lundi 29 juin 2015

Etat palestinien : Mythe et réalité

 
Faisant fi de l’histoire et de la situation géopolitique actuelle, l’Occident continue de célébrer le narratif palestinien.
Le Moyen-Orient est la proie des flammes ; musulmans chiites et sunnites s’affrontent sans merci au nom d’un même Dieu. Les victimes se comptent par centaines de milliers, mais l’Occident ne semble guère s’en préoccuper. Il continue à soutenir que si un Etat palestinien voyait le jour, la paix reviendrait immédiatement, et que si cela n’arrive pas, Israël en est le seul coupable. Après tout, il est plus facile de blâmer l’unique Etat juif – et seule démocratie de la région – que 22 pays arabes se réclamant de l’islam, religion qui commence à inquiéter sérieusement l’Occident et qui progresse en Europe. C’est à se demander si l’Union européenne
C’est à se demander si l’Union européenne et les Etats-Unis connaissent l’histoire de la région et surtout s’ils ont bien réfléchi aux conséquences catastrophiques que pourrait avoir la création d’un Etat palestinien, surtout en ce moment.
Aussi curieux que cela puisse paraître pour certains, il n’y a jamais eu d’Etat palestinien. Pendant des siècles, musulmans, chrétiens de toutes obédiences, juifs ou Kurdes ont évolué dans un vaste empire ottoman dont aucune des divisions administratives au Moyen-Orient ne s’appelait Palestine. C’est de façon tout à fait arbitraire que la France et l’Angleterre, se partageant des zones d’influence, ont établi de nouvelles divisions, après la défaite ottomane de la Première Guerre mondiale. Ainsi sont nés la Syrie (dont le Liban a été détaché plus tard, ce que Damas a difficilement accepté), l’Irak et la Palestine. L’une des raisons pour laquelle la Palestine n’a pas été rattachée à l’époque à la Syrie ou à l’Irak est la fameuse déclaration Balfour par laquelle la Grande-Bretagne s’était engagée à favoriser la création d’un foyer national juif.
La Société des nations a entériné ces divisions et les puissances mandataires ont été chargées de préparer les nouvelles entités à l’indépendance. Les Arabes qui vivaient dans la Palestine mandataire se sont donc trouvés séparés de leurs parents ou de leurs tribus en Syrie et en Irak. Mais la Grande-Bretagne a rapidement détaché les quatre cinquièmes de cette Palestine pour y créer un nouvel Etat, la Transjordanie, qui a ainsi reçu tous les territoires situés sur la rive orientale du Jourdain.
Les Arabes restant ont alors aspiré à être réunis avec leurs frères en Syrie, en Transjordanie et en Irak. Ils rêvaient d’un nouveau califat où les minorités chrétiennes et juives seraient des citoyens de seconde zone. Non seulement ils ne voulaient pas d’un Etat juif, mais ils ne voulaient pas créer leur propre Etat. Faut-il rappeler qu’ils auraient pu créer cet Etat dans les années trente ; qu’ils auraient pu le créer en 1948 lors du vote des Nations unies sur la partition ; et enfin qu’ils auraient pu le créer sur l’ensemble de la rive occidentale du Jourdain et de Jérusalem-Est de 1949 à 1967 alors que ces territoires étaient sous contrôle jordanien ?
Faut-il encore rappeler que l’Organisation de libération de la Palestine a été créée en 1964 et que sa charte stipulait : « La Palestine dans les frontières du Mandat britannique est une seule unité régionale dans son intégralité. » En clair, un appel à la destruction d’Israël.
Changer de stratégie
Les pays résultant du découpage artificiel de l’empire ottoman ont cherché en vain à trouver leur équilibre économique et politique. Partout les tensions ethniques ou tribales ont entraîné rébellions et révolutions sanglantes, rendant impossible la création d’un narratif national qui aurait cimenté l’union nationale. Les suites désastreuses de l’intervention américaine en Irak, puis plus tard les espoirs déçus d’un printemps arabe trompeur ont réveillé l’islam radical qui, sous l’impulsion des Frères musulmans, a été de succès en succès, de la Tunisie à la Libye, en passant par l’Egypte et la Syrie. Parallèlement, l’Iran chiite poursuivait son rêve d’hégémonie au Moyen-Orient en avançant ses pions – le Hezbollah au Liban et les milices houthies au Yémen.
A la suite de la guerre des Six Jours et des accords de paix conclus entre Israël et l’Egypte, les tentatives de négociations entre Israël et les dirigeants palestiniens successifs se sont toujours soldées par des échecs. Le moment est-il venu de faire un nouvel effort, alors que le Moyen-Orient est au bord du gouffre ? L’Irak, la Syrie, la Libye, la Somalie et le Yémen sont en pleine désintégration ; l’Egypte doit affronter le terrorisme qui menace son intégrité et son développement économique. Un nouveau tout petit pays, déchiré par des divisions internes, pourrait-il survivre ? Un pays qui aspirerait à se développer à l’est aux dépens de la Jordanie et à l’ouest aux dépens d’Israël ? Un pays convoité par le Hamas et l’Etat islamique qui feraient de leur mieux pour s’en emparer ? Un pays qui, en dernière analyse, aurait besoin de la protection d’Israël pour survivre. Et quid de Gaza qui ne cache pas son intention de plonger la région dans une nouvelle et meurtrière confrontation ? Cela ne signifie pas qu’une solution ne pourrait être trouvée. Mais, pour cela, les dirigeants palestiniens devraient reconnaître une fois pour toutes qu’Israël est un Etat juif qui a le droit d’exister en tant que tel, ce qu’ils ne veulent à aucun prix. Au contraire, ils déploient tous leurs efforts à promouvoir un narratif « historique » qui fait fi
Mandat britannique : frontières du territoire à l’intérieur duquel le Foyer national juif devait être établi.
De l’Histoire, et dénie au peuple d’Israël tout lien avec la terre de ses ancêtres. Les Israéliens ont eu le tort de ne pas s’inquiéter à temps et aujourd’hui les dirigeants palestiniens revendiquent sans vergogne un « Jésus palestinien ». Lorsqu’Israël a accordé l’autonomie aux Palestiniens sur la plus grande partie de la Judée et de la Samarie – la rive occidentale du Jourdain – le journal Le Monde n’a pas hésité à consacrer de longs développements « aux festivités du premier Noël palestinien. » Qui se souvient que Jésus était juif et que le mot Palestine n’apparaît pas une seule fois dans le Nouveau Testament ?
Le Premier ministre israélien, lui, a compris le danger qu’il y aurait à créer un Etat palestinien maintenant ; il sait que la solution est à trouver dans un accord entre la Jordanie, les Palestiniens et l’Etat juif, avec le soutien tacite de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite. On en est loin. Les Nations unies, l’Union européenne et les Etats-Unis, qui accentuent leurs pressions sur Israël, devraient réfléchir un peu et exercer leurs considérable influence sur Ramallah. Israël a déclaré plus d’une fois qu’il était prêt à des compromis douloureux pour arriver à une paix juste et durable qui signifierait la fin du conflit. Les dirigeants palestiniens, eux, détournent l’Histoire et poursuivent leur entreprise de diabolisation, convaincus que l’Occident réussira là où cinq guerres ont échoué. •

L’auteur est ancien ambassadeur d’Israël en Egypte.

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