
Ni plus, ni moins.
Pourtant on nous avait dit, moi vivant, jamais le drapeau
FLN ne flottera en Algérie !
Putain de menteur !
Et nous, on a cru être compris.
Tissardo De Gaulle!
Des vessies pour des lanternes, et rien de plus !
La naïveté et le patriotisme furent les deux mamelles des
pieds noirs.
Marque dommage !
Tant pis pour nous, même si c’est pêché !
Y en a qui mettent ça sur le compte de la destinée.
Le compte de sa mère, ouais !
Qué la destinée ! Elle a bon dos, la destinée !
Repenser au pays.
Les bons moments comme les mauvais.
Notre pays que nous emporterons avec nous au soir de notre
vie.
132 ans pour bâtir un pays qui n’existait pas avant le 14 octobre 1839 quand le Général
SCHNEIDER, Ministre de la guerre déclara. "Le pays occupé par les
Français dans le Nord de l'Afrique sera, à l'avenir, désigné sous le nom
d'ALGERIE
Il fut un temps où les généraux français avaient des
glaouis.
Aujourd’hui, les cacahuètes ont remplacé les glaouis.
On fait des salamalecs à des sales mecs et on
s’excuse !
Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes. Ma
France n’est plus ce qu’elle était.
Ma France, celle de nos pères et du 13 mai 58 !
La Marseillaise qui envahit le ciel algérois.
Ceux qui n’ont pas vécu l’assaut du forum ne peuvent pas comprendre.
La bamboula au son de Sambre et Meuse.
Mais tout ça, c’est parti en barigoule.
A présent, la France c’est chéchïa et gandourah.
Alors, au crépuscule de ma vie, je préfère penser à
reculons.
Revoir les images qui ont parfumé mon enfance.
Les amis du quartier et le cimetière marin
Le rire à gorge déployée et la calentita.
Les beignets italiens de Pasquale du jardin Guillemin……
Et puis, et puis, et puis…commençons la revue du rire et des
larmes…….
*****
Ah, l’ambiance de nos
quartiers……..
Bab El Oued, notre paradis
perdu !
Je me souviens de tout.
L’andar et venir sur notre
Sunset Boulevard.
Les filles au balcon et les
garçons, le nez en l’air.
La tête dans les étoiles et
l’amour au fond des yeux Avenue de la Bouzaréah.
Trois Horloges-Square
Guillemin et retour.
Le jardin Guillemin, théâtre de
la comedia dell’arte.
La mama dispute son chitane de
fils.
C’est ça, pourris-toi
bien !
Arrête de courir, tu es en nage !
Regarde le garde, il te
regarde.
Chof, chof, oublie les
zoublis.
La mère qui donne la tétée sans
façon
Les gobieux qui matent un
maximum.
Un journal sur la tête pour se protéger du
soleil
L’impératrice Eugénie sous l’ombrelle
à Alger.
Coup de soleil et coup de
crayon de Napoléon III pour dessiner les
boulevards Laferrière et Guillemin.
Scandale à la cour.
L’ambiance de chez nous, le
tcherklala, le voisinage…
Le manège pour le plaisir des
petits et la colère des footballeurs en herbe.
Avec en face, Padovani qui
tape la pancha
La plage des chevaux en toile
de fond.
Souvenirs, souvenirs…
Et les nymphettes qui tournent
la tête des Don Juan en herbe.
Vacances des humbles gens à la
bonne franquette.
Viens taper une anisette et
quelques zitounes.
Et pendant ce temps, la France
elle se prépare à nous taper une olive.
Et nous, comme des babaos, on
appelle Sainte Anne.
Comme des laouères, rien, on
voit venir.
On est trop heureux ou trop
naïfs.
La famille, les amis, la mer,
le voisinage et le soleil.
Qu’est-ce tu veux de
plus ?
Un peu de flouze, mais
seulement un chouïa pour taper le cinéma.
Aouah, la loterie nationale,
c’est pas pour nous !
On se contente de la loterie
de la maison Jacques.
Fête foraine et radio-crochet.
Filets garnis ou trousseau bon
marché.
Le bal des gens biens sous les
flonflons de l’été.
Le bonheur est à nos portes.
Cinq dans tes yeux !
Laïsrana et là, y se
red’resse.
*****
Les rues de mon quartier,
elles appartiennent aux enfants.
Aux chitanes comme aux fils à
pep’s.
Les entrées de maison pour se
dobzer ou pour se mettre à l’abri quand il pleut.
Mais l’amitié de chez nous, c’est
pas du chiqué……….
A la vie, à la mort, ma
parole !
L’enfance…….l’école……la
rue…..les copains.
Les saisons se suivent et se
ressemblent.
La rentrée au mois d’Octobre.
Le rire en bandoulière en
guise de cartable.
Le maitre et la maîtresse,
respect et tradition.
Les garçons d’un côté, les filles
de l’autre.
Chacun chez soi pour éviter
les histoires de famille.
La blouse grise du maître pour
seule autorité.
Souvenirs indélébiles de
l’enfance scolaire.
On a eu la plus belle des
enfances.
Elle fut pauvre mais belle.
Au bout du compte, je me
félicite d’être né pauvre.
Et d’avoir eu des parents qui
savaient ce que compter voulait dire.
Sûr qu’on ne mangeait pas des
ortolans mais la cuisine de nos mères, j’ te dis pas !
Avec trois fois rien, elles
nous confectionnaient des plats qui chantent à notre mémoire.
Et si on n’avait pas d’argent,
un café au lait ….et au lit……..sans croissant.
Demain le bon dieu, il sera
grand.
Quand une porte se ferme, une
autre s’entrouvre.
Et puis, on n’est pas des
manchots.
Les adultes au travail et les
jeunes à l’école…….ou en train de taper manqua oura.
Le jeudi matin, on imitait les porteurs contre une place de
cinéma.
Et on embarquait pour Cythère
en Cinémascope et en couleurs.
Si on avait les poches
trouées, on tapait le match du siècle ou on jouait à fava vinga.
Les filles à la marelle ou à
la corde et les garçons aux noyaux, aux tchappes, à la toupie ou à la carriole.
Et au football avec une balle
en caoutchouc, une boite de chique et même en papier.
Les rois de la rue, tu montes,
tu descends, c’était nous autres.
Du moment que les copains nous
tendaient la main.
Plus heureux que nous,
impossible.
On tapait cinq toutes les cinq
minutes.
Cinq de la complicité.
Rien à voir avec le cinq dans
tes yeux.
La main de fatmah en avant.
Protection contre schkoumoune
et médisance.
Superstition des gens heureux.
*****
C’est vrai qu’on était des gens heureux !
Et pas compliqués pour un sou.
Du pain et des olives, du beurre et des anchois
Pour un goûter de gala.
Une tomate, de l’huile et de l’ail sur du pain
Un véritable délice !
Pas de jouet pour noël, qu’à cela ne tienne.
Une carriole, des noyaux, des oublis,
Et le roi n’était pas notre cousin.
Pas d’argent mais du bonheur à revendre.
La richesse du cœur pour seul leitmotiv.
Et l’amitié au bout des doigts.
L’arroseur des rues pour rafraîchir le quartier
Les cris des chitanes en fond sonore.
Le soleil qui transforme le quartier en étuve.
Chaise longue pour une sieste prolongée.
Avant que vienne l’heure de l’andar et venir
Tout le monde dehors.
La fiesta bohémienne au jardin Guillemin
Et la drague en catimini.
Regards en dessous, timidité oblige.
Attention ta mère !
Aouah, on avait tout pour être heureux.
Chez nous, la solitude n’existait pas.
Portes ouvertes au courant d’air de l’amitié.
Balcons du soir, passerelles du voisinage.
Terrasses du bout du monde pour voyager en restant chez soi.
On déjeunait chez soi et chez les autres.
Balcon derrière le rideau de soleil.
Drapeau tricolore et fête nationale.
Oriflamme et fierté française
Marseillaise à plein poumon
Algérie française etc…..etc….
On l’a eu dans le baba !
Tiassardo De Gaulle.
Tiassardo Francia.
Mais heureux d’être né à Bab El Oued.
Casbah judéo-arabe d’où ma famille est issue.
Rue Marengo. Place Randon. Rue des getules
Synagogue de la casbah.
Fier d’être juif
Fier d’être pied noir
Moins fier d’être français.
Pourtant on aimait le drapeau tricolore.
La marseillaise comme chant d’amour.
On la chantait si fort, on la chantait si bien…
Certains en sont morts pour rien !
Quand je pense à De Gaulle, ça me donne de l’urticaire
Et ces médias qui lui tressent des couronnes.
Tiassardo Francia !
Allez mieux, je pense à reculons.
Quand nous jouions à la marelle,
Boisis, Gozlan et Abergel
Aux tchappes, aux noyaux et à la carriole,
Même si on préférait le football….
Chansons d’autrefois, André Claveau….
Luis Mariano et Jean Marco…..
Cerisiers roses et pommiers blancs.
Mick Michell et Yvette Giraud
Pour une T.S.F de Nostalgie.
Je me souviens de nos cinémas de Bab El Oued.
Palace, Bijou et Mon Ciné pour les chitanes.
Les Variétés et ses spectatrices en larmes.
L’Amérique au Majestic du maltais Seiberras
Les Platters et Paul Anka à Alger.
Combats de boxe et toit ouvrant
Albert Yvel, champion du quartier
Devenu champion d’Europe.
Lynx, Plaza, Suffren et la Perle
Le Trianon sacrifié au Monoprix.
Les beaux dimanches au cabanon
On prenait l’autobus pour taper le plongeon,
Après la ventrée de khémias
Au cinéma plein air chez Valenza,
Bing Crosby nous tapait la sérénade
Avant de finir la
soirée à pointe pescade.
C’était l’Eden de notre enfance
De notre jeunesse, de notre adolescence.
Allez va de là !
J’en connais qui regrettent Alger d’autrefois
Alger et les pieds noirs, du reste !
Tiens demandez a Ait Ahmed.
Zarmah, l’un des chefs historiques
Ca lui va de parler d’erreur colossale.
Le pied noir il était indispensable.
Sans lui, l’Algérie, elle partirait en bli-bli.
Lui aussi, il avait rien compris.
Qu’est-ce qu’il croyait, le bougre
Que l’indépendance elle allait transformer
Un bourricot de la montagne
En souverain d’Espagne.
Nous autres, on peut pas pardonner
La trahison, l’abandon et la lâcheté
De la France d’hier et d’aujourd’hui
Qui a cessé d’être un grand pays.
De Gaulle, y voulait renvoyer les algériens chez eux !
PIM PAM POUM
alias Giscard, Chirac et Mitterand
Ils ont ouvert les bras et les frontières.
Toi, paris tu m’as pris dans tes bras.
Bou, qu’est-ce que j’ai fait de venir en France.
Zarmah, je suis un rapatrié.
Qué, rapatrié, j’ai plus de patrie.
Que des regrets et de la rancune.
Adieu la France !
Elle a vendu son âme au diable, à d’autres dieux.
Avant il y avait les chrétiens, les juifs et les musulmans.
A présent, les barbares y sont descendus dans la rue.
Et la France recule, la peur au ventre.
L’autre il a dit : vous êtes ici chez vous !
Ta maison c’est ma maison ?
Quand même, y faut pas exagérer.
C’est pas Defferre qui ordonnait aux pieds noirs d’aller se
faire voir chez les grecs ?
Tiassardo, francia !
Le pays y s’en va en bli-bli.
Alors que les politiques y s’en mettent plein les poches
Les restos du cœur y
sont assaillis
Par des crève-la-faim et surtout par des pleure-misère.
Mieux je mange du pain et du sucre que perdre la figure.
Ma mère elle nous a élevé dans la dignité
Késako la dignité pour une France qui se fait empapaouter
par tout le monde.
Est-ce que les politiques ont des enfants ?
Pensent-ils à ce que
deviendra leur descendance dans la
France de demain ?
Pourquoi n’ont-ils pas anticipé le cataclysme.
Gouverner c’est prévoir, il a dit l’autre.
Zarmah, ceux qui nous gouvernent y sont intelligents !
Même Boumedienne, il avait compris
C’est dire la connerie de PIM PAM POUM.
La France elle ressemble à un bateau ivre.
Si ça continue, le mal de mer y nous guette.
Comme pendant la traversée de l’exil
Quand on tapait l’Exodus à l’envers.
Pour une croisière
inhumaine
Des souvenirs j’en ai à la pelle
Appel du 18 juin, tu parles !
Et les français y continuent à voter
Recevoir des baffes, ça leur suffit pas.
A force de baisser le pantalon
Y vont attraper des bébètes !
Allez va, mieux je retourne chez moi
Au moins par la pensée.
Que sont mes amis, devenus ?
Beaucoup sont partis au pays du bon dieu
Taper cinq autour d’une bonne anisette
A savoir, chez Lollo, Sauveur ou pépète
Solivérès.
Où est passée ma jeunesse il a dit
l’autre.
Certains y sont devenus des mérates
Qui mettent des chaussures
vernies et la cravate.
Moi, ma jeunesse c’est ma meilleure
amie.
Au temps des culottes courtes et des
savates
Que là-bas on les appelait spardégna.....
ETC.....ETC....A SUIVRE
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