Aujourd’hui,
c’est dimanche et toutes les sœurs de ma mère, elles vont rappliquer au
cabanon. Sûr qu’en voyant ma tête pleine de pansements, elles vont se trouver
mal. A moins qu’elles croient mais c’est peu probable, que je me suis converti
à l’Islam avec mon turban à la gomme. A tous les coups, elles vont s’en prendre
à mon père qui surveille pas ses enfants. Taper la sieste et jouer à la
belote , ça y sait, va !
Raïeb, mon
père ! Y savait pas qu’il épousait toutes les sœurs et les cousines de ma
mère en se mariant. Sans compter les tantes, les amies et les voisines que la
vérité, ça fait aussi partie de la famille. Reusement, qu’il est oriental et
que les élucubrations et la mauvaise foi des femmes, ça lui en touche une sans
faire bouger l’autre.
--« Ca fait rien mon fils, c’est pour dire ! »
Papa Thomas,
lui c’est différent. Il est long et sec comme un jour sans pain (juif ?).
Ancien joueur du Gallia Sport Algérois, y pense football, y mange football, y
lit football, y parle football. C’est tout juste si y fait pas pipi football,
rouge et bleu aux couleurs du Gallia. Seulement, il a un défaut : y sait
pas parler sans dire des gros mots. Les femmes du cabanon, rien qu’elles le
reprennent .
--«
Monsieur Thomas, on dit pas une chiée plus quinze, on donne le chiffre
exact ! »
--«
Monsieur Thomas, on dit pas tapette, on dit efféminé ! »
--« Monsieur
Thomas, ya des enfants quand même. Vous pouvez pas dire purée au lieu de dire
putain ! »
Zarmah,
c’était pour pas écorcher nos chastes oreilles. Si elles savaient les
grossièretés qu’elles sortent de nos bouches innocentes, elles s’arrachent tous
les cheveux.
Quant à Papa
Bensimon, il est comptable à la ville et à la tablée de belote. Sérieux comme
un verre d’eau, jamais y fait de vagues sauf quand mon père y triche. Alors là,
y devient avocat, juge et shérif. Y prend tout le monde à témoin même ceux qui
en touchent pas une à la belote. Ca donne lieu à des disputes de bonne santé
qui débouchent invariablement sur des fous rires de bonne humeur.
Bernard, on
le voit plus. Du matin au soir y frotte avec Francette mais y a pas moyen de
moyenner. Rien elle veut savoir. Alors, bien sur, y me prend pour un bloffeur.
Tant qu’il aura pas perdu son pucelage, y croira que je suis le roi des
affabulateurs, que je prends mes rêves pour des réalités et qu’en plus, je
lui fais prendre des vessies pour des
lanternes. (celui qui peut me taper l’expliquement de cette expression, y gagne
trois chewing gum Globo)
Quant à
Jeannot, sa « fiancée » des Bains Romains, elle est déjà rentrée à
Alger alors y traîne comme un orphelin. Pareil à Christian Fourcade dans
« Chiens perdus sans collier). Moi
et mon cinéma !
--«
Mon fils, fais attention en traversant ! » encore un peu elle ajoute
« pace qu’y a des automobiles ! »
--« Ne
cours pas ! » elle oublie que
c’est la tête qui a morflé et pas les jambes.
--« Ne
joues plus au football ! » Elle pourrait la aussi ajouter «
laisse les autres se casser les jambes. »
Alors, je
joue les enfants sages pour pas faire faire du mauvais sang à ma mère. J’me
promène de Baïnem à la Pointe pescade en compagnie de Colette. On largue de
plus en plus les amarres d’avec les copains. Colette elle me parle sans arrêt
d’avenir comme si elle était une caisse de prévoyance. Et on frotte de plus en
plus.
Je regarde
aussi les tétés de Colette quand on va se cacher dans la forêt et qu’allongée,
elle me laisse mater sa poitrine toute nue. La sensualité elle fait partie
intégrante de notre relation et chaque fois c’est moins une que dans neuf mois
ma mère elle devient grand-mère.
De temps en
temps, pour arrêter de jouer les obsédés, je détourne mon regard vers le décor
de la Méditerranée qui joue permanent à toutes
les heures de la journée. Avant je regardais, maintenant je vois.
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