vendredi 19 avril 2013

HORIZONS BLEUS " le cabanon des gens heureux" de Hubert Zakine


Aujourd’hui, c’est dimanche et toutes les sœurs de ma mère, elles vont rappliquer au cabanon. Sûr qu’en voyant ma tête pleine de pansements, elles vont se trouver mal. A moins qu’elles croient mais c’est peu probable, que je me suis converti à l’Islam avec mon turban à la gomme. A tous les coups, elles vont s’en prendre à mon père qui surveille pas ses enfants. Taper la sieste et jouer à la belote , ça y sait, va !

Raïeb, mon père ! Y savait pas qu’il épousait toutes les sœurs et les cousines de ma mère en se mariant. Sans compter les tantes, les amies et les voisines que la vérité, ça fait aussi partie de la famille. Reusement, qu’il est oriental et que les élucubrations et la mauvaise foi des femmes, ça lui en touche une sans faire bouger l’autre.

 Ma mère, elle aime Colette. Tous les jours, elle me fait l’article. " Deux comme elle, tu trouves pas ! »
--«  Manman, j’ai à peine quinze ans ! »
--«  Ca fait rien mon fils, c’est pour dire ! »

 Mon père et ses amis y tapent une belote comme tous les samedi soir au sortir du chabbat. Papa Vals, il adore les juifs. Y dit que le pain du chabbat, c’est le meilleur pain de la terre. Que le couscous à la juive, c’est le meilleur de l’univers. Que les Gâteaux de la fête, c’est les plus bons à manger du monde entier. Alors, ma mère elle est obligée de lui donner de tout mais elle est pas dupe. Elle sait que papa Vals c’est le roi des morfals et qu’il est salamalec et compagnie. Mais comme il a le cœur sur la main, elle est contente de le voir partager le pain de l’amitié.

Papa Thomas, lui c’est différent. Il est long et sec comme un jour sans pain (juif ?). Ancien joueur du Gallia Sport Algérois, y pense football, y mange football, y lit football, y parle football. C’est tout juste si y fait pas pipi football, rouge et bleu aux couleurs du Gallia. Seulement, il a un défaut : y sait pas parler sans dire des gros mots. Les femmes du cabanon, rien qu’elles le reprennent .

--«  Monsieur Thomas, on dit pas une chiée plus quinze, on donne le chiffre exact ! »

--«  Monsieur Thomas, on dit pas tapette, on dit efféminé ! »

--« Monsieur Thomas, ya des enfants quand même. Vous pouvez pas dire purée au lieu de dire putain ! »

Zarmah, c’était pour pas écorcher nos chastes oreilles. Si elles savaient les grossièretés qu’elles sortent de nos bouches innocentes, elles s’arrachent tous les cheveux.

Quant à Papa Bensimon, il est comptable à la ville et à la tablée de belote. Sérieux comme un verre d’eau, jamais y fait de vagues sauf quand mon père y triche. Alors là, y devient avocat, juge et shérif. Y prend tout le monde à témoin même ceux qui en touchent pas une à la belote. Ca donne lieu à des disputes de bonne santé qui débouchent invariablement sur des fous rires de bonne humeur.

Bernard, on le voit plus. Du matin au soir y frotte avec Francette mais y a pas moyen de moyenner. Rien elle veut savoir. Alors, bien sur, y me prend pour un bloffeur. Tant qu’il aura pas perdu son pucelage, y croira que je suis le roi des affabulateurs, que je prends mes rêves pour des réalités et qu’en plus, je lui  fais prendre des vessies pour des lanternes. (celui qui peut me taper l’expliquement de cette expression, y gagne trois chewing gum Globo)

Quant à Jeannot, sa « fiancée » des Bains Romains, elle est déjà rentrée à Alger alors y traîne comme un orphelin. Pareil à Christian Fourcade dans « Chiens perdus sans collier).  Moi et mon cinéma !

 Depuis que je porte le turban, rien qu’on se promène Colette et moi. Ma mère et toute sa famille, elles pensent qu’à me faire des recommandations :

--«  Mon fils, fais attention en traversant ! » encore un peu elle ajoute « pace qu’y a des automobiles ! »

--«  Ne cours pas ! »  elle oublie que c’est la tête qui a morflé et pas les jambes.

--«  Ne joues plus au football ! » Elle pourrait la aussi ajouter «  laisse les autres se casser les jambes. »

Alors, je joue les enfants sages pour pas faire faire du mauvais sang à ma mère. J’me promène de Baïnem à la Pointe pescade en compagnie de Colette. On largue de plus en plus les amarres d’avec les copains. Colette elle me parle sans arrêt d’avenir comme si elle était une caisse de prévoyance. Et on frotte de plus en plus.

Je regarde aussi les tétés de Colette quand on va se cacher dans la forêt et qu’allongée, elle me laisse mater sa poitrine toute nue. La sensualité elle fait partie intégrante de notre relation et chaque fois c’est moins une que dans neuf mois ma mère elle devient grand-mère.

De temps en temps, pour arrêter de jouer les obsédés, je détourne mon regard vers le décor de la Méditerranée qui joue permanent à toutes  les heures de la journée. Avant je regardais, maintenant je vois.

 A SUIVRE.....................

 

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