jeudi 26 avril 2018

PETIT TEXTE D'HUMEUR

POURQUOI J'ECRIS!
Le temps est passé.
Il me semble qu’il a filé entre mes doigts. Que reste -t-il de cet enfant de Bab El Oued, insouciant et heureux, qui a traversé la vie de l’homme que je suis devenu ? Le poète disait : « Que reste-t-il de nos amours, une photo, vieille photo de ma jeunesse. ».
Il me reste des bribes de souvenirs que j’ai tenté de conserver tout au fond de mon cœur. L’affreux sentiment d’être un déraciné m’a toujours accompagné dans cette descente aux enfers découverte sur un bateau-prison, le « ville d’Oran », qui me déporta au large de mon enfance, si loin du paradis dont je ne savais pas, encore, qu’il me hanterait jusqu’à mon dernier jour.
Durant cinquante années j’ai vécu par procuration. A côté de ma vie. Complètement disloqué pour raison d’état. J’étais un français vivant mais la mort rôdait à tout instant, dans un univers froid où la solitude m’inoculait une autre façon de vivre et de me comporter, une autre façon de penser et de rigoler, une autre façon de rire et d’aimer la vie.
L’insouciance des jours heureux a déserté mon horizon et s’est muée en une angoisse du lendemain qui m’était étrangère malgré une guerre d’Algérie qui pouvait, à tout moment, bouleverser ma vie.
Alors, m’est venu l’idée de coucher sur papier nostalgie ces quelques notes qui parlent de ce que d’autres écrivains, d’autres cinéastes, d’autres artistes n’ont pas su ou pas voulu retracer, par pudeur sans doute, la tragédie qui assassina un peuple en le déplaçant vers une autre terre. Car, tragédie il y eut, bien au delà des mots et des larmes et il me semble que le temps est venu d’évoquer les conséquences dramatiques de cet épisode contemporain de l’Histoire de France qui accabla les français d’Algérie.
Des français d’Algérie qui se sont remis au travail sans rien demander à personne et qui s’éteindront du sommeil des justes avec le sentiment, tous comptes faits, que la France leur sera redevable de leur patriotisme même si ce sentiment n’est plus en odeur de sainteté de nos jours.
Les Pieds Noirs étaient des gens heureux et rien n’effacera cette image. Mais le drame était omniprésent dans leur histoire et c’est ce sentiment qui prédomine dans mon approche sociologique.
Je ne suis pas un lettré. Je ne suis pas non plus un éminent chercheur, ni un journaliste d’investigation. Je ne suis qu’un enfant d’Algérie, un enfant d’Alger, un enfant de Bab El Oued avec tous les défauts et les qualités des gens de ma communauté. Mais j’ai tellement vu de compatriotes se plaindre en catimini, j’ai tellement constaté de tragédies au sein de mon peuple, j’ai tellement de choses à dire que le temps est venu de sortir ces trois mots qu’un certain général a minimisés : " Ils ont souffert !"
HZ


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