L’après midi, elle s’annonce mal. La pluie comme une smata elle tambourine toujours. Il est pas question d’aller au cinéma plein air ou sinon on attrape la crève. On peut pas se baigner pour pas tomber dans le lit de ma mère. Les cartes, j’en peux plus, le monopoly il est trop poli pour être honnête. Y reste Colette qu’elle me fait la tête.
Le repas terminé, chacun y tape la sieste sous la bâche ou sous les couvertures. Jeannot, Bernard et moi rien qu’on s’ennuie. Mes frères et mes cousins y tapent la ronda en silence pour pas réveiller les adeptes du sommeil de digestion. Soudain, tan,tan,tan, la Marabounta elle s’abat sur mes frêles épaules. Francette elle arrive fraîche comme un gardon, la vérité c’est normal avec ce sale temps, et elle s’adresse à moi sans se soucier de Colette.
--« Une copine elle fait une surprise-party, vous venez ? » Tain la surprise.
Les aveugles, d’accord, les pauvres, y voient rien. Pas de cinéma, pas de football, pas d’illustrés. Raïeb. Y voient pas les filles, leurs tétés et tout le reste. Y savent pas ça qu’y perdent. Mais la vérité, aujourd’hui presque je les envie. Parce que dans ma ligne de mire, j’aperçois la tête qu’elle fait Colette. Bou ! Encore une complication. Qu’est ce qui lui prend à Francette de venir aux Horizons Bleus. Elle devrait être personnage non grata. Je réfléchis plus vite que le mur du son.
Euréka, j’ai trouvé la parade.
--« Tch’as vu dehors, y pleut ! » Zarmah je fais de l’humour.
--« Pas de problème ! Mon père y nous attend dehors avec sa camionnette ! » Purée. Je l’ai dans le baba. Toute la jeunesse elle montre son enthousiasme. Presque Francette elle est portée en triomphe. Je regarde Colette. Elle va me tuer. Mais comme tout le monde il acquiesce, drop ninette, je veux pas les priver de la surprise-party. Colette elle refuse ma main pour l’aider à monter dans la camionnette. Tain d’après midi que je me prépare !
La villa de Francette elle nous ouvre ses bras. La propriétaire des lieux aussi. J’ai le privilège d’être sa cible prioritaire. Où elle est Colette ? Je suis jaloux comme un tigre. Si je la vois danser avec un pas beau, ça va mais si il est beau, le Typhon sur Nagasaki y va s’abattre sur Miramar. Ah ! Ca va elle danse avec Jeannot. Avec lui je risque rien. D’abord parce que le pauvre, il est moins musclé que moi, ensuite c’est mon ami et surtout y me connaît alors y sait que si y serre Colette de près, je le tue. Purée, miss Sécotine, elle me lâche plus. Elle m’étouffe avec ses tétés, à peine je respire. Elle veut m’embrasser mais je lui lance un regard à la Jerry Lewis qui signifie que jamais je l’embrasserai devant ses parents qui matent un maximum. Je cherche du regard ma petite chinoise. Je meurs d’envie de danser avec elle. Tant pis. Je profite que Francette elle parle à sa mère pour tenter ma chance. Ma parole, je rêve. Elle accepte, elle dit oui, elle dit pas non, elle acquiesce, elle consent, elle veut, elle refuse pas. Bon ça va. Vous avez compris oui ? Ba,ba,ba ! La classe. Mais c’est pas tout. Quoi lui dire ?
Purée, son odeur ! Je suis fou de son odeur. Yen a qui épouse une fille parce qu’elle est riche, parce qu’elle est belle, même parce qu’elle est vilaine comme ça personne y peut la draguer, mais jamais, au grand jamais (référence à ma mère !) un homme y s’est marié parce que sa future épouse elle sent bon. Trouvez m’en un si vous êtes capable !
Je la serre un peu plus, elle se refuse pas. Au contraire, elle se plaque davantage contre moi. La paix. On a fait la paix.
--« J’ai envie de danser avec toi toute l’après midi ! » je lui avoue.
Pernicieuse, elle me répond :
--Et Francette ? Qui c’est qui est allé la voir ce matin ? C’est pas moi ! »
--« Je m’en fous de Francette. De Francette et de toutes les autres ! » Bababa ! tiens c’est plus mieux, écrit comme ça !
Purée, y m’a suffi de l’inviter à danser pour recoller les morceaux, dé ! Robert Taylor il aurait pas fait mieux.
Le slow y s’arrête là-dessus et y me ramène à la dure réalité. Francette elle me regarde. Mes jambes qu’elles ont l’habitude de se prendre des croches pieds, elles tremblent comme quand on chante la Marseillaise les jours de fête nationale.
Pourvu qu’elle reste dans son coin. Elle qui adore les coins et les recoins, si j’avais su j’en aurai louer un pour elle. Sans moi !
Alors que je m’apprête à me dérober au regard de Francette, une autre chanson des Platters elle m’incite à inviter à nouveau Colette. Un moment de répit C’est tout qu’il me fallait. Colette, elle a pas réagi à ma déclaration d’amour déguisée. Pourtant, lui avouer que les autres filles « ça m’en touche une etc… » (la décence elle m’empêche de terminer cette phrase que tous les enfants d’Algérie y connaissent. Ceux qui comprennent pas, y m’écrivent, je leur tape l’expliquement.)
Ca a du lui faire plaisir quand même ou bien comme je le dis souvent, je suis trop petit pour comprendre les jeux de l’amour et du hasard. Ca me dit quelque chose cette phrase !
--« Tch’es plus fâchée ? »
J’attends sa réponse mais elle joue la mijaurée. Qu’est ça veut dire ce mot. C’est vrai y a des phrases, des mots, des expressions, même pas on connaît le sens. Interdit, unique ou giratoire, Dieu seul le sait mais on l’emploie instinctivement. Elle me fait la zbérota, quoi ! Ca, c’est un mot qu’il est plus explicite.
Je rajoute : « On remarche ensemble ? »
--« Bien sur ! » elle me répond en se collant un peu plus contre le champion du monde et des alentours des tombeurs. BABABA ! En majuscule, c’est encore meilleur.
A SUIVRE....................
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