mardi 22 octobre 2013

SOUVENIRS EN VRAC..... de hubert zakine

Les cinémas de notre enfance sont restés gravés dans nos mémoires endolories
Nous autres, les enfants nous aimions les westerns appelés communément « film de cow-boy », où les chevauchées et les bagarres au saloon étaient obligatoires et monnaie courante.
Devant les entrées de cinéma, se tenait le « 5/25 », le casino du pauvre, contre lequel on tentait de gagner de quoi se payer une place .
Le cinémascope faisait son apparition avec " CAPITAINE KING" un film avec Tyrone Power . Pour la circonstance, le Marignan avait étrenné son immense écran. Je me souviens du murmure (doux éphémisme pour un peuple dont le verbe haut était l'un des signes distinctifs) qui accompagna l'ouverture du rideau jaune.
A cette époque, l’accès aux salles ne se faisait qu’après avoir montré patte blanche et prouvé que l’on avait atteint l’âge canonique de seize ans pour les films de Martine Carol (LUCRECE BORGIA) ou Brigitte Bardot ( EN EFFEUILLANT LA MARGUERITE et ET DIEU CREA LA FEMME).
Les billets étaient numérotés et malheur à celui qui voulait changer de place. Après avoir fait la "chaîne", la caissière nous délivrait nos billets en n'omettant pas de marquer de son crayon gras (d'une croix rouge ou bleue) la place réservée sur le plan du cinéma . L’ouvreuse nous installait alors dans notre siège numéroté sans oublier de tendre immanquablement la main pour recevoir une petite pièce (ou un doigt d’un " chitane" qui se faisait aussitôt traiter de "p'tit voyou") .
Pendant la pause, entre la première partie ( souvent un documentaire qui nous barbait ou un dessin animé qui nous ravissait) et le « grand » film, le « gousto » d'acheter des « Coeurs Glacés" présentés par l’ouvreuse nous mettait l'eau à la bouche mais "macache l'argent", alors on faisait "tintin". Nous aimions l’entracte qui nous permettait de faire un clin d'oeil au petit négro d'Afric-Film (13 rue auber, Alger 628-28 et 628-29), de se délecter des réclames, ancêtres des publicités et de s'adonner au chahut car on savait qu'il nous fallait respecter le silence quand le film commençerait.
Le retardataire était conduit dans l’obscurité de la salle par l’ouvreuse. On ne distinguait que le rond lumineux de sa lampe de poche dirigée vers le sol sous les remontrances des adultes qui ne désiraient pas etre dérangés
Que ce soit dans la variété, les galas de boxe ou de catch, le théâtre ou encore le cinéma, le Majestic rue Borély la Sapie,était la salle la plus prestigieuse de Bab El Oued et la plus vaste d'Afrique du Nord.
La grande salle du Marignan, sur l’avenue Durando, Le Variétés, rue Eugéne Robe, le Plaza rue du Général Verneau, le Suffren, le Lynx ex-Bijou rue Rosetti, le Trianon avenue de la Bouzaréah transformé en Monoprix (modernisme oblige !) le Rialto à la basseta, le Palace et le Mon Ciné de la rue Rochambeau autant de cinémas qui nous ont laissés des tendres souvenirs; Noublions pas les acteurs et actrices du passé : Jeff Chandler, Randolph Scott, Audie Murphy, James Cagney, Deborah Kerr, les Trois Stooges, Jean Simons, Roy Rogers, Dean Martin et Jerry Lewis and so on..........(je pourrais écrire un livre avec les artistes qui ont bercé notre enfance)
Nous étions amoureux (les jeunes d'aujourd'hui diraient "fan") du cinema americain mais également des films italiens (Rossana Podesta, Toto, Alberto Sordi, Silvana Mangano, Robertino, Silvana Pampanini, Amédéo Nazzari et consorts, des films hispaniques avec l'enfant à la voix d'or , Joselito qui électrisait le public feminin ainsi que les films de Luis Mariano et Carmen Sevilla, le couple préféré des pieds noirs et Sarita Montiel.
Nous ne nous privions cependant pas des films francais (Fernandel se taillant la part du lion avec la série des Don Camillo, une farce où tous les pieds noirs se retrouvaient.) Mais PLEIN SOLEIL, SAINT TROPEZ BLUES, LES TRICHEURS, LES COUSINS et FAIBLES FEMMES annonçaient déjà les films "nouvelle vague" des CHABROL, MALLE, TRUFFAUT et GODARD. ( ah, ce film de Godard avec Belmondo, Brialy et Anna Karina "UNE FEMME EST UNE FEMME" ). Les "Variétés" ne dut qu'à l'amour des algérois pour "leur" cinéma de ne pas être mis à sac tant la colère fut omniprésente. En effet, le "chef d'oeuvre" de Godard fut le plus grand navet du cinéma français que Bab El Oued connut.




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