mercredi 28 février 2018

MON ARBRE DE VIE DE HUBERT ZAKINE


Judéo espagnol par l'amour de ma mère
Et de mille pays par le nom de mon père
Les racines de mon arbre s'enfoncent dans une terre
Pour rejoindre à jamais la patrie de mes pères.


Planté un matin de l'été quarante quatre
Il a puisé sa force dans l'immense théâtre
Ou jouaient les acteurs d'un peuple millénaire
Une pièce intitulée "Pour l'amour d'une terre"


Une branche a poussé venue de Géorgie
Entrainant mes aïeux vers la Babylonie
Pour offrir son savoir à l'étude du culte
Afin que ses enfants ne restent pas incultes.


Puis ce fut Kairouan qui lui donna asile
Avant que le tonnerre n'éclata sur la ville
Le chassant sur Tunis pour quelques décennies
Et finir son errance sur la terre d'Algérie.


L'autre branche est partie du royaume de Majorque
Elle sembla éternelle et solide comme un roc
Mais la folie des hommes l'obligea à s'enfuir
Vers une terre d'accueil en mal de souvenirs


C'est un sol généreux qui ouvrit ses entrailles
A cet arbre de vie en quête de travail
Pour son peuple isolé loin de la mère patrie
Dans ce pays que nul encore n'appelait Algérie.


Durant plus de quatre siècles de soleil inhumain
Il poussa gravement sous le ciel africain
Au milieu des tourments de la forte présence
D'une Turquie désireuse d'imposer sa régence.


Il subit mille peines et mille humiliations
Mais puisa dans la terre la force de son nom
Les racines hésitantes s'enfoncèrent un peu plus
Au mépris des outrages et des coeurs mis à nu


Quand le France imposa sa présence à Alger
Malgré les soubressauts que cela provoquait
La terre d'Algérie se fit plus accueillante
Pour mon arbre de vie qui dormait sous la tente.


Il aspira la sève dispensée par la France
Européannisa toute sa descendance
Il apprit le langage de Voltaire et Rousseau
Remerciant l'Eternel pour ce joli cadeau.


L"avenir incertain des arbres déracinés
S'estompa des mémoires venues du monde entier
Et mon arbre de vie loin des intempéries
Devint arbre de vie du pays d'Algérie.


Des fruits gorgés de sucre à la couleur vermeille
Comme une offrande à Dieu éclatèrent au soleil
Le sol était fertile et la terre était belle
Avant que la traitrise ne déploya ses ailes.


Les hommes sont ainsi faits qu'ils détruisent la vie
Pour une idée recue sur d'autres paradis
Ils incendièrent mon arbre qui se déracina
Pour partir vers ailleurs et vers un autrefois.


Il chercha une terre douce à ensemencer
Qui saurait un beau jour faire du déraciné
Un bel arbre de vie plutôt que du bois mort
Un chêne bien robuste contre les coups du sort.


Mais la vie est trop brève et il faudra du temps
Des racines nouvelles et des petits enfants
Pour que l'arbre de vie planté par mes aïeux
Régénère sa force et s'élève jusqu'à Dieu

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