André AUSSIGNAC, originaire de Bordeaux, militaire appelé en
Algérie, Enlevé par le FLN, après l'indépendance, raconte en détail son
enlèvement et le calvaire inhumain qu'il a subi dans une mine de fer près de
Miliana, avec d'autres français civils ou militaires.
Le témoignage écrit ci-dessous correspond tout à fait à ce
qu'il avait dit lors de cette conférence.
André Aussignac, 68 ans, appelé du 23e Rima à Alger, a été
déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l'Armée française.
J'offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont
été sacrifiés.
« Le soir du 21
juillet 1962, j'ai quitté, en uniforme, la Maison carrée (caserne) d'Alger pour
aller acheter des cigarettes. Je suis tombé sur un barrage de musulmans en
uniforme. Ils m'ont pris ma carte d'identité militaire et l'ont déchirée. Je me
suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le
propriétaire du véhicule. On a été conduits dans une briqueterie, déshabillés
et jetés dans un four encore tiède. Dans la nuit, d'autres Européens sont arrivés. A la fin, on
était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter
qu'ils allument le four.
Au bout de quarante-huit heures environ, nous sommes partis
en camion bâché. Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a
entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de
Miliana. Là, on nous a jetés à moitié nus dans une galerie. Dans la mienne, on
était environ 60, mais il y avait d'autres galeries avec d'autres Européens. On
nous obligeait à creuser avec des petites pioches.
On avait droit à un verre d'eau par jour et parfois à un
plat de semoule. Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les
parois humides de la mine et on suçait les gouttes d'eau. Quand le plat de
semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous.
Certains sont morts d'épuisement, d'autres se sont
volontairement tués.
Une fois, l'un d'entre nous a planté sa pioche dans la terre
et s'est jeté sur la lame.
Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie.
Je ne me suis pas levé pour le saluer. Il m'a balancé un grand coup de pied
dans la tête [la cicatrice à l'arcade sourcilière est encore visible].
J'ai essayé de m'évader deux fois sans succès. La première
fois, en représailles, on m'a donné de grands coups de bâton sur les chevilles.
La deuxième, on m'a assis sur une pierre, ligoté à un pieu
et arraché les ongles des orteils avec une pince.
La troisième tentative a été la bonne. J'étais avec deux
autres copains qui ont été abattus. J'ai marché jusqu'à l'épuisement. Des
pieds-noirs m'ont découvert évanoui et nu dans un fossé.
Ils m'ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en
direction de Marseille.
Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents ni
ma fiancée ne m'ont reconnu. Je pesais moins de 40 kilos [contre 70 avant son
départ].
Le 22 juillet 1963, j'ai été arrêté par la gendarmerie de
Villeneuve-sur-Lot.
C'était pendant mon voyage de noces. On m'a interné au fort
du Hâ pour "désertion en temps de paix" ! J'ai été brutalisé.
On voulait que je livre les filières qui m'avaient permis de
revenir d'Algérie. Je suis resté muet.
On m'a ensuite conduit à l'hôpital militaire Robert Piquet.
Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit : "Individu dangereux, à ne
pas mettre en contact avec les autres recrues".
Le tribunal militaire de Bordeaux m'a finalement acquitté.
Je rends hommage au commissaire du gouvernement qui a plaidé pour ma non
culpabilité. Il a ensuite été muté.
En novembre 1963, le sénateur Etienne Dailly a évoqué mon
cas au Sénat (Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572). Quelques jours
auparavant, la Sécurité militaire m'avait menacé pour que je me taise.
Mon histoire gênait. Je me suis tu, jusqu'à aujourd'hui.
J'offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont
été sacrifiés. »> >>
Souvenez -vous après
le fin de la guerre du VIET NAM, nos amis AMERICAINS ont passé plus de dix ans
à aller chercher dans tous les recoins de la jungle tous leurs prisonniers, la
FRANCE elle en a fait cadeau au FLN ...
La France, elle, envoyait des collaborateurs....
Pardon, des coopérants
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