4 Novembre 1942
Heureusement, les enfants alertèrent le
conducteur du GMC qui stoppa le véhicule pour conduire Richard à la caserne Dubourdieu flambant neuve. Norbert et Pierrot coururent jusqu'à
l'hôtel Césarée pour prévenir la mère de Richard. Totalement affolée, elle
appela son époux qui, bien sur, ne se trouvait pas là et, le temps d'enfiler
ses chaussures, elle alla prévenir Papa Ayache qui s'empressa de l'accompagner
à la caserne, charge laissée à Pierrot et Norbert de garder les petits frères
de Richard.
--Je leur avais bien dit de rester au
jardin! Se lamenta maman
Atlan.
--C'est pas à vous que je vais apprendre
que les garçons n'aiment pas obéir!
La caserne était un établissement
moderne de plusieurs blocs de forme rectangulaire où les officiers de réserve
étaient formés avant d'être envoyés au front.
Richard séjournait dans une chambre
spartiate où étaient alignées des literies retournées en attente d'être à
nouveau occupées.
Maman Atlan risqua de se trouver mal en
voyant le bras plâtré de Richard. Le médecin-chef de la caserne confirma que
tout s'était bien passé et qu'il pouvait rentrer chez lui. Déjà, maman Atlan
prenait le ciel à témoin:
--Mais comment tu t'es fait ça? Tu
pouvais pas resté au jardin comme je te l'avais demandé, non!
Puis s'adressant à papa Ayache:
--Ces enfants, y vont me faire mourir à
petit feu!
Papa Ayache, habitué aux désobéissances
de ses élèves qui heureusement n'avaient pas toujours ce tragique dénouement,
tempéra le découragement maternel de maman Atlan et posant sa main sur l'épaule
de Richard dans un geste protecteur, lui dit:
--Allez rentrons à l'hôtel et que ça te
serve de leçon, une bonne fois pour toutes!
Recommandation accompagnée par un
discret clin d'œil qui scella la complicité du vieux maitre et du jeune
"chitane".
La grande famille de l'opération plume
sergent major accueillit Richard et sa mère le plus discrètement possible mais
l'exubérance des gens de Bab El Oued ne saurait se suffire d'un accueil mitigé
lorsque la santé d'un enfant était en jeu. C'est tout juste si on n'entendit
pas de you-you dans les rues de Cherchell, ce jour-là! Mais le petit regard malheureux
que lança Edith fut sa plus belle récompense!
--Ca te fait mal?
--Plus maintenant mais tout à l'heure,
la purée!
S'il avait osé, il lui aurait dit
combien lui avait du bien son visage tourmenté lorsqu'elle le vit, le bras en
écharpe. S'il avait pu en rajouter afin de se faire plaindre davantage, il
l'aurait fait mais l'intérêt de la jolie Edith fût si sincère qu'il préféra en
resté là.
Il aurait toujours le temps d'émouvoir
les copains de l'école Rochambeau par un récit exagérément dramatisé de sa
malencontreuse aventure.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire