samedi 5 septembre 2015

Un petit aperçu de mon nouvel ouvrage : LE COIFFEUR DE BAB EL OUED


 Ça y est, les clients y retrouvent le chemin du salon. Pour se faire beau, (juste un chouïa sur les côtés, hein !) ou pour parler à bâtons rompus. Achno adda, à bâtons rompus ? Qui c’est le fatigué de naissance qui a inventé cette expression ? Y en a des fois, hein !
Le salon il est plein comme un œuf. Halimi, qu’il était tailleur chez mon oncle quand il était petit (il est toujours petit mais depuis qu’il est champion de boxe, on le voit  en grand) demain, il dispute le championnat d’Europe contre le détenteur du titre, un italien, Mario d’Agata que le pauvre, il est sourd comme un pot.
(Sourd comme un pot, encore une expression qu’elle me laisse pantois !)
--Ma parole, une botcha d’Halimi et y va retrouver la vue de l’oreille, enfin l’audition !
Sylvain, comme tous les juifs, il supporte le petit constantinois mais Pasquale, du quartier des Italiens, il mise sur la victoire du détenteur du titre.
--Houla, on parie, toi d’Agata et moi Halimi ? Propose Sylvain !
--Tape-cinq ! Le défie le roi des beignets italiens.
--Qu’est-ce qu’on parie ?
C’est là que j’interviens.
--Vous mettez 5 francs chacun dans le tiroir et demain, le vainqueur, il encaisse.
Moi, je coupe les cheveux et les parieurs y s’emballent.
--Qué, 5 francs, dix francs qu’Halimi y fait une tête au carré à  ton d’Agata !
--Mon d’Agata, il va lui faire les yeux en agate à ton Halimi !
--M’lerr !
Purée, 10 francs y jouent et en plus, y me les confient. Demain, je me sauve avec la caisse ! Moi, la vérité, j’aurais pas confiance. Toute la nuit, je resterais devant le salon armé jusqu’aux dents!
Aussitôt dit, aussitôt fait ! L’argent  y me porte chance parce que les clients y z’affluent. Rien que je coupe, je coiffe, je gomine, je frictionne. Mes clients j’en fais des chochottes. Je les bichonne pour que les filles, elles tombent comme des mouches. J’ai même de la brillantine pour les Rudolph Valentino de pacotille. Je suis le roi du Roja net. Y se prennent tous pour Luis Mariano. Mais Carmen Sévilla, elle aime que les toréadors. Et des Olé Toréro, y en a pas bezef à Alger. A Oran, oui, où les arènes elles désemplissent pas mais à Alger, elles ont été démolies en 1900 avec le trou Bonnifay. Enfin, Carmen Sévilla ou pas, mes chochottes, elles vont puer.
 

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