Aujourd’hui,
c’est dimanche et toutes les sœurs de ma mère, elles vont rappliquer au
cabanon. Sûr qu’en voyant ma tête pleine de pansements, elles vont se trouver
mal. A moins qu’elles croient mais c’est peu probable, que je me suis converti
à l’Islam avec mon turban à la gomme. A tous les coups, elles vont s’en prendre
à mon père qui surveille pas ses enfants. Taper la sieste et jouer à la
belote , ça y sait, va !
Raïeb, mon
père ! Y savait pas qu’il épousait toutes les sœurs et les cousines de ma
mère en se mariant. Sans compter les tantes, les amies et les voisines que la
vérité, ça fait aussi partie de la famille. Reusement, qu’il est oriental et
que les élucubrations et la mauvaise foi des femmes, ça lui en touche une sans
faire bouger l’autre.
Ma mère,
elle aime Colette. Tous les jours, elle me fait l’article. » Deux comme
elle, tu trouves pas ! »
--«
Manman, j’ai à peine quinze ans ! »
--« Ca
fait rien mon fils, c’est pour dire ! »
Mon père et
ses amis y tapent une belote comme tous les samedi soir au sortir du chabbat.
Papa Vals, il adore les juifs. Y dit que le pain du chabbat, c’est le meilleur
pain de la terre. Que le couscous à la juive, c’est le meilleur de l’univers.
Que les Gâteaux de la fête, c’est les plus bons à manger du monde entier.
Alors, ma mère elle est obligée de lui donner de tout mais elle est pas dupe.
Elle sait que papa Vals c’est le roi des morfals et qu’il est salamalec et
compagnie. Mais comme il a le cœur sur la main, elle est contente de le voir
partager le pain de l’amitié.
Papa Thomas,
lui c’est différent. Il est long et sec comme un jour sans pain (juif ?).
Ancien joueur du Gallia Sport Algérois, y pense football, y mange football, y
lit football, y parle football. C’est tout juste si y fait pas pipi football,
rouge et bleu aux couleurs du Gallia. Seulement, il a un défaut : y sait
pas parler sans dire des gros mots. Les femmes du cabanon, rien qu’elles le
reprennent .
--«
Monsieur Thomas, on dit pas une chiée plus quinze, on donne le chiffre
exact ! »
--«
Monsieur Thomas, on dit pas tapette, on dit efféminé ! »
--« Monsieur
Thomas, ya des enfants quand même. Vous pouvez pas dire purée au lieu de dire
putain ! »
Zarmah,
c’était pour pas écorcher nos chastes oreilles. Si elles savaient les
grossièretés qu’elles sortent de nos bouches innocentes, elles s’arrachent tous
les cheveux.
Quant à Papa
Bensimon, il est comptable à la ville et à la tablée de belote. Sérieux comme
un verre d’eau, jamais y fait de vagues sauf quand mon père y triche. Alors là,
y devient avocat, juge et shérif. Y prend tout le monde à témoin même ceux qui
en touchent pas une à la belote. Ca donne lieu à des disputes de bonne santé
qui débouchent invariablement sur des fous rires de bonne humeur.
Bernard, on
le voit plus. Du matin au soir y frotte avec Francette mais y a pas moyen de
moyenner. Rien elle veut savoir. Alors, bien sur, y me prend pour un bloffeur.
Tant qu’il aura pas perdu son pucelage, y croira que je suis le roi des
affabulateurs, que je prends mes rêves pour des réalités et qu’en plus, je
lui fais prendre des vessies pour des
lanternes. (celui qui peut me taper l’expliquement de cette expression, y gagne
trois chewing gum Globo)
Quant à
Jeannot, sa « fiancée » des Bains Romains, elle est déjà rentrée à
Alger alors y traîne comme un orphelin. Pareil à Christian Fourcade dans
« Chiens perdus sans collier). Moi
et mon cinéma !
--«
Mon fils, fais attention en traversant ! » encore un peu elle ajoute
« pace qu’y a des automobiles ! »
--« Ne
cours pas ! » elle oublie que
c’est la tête qui a morflé et pas les jambes.
--« Ne
joues plus au football ! » Elle pourrait la aussi ajouter «
laisse les autres se casser les jambes. »
Alors, je
joue les enfants sages pour pas faire faire du mauvais sang à ma mère. J’me
promène de Baïnem à la Pointe pescade en compagnie de Colette. On largue de
plus en plus les amarres d’avec les copains. Colette elle me parle sans arrêt
d’avenir comme si elle était une caisse de prévoyance. Et on frotte de plus en
plus.
A SUIVRE.................
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