samedi 17 février 2018

INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS de Hubert Zakine

Un autre extrait de INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS parce que le premier il est pas assez explicite....

Elle habite rue d’la Lyre. Je rase les murs. Je monte tout seul comme un grand. En plus, y fait sombre. D’après Serror, la demoiselle de petite vertu, c’est un canus mais peut-être qu’il aime les vilaines, va savoir ! Cette maison, on dirait une tombe. Pas un bruit, achno, y sont tous morts là-dedans ! C’est pas comme à Bab El Oued. Toutes les portes elles sont fermées. Pourtant, rue d’la Lyre, c’est la basse casbah. Normalement, c’est le tcherklala ! Même les enfants, on les entend pas. Y doivent être tous muets. A savoir. Le quatrième étage. Je frappe à la porte. Whaou, putain de canus. Et belle avec ça ! Putain, elle a des dents ! Bien blanches quand elle sourit. C’est pas comme la rue Socgémah. Je parle mais j’entends que la douceur de sa voix. Vous êtes pressés ? La purée, vous savez pas prendre le temps ! C’est bon de faire durer le plaisir de raconter c’qui s’est pas encore passé. Serror c’est un fin connaisseur.
--Je te connais pas, toi !
Tain, elle me tutoie.
--C’est Serror qui m’envoie. Y pouvait pas venir.
Quel menteur.
--Tu le connais bien ?
--Oui, je travaille avec lui…..et on s’connait depuis tout petit.
Et jamais, vous devinez c’qu’elle me dit.
--Tu es un beau jeune homme, il a bien fait !
Sur ma vie, elle me trouve beau !
--Attention, motus et bouche cousue. Ni tu donnes mon adresse, ni tu parles de moi, on se connait plus ! D’accord ?
--D’accord !
Elle me parle d’argent. Je sors les deux billets et elle les range dans un petit bureau.
--Allez viens, on va s’laver.
Et comme si j’étais un bébé, elle me lave la tota. Aussitôt, mon oiseau y veut s’envoler. Je pense Soumlah mais aouah, il est trop énervé. En plus, la demoiselle, elle l’astique comme si c’était le grand nettoyage de Pâques. Bon, allez, calmos madame ou sinon, je réponds plus de rien.
Aouah, elle sait y faire. Elle a abandonné mon p’tit oiseau (qui est pas si p’tit que ça) et elle me déshabille comme si j’avais un an et demi. elle range bien mon linge comme si elle a peur de le défroisser. A savoir, si après, elle va pas m’le repasser ?
Elle me dit de m’allonger sur son lit et vous devinez quoi : elle me tape un strip-tease pour moi tout seul. Je mate la demoiselle de partout. Même derrière les oreilles. Comme un gobieu, je veux rien rater d’abord pour moi et, ensuite, pour donner le gousto aux amis. elle est en train de me faire mourir à petit feu. O putain, elle est à poil ! Entièrement à poil. Elle a rien gardé sur elle ! Nue et crue comme elle dit ma mère. Qu’est-ce que j’ai à penser à ma mère à un moment pareil ? Putain, elle s’allonge tout près de moi, elle est encore plus belle de près que de loin…..tain, j’ai l’impression de pas être avec une professionnelle…….elle me laisse la regarder sous toutes les coutures…….et la toucher. O putain, sa peau est douce…….ses tétés y sont gros et…………. Elle me caresse avec la bouche…..oh putain d’sa mère, y faut qu’je pense à Vercingétorix, Martoune ou Ramsès II pour pas exploser.
Voilà, r’lass, vous croyez pas que j’vais tout vous raconter. J’écris pas un livre porno, moi, ho ! Vous êtes gonflés quand même, hein !
Quarante-cinq minutes. Ça a duré quarante-cinq minutes. Quarante-cinq minutes de bonheur et des mois à rêver. Elle m’a fait un p’tit rab en plus parce qu’elle m’a trouvé à son goût. Elle doit dire ça à tout l’monde. Mais quinze francs, ça les valait. Surtout que c’est Serror qui a payé.
Une fois tous les mois, à la rigueur, j’pourrais m’la payer. Ouais mais Elizabeth dans tout ça ? Je sais, j’suis pourri mais comme elle dit ma mère, y faut bien que jeunesse se passe.
Ah, au fait, elle s’appelle Daisy. Comme la femme de Donald. Et elle m’a donné son numéro de téléphone. Pas pour mes beaux yeux mais pour une autre leçon d’anatomie, si je veux la revoir.

*****
Je suis tout gaga en rentrant à Bab El Oued. Putain, c’était bon. Mais c’est trop court. A savoir, si Serror y reste plus longtemps. Demain, c’est vendredi. J’vais lui faire un compte rendu. Qu’il en ait pour son argent.
En attendant, au jardin Guillemin, y aucun ami. Les r’mars y doivent être en train de se taper les devoirs. Quels parotes ! La vérité, j’suis pas mieux au Trésor ? Quand je sors, châ, châ, pas de devoirs et pas d’leçons. Et j’ai des sous !
Ma mère, elle tchortchore avenue d’la marne chez tata Félice. Ça va lui faire plaisir si je vais la chercher. En rentrant, je vais m’arrêter chez Doudou boulevard Guillemin pour acheter des jujubes. Doudou, c’est le moutchou. Chez lui, on trouve de tout mais seulement si y trouve. Y sait jamais où les articles y sont rangés, alors, on fait comme Charles, on attend. Y vit et y dort dans son capharnaüm qui lui sert de magasin. C’est pour ça, que le matin il aère. Raïeb c’est pas une vie pour ce mozabite qui vient de son Mzab natal. Tout le quartier, il l’a adopté parce qu’il est très serviable.
--Tia pas d’sous aujourd’hui ? Tu payes demain !
Et au diable l’avarice.
Cette nuit, pour une fois, j’vais pas penser à Elizabeth mais à la femme de Donald. Quoi vous avez déjà oublié que la péripatéticienne elle s’appelle Daisy ? Alors à quoi ça sert que je m’escrime à tout vous détailler ? Les femmes qui me lisent, elles pensent que j’suis comme tous les hommes, que j’suis un cochon qui pense qu’à la bagatelle. Eh, d’abord, j’suis pas encore un homme mais c’est vrai, je pense à la bagatelle. A la bagatelle mais aussi au foot, au cinéma, à ma famille et à mes amis.
Elizabeth, je lui en veux pas mais je peux pas faire avec elle ce qu’je fais avec Daisy. Eh ouais, c’est comme ça.
Et puis la vérité, vous m’voyez à ma nuit de noces, tout puceau, emprunté et tout et tout. J’aurais l’air de quoi ? D’un r’mar !
Même si j’ai des principes, j’suis pas un parote ! Avec une professionnelle, je prends des cours d’anatomie féminine, disons une vingtaine de leçons et, comme ça, quand j’me marie j’ai pas l’air d’un babao. C’est honnête, non ?
En définitive, c’est autant pour moi que pour ma future épouse, que j’me sacrifie ! Voilà, moi qui ai horreur de l’école, j’me sacrifie par amour. j’vais prendre des cours particuliers au collège de l’amour. BA,BA,BA, ma mère, elle avait raison, j’aurai dû faire l’avocat. Avec la robe noire et des grandes manches comme Darry Cowl que j’me rappelle plus le titre du film.
Disons qu’avec Daisy, j’me fais la main ! Et le reste, d’accord mais ya pas d’fumée sans feu ! Disons que Daisy, ce sera un dommage collatéral à mon entente avec Elizabeth. Putain, les femmes, elles doivent être folles de rage…………O, vous savez pas plaisanter ou quoi? Vous prenez tout pour argent comptant, on peut vous raconter n’importe quoi, vous foncez ! C’est bon à savoir pour mon futur. Non mais c’est un monde de pas pouvoir parler sans que vous montiez sur vos grands chevaux ! Presque j’engueule mes lectrices………je re-plaisante ! Zarmah, j’suis en colère ! Allez va j’arrête de plaisanteries parce que vous savez même pas plaisanter. Je fais le samote ou plutôt le ralah qui insiste lourdement.
Demain matin, à tous les coups, Serror y va vouloir savoir s’il a bien fait de m’payer la demoiselle de p’tite vertu. En long, en large et en travers, y va falloir lui raconter ma rencontre avec la femme de Donald. Tel que j’le connais, y va vouloir un compte rendu complet. Tazz, j’vais lui raconter. C’est pas parce qu’il m’a payé ma discussion à bâtons rompus avec Daisy que j’vais lui révéler tous mes secrets. Pour qui, y me prend, cuilà ? Et mon intimité, alors ? Vous saviez qu’à seize ans, on avait une intimité, vous ? Elle va m’en faire découvrir des choses cette coquine. Parce que, trois quart d’heure, c’est pas assez si je veux connaitre toutes les turpitudes qu’elle va me proposer. Pour me donner le gousto, en partant de chez elle, elle m’a fait miroiter quelques facettes de son talent. Et je vais y retourner, houlà ! Pour parfaire mon éducation sentimentale. Qui c’est qui en profitera ????? ELIZABETH !

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