Ma
mère, toujours elle nous fait la guerre pour qu’on lui débarrasse le plancher
de bonne heure pour qu’elle puisse faire le ménage. Parce que, jamais, elle
pourrait aller faire les commissions en laissant du désordre dans la maison. La
honte, elle lui mangerait trop la figure. Mais, là, je me lève tôt, elle trouve
quand même à redire ! Yaré, ma mère !
Je
me lave sans trop me mouiller la figure, juste les yeux et les oreilles !
Je me coiffe en sortant la langue. Je m’applique pour me taper une raie bien
droite sur le côté gauche et si je me mets pas du Vitapointe, c’est que Paulo,
y préfère le cacher pour pas que je lui vide le tube. Les dents, je souris
comme un babao devant ma glace pour voir si elles sont blanches mais quand
même, je passe du bicarbonate pour les rendre plus propres, des fois que
Nicole, elle me tape l’expédition des cordes vocales. Je brille comme un sou
neuf quand je sors de la salle de bains, même que ma mère, elle peut pas
s’empêcher de se complimenter d’avoir fait de si beaux garçons. Surtout
moi ! Nicole, elle va tomber à la renverse quand je vais apparaître dans
mon alligator noir. A savoir si elle va pas se trouver mal. Je vais mettre les
BNCI blanches même qu’à Bab El Oued, c’est la grande mode. Zarmah, je suis un
grand volleyeur. Sara, sara, je me regarde dans la glace de la salle à manger
pour constater que ma mère elle a raison: je suis vraiment le plus beau du monde et des
alentours. Ma mère, avec son sixième sens commun à toutes les mamans d’Algérie
(Les autres, de Patosie ou du Nicaragua, la vérité, je connais pas !) elle
semble se douter que, si son fils y se déguise comme ça, c’est pas pour
Bouzouz, Bozambo ou Mani. Seulement, l’anguille sous roche, elle cherche, elle
trouve pas. La pauvre, elle sait pas que son fils, c’est devenu l’amoureux
transi du quartier.
--Quoi, vous savez pas c’qui est
arrivé au petit du 4 rue Koechlin ?
--Quel petit ?
--Le grand ! Celui qui est
si beau, si musclé et si intelligent !
(Tant qu’y a d’la gêne, y a pas
d’plaisir !)
--Et bien ?
--Il est amoureux transi !
--De qui ?
--De la petite italienne du
jardin Guillemin.
--Il a bon goût ce
salopris ! Quel beau couple ! Et elle aussi, elle
est transie ?
--Tu parles ! Il est
tellement joli garçon !
(Je
rajoute une couche des fois que la lectrice elle comprend pas ou qu’elle est
truch).
Au
moment de partir, je jette un dernier regard à la glace de la salle de
bain, je remets de l’eau de Cologne à ma mère. Je dois puer ! Je descends
tout doucement de peur de me décoiffer alors qu’habituellement, je dévale les
escaliers quatre à quatre. Et dire que les fils à pèpe, y se comportent tout le
temps comme ça ! Moi, j’en suis qu’au deuxième étage et déjà, j’ai des
crampes de faire attention à tout. Ma concierge, elle me lance un drôle de
regard. On dirait qu’elle a vu un martien. A mon avis, elle va monter voir ma
mère pour lui demander qui c’est ce petit qui ressemble à son fils mais qui a
un comportement inquiétant.
--C’est votre fils !
-Oui madame Sitbon ! Mais le
pauvre, il est amoureux transi !
--Ah bon, maintenant, je
comprends. Y commence jeune, hein ?
--Je sais pas de qui y tire celui
là !
Les
amis, si y me voient, y font que rigoler. Bien faire et laisser dire, je
deviens philosophe. Les philosophes, y sont tellement intelligents qu’ils sont
tous siphonnés de la carafe. Y voient des choses que les gens même pas y
pensent mais qu’au fond, mais alors vraiment au tréfonds d’eux mêmes, en
creusant bien, y voudraient dire. Allez va à fangoule, va !

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