PHILIPPE WALLEZ PARLE DU LIVRE LA MEMOIRE DU FOOTBALL D'AFRIQUE DU NORD DE HUBERT ZAKINE
"PASSIONNE DE FOOTBALL IL A TENTE DE RETROUVER SES RACINES DE PIED NOIR EN DEVENANT LA MEMOIRE DU FOOTBALL DE LA BAS. LA LITTERATURE COMME REMEDE A L'EXIL"
Sur cette plaie qui n'en finit pas de cicatriser, la nostalgie est un onguent qui apaise. A jamais, Hubert Zakine a son ...double, son alter égo perdu quelque part dans l'histoire, dans une géographie de l'ailleurs que la géopolitique a définitivement rayé de la carte.
Gamin, il était enfant de la balle. Comme tous les "minots" d'Afrique du nord. Un chiffon roulé. Une rue. Le paradis pour l'éternité.
Images, parfums d'une enfance que l'exil a donné les couleurs du bonheur. Hubert Zakine, journaliste installé dans le sud a porté longtemps en lui ce projet gigantesque, ces trois ans de recherche. Et puis, un jour il a voulu rechercher l'enfant, se libérer en devenant l'archiviste du football nord- africain.
Une bibliothèque que ces 800 pages de la mémoire du football d'Afrique du nord. Le découpage vise à ratisser large. 10 portraits de grands joueurs d'Afrique du nord, un club qui a marqué l'histoire du foot pied noir et l'on repart pour un tour jusqu'à la 600 ème page et épuisement du sujet.
La galerie de portraits comporte quelques joyaux du foot pro, de Lucien Jasseron à Gérard Bernardet en passant par Just Fontaine, Fernand Sastre (qui a rédigé une des préfaces) et Ben Barek.
L'OM aura pioché dans ce vivier puisque Brotons, Buigues, De Bono, Jean Fernandez, Gueniche, Marc Levy, Henri Stambouli, Marc Pascal entre autres ont leur berceau et leurs racines en Afrique du nord.
Des joueurs racés, typés. Il y avait un style pied noir même si le passage au professionnalisme gomma cette différence selon Hubert Zakine. "le foot était le sport numéro 1. Le joueur pied noir avait une forme d'instinct proche des brésiliens et des latins. Il aimait dribbler. Il adorait le spectacle. Quand il venait en métropole, on lui demandait de renoncer à tout ça, de perdre sa personnalité. Beaucoup refusaient de le faire. Sinon l'Afrique du nord aurait donné bien plus de professionnels à la France"
Un livre qui gagnera à coup sur grade de référence. Parce que fouillé dans les détails. Y figurent tous les palmarès, tous les blasons et ô miracle de la mémoire des reproductions des pages sportives des journaux d'AFN comme Les Sports ou l'Echo d'Alger.
HZ est fourmi.il est aussi cigale sachant chanter les histoires du printemps de sa vie et de tant de ses compatriotes résidants dans notre région.
Les anecdotes sont légion. Mario Zatelli (un pied noir) faisant le voyage pour superviser une star locale et découvrant un gamin de 18 ans: Just Fontaine futur recordman (imbattable) des buteurs de la coupe du monde.
El Biar. Un nom dont le grand stade de Reims se souvient avec amertume pour y avoir connu une élimination en coupe de France en 1957. Le président Germain, négociant en champagne, avait amené quelques bouteilles pour honorer ces amateurs. Il les avait donnés avant le match à leurs destinataires. A la mi-temps, les pieds noirs résistent (0-0). Et persuadés que c'était là leur bâton de maréchal, demandent qu'on boive le délicieux nectar avant de rentrer sur le terrain pour ce qui ne pouvait qu'être une curée. On les raisonne. Le champagne reste au frais. El Biar gagne 2-0.
Ce livre est une tranche d'histoire à se servir. Un parfum à respirer. Avec les vertus de la madeleine de Proust.
Hubert Zakine a le sentiment de faire œuvre de salubrité publique. "la race pied noir disparait lentement. J'ai voulu montrer aux jeunes générations issues de l'exil, ce que sont leurs racines."
PHILIPPE WALLEZ /LA MARSEILLAISE
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