vendredi 18 octobre 2013

FOOTBALL DE CHEZ NOUS DE HUBERT ZAKINE


ON EST CHAUVIN OU ON N'EST PAS CHAUVIN

Tous les dimanches, les amateurs de football, on devenait des zombis. C’était le jour du « match du siècle » qui se renouvelait deux fois l’an, ASSE- GSA, notre Réal Madrid-Football Club Barcelone à nous z’autres.






Dès le matin, on se tapait supputations sur supputations. Des supporteurs qui supputaient aux quatre coins de Bab El Oued. A la « Grande Brasserie » , au « Select » au « Café Riche » et dans tous les cafés d’Alger, on se promettait la tannée quand ce n’était pas la « tléra ».





J’vous dis pas la « rouf ». Parce qu’on savait trop bien que notre honneur il en prendrait un sacré coup si jamais, ce qu’à dieu ne plaise, notre équipe elle perdait. Purée pendant six mois, notre adversaire, il allait nous pourrir la vie chaque jour en nous regardant avec un air de commisération narquoise.

Toute la semaine, on avait espéré en parcourant le « Journal d’Alger », « l’Echo d’Alger », « la Dépêche Quotidienne » ou « Dernière Heure » l’annonce éventuelle de la blessure inespérée des meilleurs joueurs de l’équipe adverse.

L’anisette en alliée jusqu’à l’heure du match, on tentait d’oublier l’environnement qui pousse à discuter de football, à pronostiquer, non pas la victoire car un algérois bon teint ignore la défaite, mais le score. 1 à 0 ; 2 à 0 ou 3 à 0 ! De toutes manières, on est les plus forts. Peu importe le score pourvu qu’on aie l’ivresse de la victoire !

On déjeunait à midi pile car les hommes y pouvaient v pas se soustraire au repas dominical en famille, et en avant nous autres !

Même si on se saoule de paroles en galopant, excité, vers le stade au milieu de la foule qui presse le pas, on a de plus en plus mal au ventre au fur et à mesure que l’on s’approche de l’arène sportive.

Les excités du Gallia face aux excités de l’ASSE, y manquait plus que les « taouètes » ou la « sbate » pour en découdre. Notre Dame d’Afrique en point de mire, on priait sans le savoir tous les saints de la terre d’Algérie pour la victoire de son équipe.





Tout le monde, il avertissait les supporteurs. Le café sous les tribunes y priait:

QUOI QU'ON DISE, QUOI QU'ON FASSE, ON EST MIEUX ICI, QU'EN FACE.

En face c’était les cimetières ! LAISTARNA ou QUE DIEU Y NOUS EN PRESERVE.

Le stade il affichait complet avec plein de recommandations à l'entour comme si on était des babaos!
INSULTER L'ARBITRE, C'EST FACILE. LE REMPLACER, PLUS DIFFICILE.
On était prévenus, les chauvins on en voulait pas ! N’importe quoi, on était tous chauvins même que notre équipe c’était la meilleure du monde et des alentours. Qué chauvins ! Amoureux de notre équipe, on était !

Si elle gagnait, on trouvait que c'était normal ! On roulerait des mécaniques toute l’année mais si elle perdait, ya pas, l’arbitre, c’était un salopris. Il avait été acheté c’est sûr comme deux et deux font cinq dans tes yeux. On raserait les murs et les coiffeurs y raseraient gratis ! Purée, la vie elle valait plus le coup (de zouzguef) d'être vécue! aya zoumbo au cimetière!

QUOI QU'ON DISE, QUOI QU'ON FASSE,

UN SUPPORTER ALGEROIS FARTASSE,

DU RUA, DU GALLIA OU DE L'ASSE

MEME S'IL EST CH'LASS OU R'LASS,

IL RESTE CHAUVIN  MAIS AVEC CLASSE!


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