dimanche 7 juin 2015

ORANGE ET ISRAEL

 Après avoir déclaré lors d’une conférence au Caire que s’il le pouvait, il « romprait immédiatement » tout lien commercial avec Israël, Stéphane Richard s’est pris une volée de bois vert à laquelle il ne s’attendait sans doute pas. 

Netanyahou : « je demande au gouvernement français de dénoncer ces propos abjects »

Richard s’est fait taper sur les doigts successivement par le gouvernement israélien généralement apathique face à la guerre idéologique, par plusieurs députés israéliens, et par le premier ministre Benjamin Netanyahou lui-même, qui a demandé « au gouvernement français de dénoncer ces propos abjects ». L’ambassadeur d’Israël en France l’a rencontré et admonesté, et le ministre des Affaires étrangères française Fabius a pris ses distances en rappelant que son gouvernement ne soutient pas le boycott.

Alors Richard, la queue entre les jambes, a tenté de faire machine arrière…

Richard a cru pouvoir prendre les gens pour des cons en déclarant ne pas être au courant de l’existence d’une campagne de boycott orchestrée par BDS, une organisation antisémite. On le croit évidemment sur parole.
Il a assuré être un ami d’Israël : là aussi il nous a convaincu. Déclarer devant un public musulman hostile vouloir rompre tous liens avec l’Etat juif est en effet un message d’amitié. Ce genre d’amis qui fait oublier les ennemis.
Il a affirmé ne pas être antisémite, car sa décision est strictement d’ordre commerciale et non politique.

Et là, Richard a franchit la ligne rouge.

En déclarant que sa décision de se retirer d’Israël n’est pas antisémite mais commerciale, Richard a dit les mots de trop. Que les médias ne l’aient pas relevé est dans leur tradition, cela n’enlève rien à leur gravité.
Qu’un ministre de gauche, Laurent Fabius ait rappelé que l’entreprise Orange est libre de décider de sa politique commerciale ne surprend pas : la gauche dirigiste et anti-libérale est toujours la première à piétinner sa propre doctrine. « S’il appartient au président du groupe Orange de définir la stratégie commerciale de son entreprise, la France est fermement opposée au boycott d’Israël » a déclaré Fabius.
 
Et bien non. Le Richard et le Fabius sont dans l’erreur. La stratégie d’une entreprise n’est pas au dessus des lois.

Discrimination et antisémitisme, discrimination ou antisémitisme

S’il existait plusieurs Etats juifs dans le monde, et que Stéphane Richard décidait de se désengager de l’un d’entre eux, Israël, il pourrait invoquer une décision commerciale. Comme il n’existe qu’un seul Etat juif, rompre les liens avec lui alors qu’il n’a déclarer vouloir rompre, sauf erreur, avec aucun autre pays, est de la discrimination, qui est peut-être une « stratégie commerciale » légale au Qatar où en Arabie Saoudite, certainement pas dans la patrie des Droits de l’homme.
Et si Richard nie à Israël sa particularité d’Etat juif dans sa décision pour ne voir en lui que le client … disons lambda, qui « n’a absolument rien à voir avec un quelconque débat politique », alors ses propos sont antisémites. Nier qu’Israël est un Etat juif est antisémite, a déclaré le pape François dans un email au journaliste portugais Henrique Cymerman, et c’est aussi ce que refusent d’admettre le Hamas, l’OLP et le Fatah de Mahmoud Abbas.
De quel coté qu’on se tourne, et dans le contexte de guerre totale contre Israël, les propos de Stéphane Richard sont inacceptables.

Hypocrisie

La question qui dérange : c’est avec Hutchinson, une compagnie de Hong Kong, ancien propriétaire de Orange, qu’Israël a initialement signé son contrat. Mais pourquoi Richard a-t-il renouvelé en avril dernier, et pour 10 ans, le contrat avec le groupe Partner qui exploite la marque en Israël, si c’est pour « le rompre demain matin si je pouvais » ?
Le PDG orangé est-il à ce point instable qu’il signe pour 10 ans en avril et le regrette en juin ?
S’il est reconnu coupable de complicité de détournement de fonds publics dans l’arbitrage Tapie pour lequel il a été mis en examen le 21 mai, après avoir été accusé, en juin 2014, d’escroquerie en bande organisée dans la même affaire, je ne lui apporterai pas des oranges.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Christian Larnet pour Dreuz.info.
 

 

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