Je regarde
aussi les tétés de Colette quand on va se cacher dans la forêt et qu’allongée,
elle me laisse mater sa poitrine toute nue. La sensualité elle fait partie
intégrante de notre relation et chaque fois c’est moins une que dans neuf mois
ma mère elle devient grand-mère.
De temps en
temps, pour arrêter de jouer les obsédés, je détourne mon regard vers le décor
de la Méditerranée qui joue permanent à toutes
les heures de la journée. Avant je regardais, maintenant je vois.
Tous les
jeunes du cabanon, y décident de faire le littoral à vélo. Comme ma mère, elle
veut pas que j’me casse une jambe, zarmah je renonce. Total, je fais partie de
la bande de brèles qui vont se prendre pour Louison Bobet ou Fausto Coppi. Moi,
j’opte pour Bourvil dans « Les
cracks ».
Colette,
elle me promet de rien dire et nous voilà partis à la Pointe où un magasin y
loue des vélos.
La vérité on
peut pas dire qu’on a pas affaire à des
vélos ! Seulement, ces vélos à louer, y doivent dater au bas mot, de la première guerre mondiale.
Guidons sans poignées, sans frein, sans selle, avec des boyaux tout rafistolés
et des roues qui sont plus voilées que les fatmahs
que je croise dans la casbah. Quant aux phares, inconnu au bataillon. Moi et le
vélo, en temps normal, on est pas tellement copains. Mais avec celui que le
loueur y m’a confié, le départ en zig zag que j’me paye ! La vérité, même
Bartali y ferait pas mieux. Colette, elle monte sur un vélo de femme exempté de
guerre. Bernard et Jeannot, eux y z’ont hérité des deux seules bicyclettes qui
déclenchent pas le fou rire. Comme Massip et Zélasco y se sont échappés, ces
bâtards.
Moi je fais
partie des « doucement le matin et pas trop vite l’après midi ».
Putain que j’aime pas le vélo ! C’est fatigant et en plus, la vérité à
quoi ça sert ? Ça fait mal aux jambes et c’est tout. L’autobus, sur ma
vie, je préfère ! Colette, elle roule à côté de moi alors y faut que je
souris ou sinon elle va croire que je souffre le martyr. Et elle aura raison !
Son cousin, Luc la tapette, l’amoureux de Ramsès, y rayonne de bonheur en
devinant ma fatigue.
Et tous les
autres, le peloton, y se croient au Tour de France. Le plus bizarre c’est qu’y
forcent même pas. A moins qui sont de sacrés comédiens. Comme moi avec Colette.
Cahin, caha
je boucle mon premier kilomètre. Tellement j’ai la tête dans le guidon (guidon,
larzèze !) même pas j’ai vu le
paysage. De temps en temps, je me retourne si par le plus grand des hasards,
une voiture-balai elle ramasse pas les mourants comme moi. Aouah, y en a pas un qui a pitié. C’est normal, y me voit le
sourire béat du babao amoureux aux
lèvres. Comment y peut se douter que je suis à l’article de la mort ? Ca
aussi c’est une expression que c’est sans doute un savant qui l’a inventée mais
y nous a pas expliqué l’expliquement.
Plus le
temps y passe, plus les mètres y défilent et moins je respire. C’est plus la
voiture balai mais le corbillard qui va déboucher à L’horizon. Reusement que Colette elle pédale devant
moi et je me dois de dire que son déhanchement y me déconcentre un maximum.
J’ai vraiment pas besoin de ça hein ! A tel point que j’en oublie de
pédaler. Presque je tombe.
Mon vélo y
couine. Y doit être perclus de rhumatismes. Il est comme moi, épuisé. Pas la
moindre pipette d’huile à l’horizon pour le revigorer. Dans pas longtemps, il
est capable de rendre l’âme. A cette idée, j’en perds les pédales et je mets
pied à terre. Colette, la pauvre, elle freine et là elle comprend. A voir sa
tête, je dois faire peur. Comme Zaaf après l’étape qui l’avait vu faire la
route à l’envers après un virage mal négocié.
Cuila qu’il
a inventé le vélo, Il aurait mieux fait d’inventer l’automobile, c’est moi qui
vousl’dis. Et en plus ça tient mieux la route.
Luc le coulo
y croit me rendre service. Zarmah, il est mon entraineur.
--« Pédale
relâché ! »
Qué relâché.
Je lui demande si sa grand-mère elle fait du vélo à çuila ? En plus il a
des jambes on dirait des baguettes à tambour. Sans poil. On dirait une
gonzesse. Une gonzesse qui me prend dix mètres sur un tour de pédale. Je le
hais.
Allez va, je
vais faire un effort. Je suis le conseil de mon nouvel entraîneur et le miracle
y s’accomplit. Je me relâche. Putain, le vélo y tient tout seul. Je pédale plus
dans la choucroute. A chaque effort, le vélo il avance tout seul. Moi et mes
jambes poilues, on va battre le record de l’heure. Tellement je roule vite que
j’ai peur sur cette bicyclette sans guidon et sans frein. Purée, Luc, c’est le
meilleur entraîneur du monde. Colette, elle me tient pour un futur vainqueur du
Tour de France. Pour la remercier, j’ai envie de lui toucher les tétés mais si
je lâche le semblant de guidon de mon vélo, je tombe.
Bains
Romains, Baïnem, Guyotville, les doigts dans le nez je les vois défiler comme
dans un rêve. On dirait que je me suis dopé aux bli-blis et aux tramousses. Sûr
que je vais rattraper Luc, mon nouvel entraîneur qui s’est pas fait prier pour
accélérer dans une petite côte, histoire de montrer qui c’est le roi de la
petite reine. Quand je vous dis que c’est un coulo ! La vérité, il aurait
pas pu attendre le reste de la bande pour nous faire grimper la côte. Coulo, va !
Y a pas à
dire. Ma mère elle a toujours raison. Le Bon Dieu, toujours y choisit les
siens. En bas la descente, jamais vous devinez qui on voit affalé sur le bord
de la route, le genou en sang et la tête en tchic
tchic à trois faces ? Mon entraîneur la tapette. Mais comme j’ai bon
cœur, je me penche vers lui pour prendre de ses nouvelles ensanglantées. Y nous
raconte son gadin, style « La chute de l’empire romain ». J’oscille
entre la danse du ventre et la mine condescendante, zarmah, je le plains de tout mon cœur. (soit dit en passant, vous
avez remarqué le mot que j’emploie ? C’est du Luc tout craché !
Comprenne qui pourra )
Colette elle
lui porte de l’eau comme une infirmière. Si elle était pas sa cousine, je lui
fais une scène. Bernard et Jeannot, y se roulent par terre en voyant Luc. La
rigolade ! Y faut dire qu’une fois le sang nettoyé, la blessure elle est
toute mesquinette. Tout ce cinéma pour rien. Y faut croire que les coulos y
saignent davantage que les autres !
Sur le
chemin du retour, à le voir grimacer à chaque coup de pédale, presqu’y me fait
de la peine.
Le vélo et
moi, après cet épisode, on a passé un accord de non-agression. Je préfère le
foot. Chacun chez soi et les poules elles seront bien gardées !
A SUIVRE............................
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