mercredi 17 août 2011

SQUARE GUILLEMIN de Hubert Zakine -20 -

Ma mère, elle a acheté des habits chez Discophone pour ses trois chéris. Pour moi, elle a pris un Sam, le blue jean à la mode. C’est pas un vrai blue jean’s comme Elvis ou James Dean mais ca fera quand même l’affaire. Capo, y veut en acheter parce que sur le coté, il a une poche pour le peigne. Putain, y va nous pourrir la vie avec son peigne.
--Comme Elvis !
--Raouède et radaouède ! Tch’arrêtes avec Elvis !
--Avant, c’était Farid El Atrache, maintenant, c’est Elvis !
--Va niquer les mouches, va !
Et Nicole dans tout ça, elle occupe tous mes après midis. Mes amis aussi mais pas pour les mêmes raisons et avec les mêmes arguments. Mais comme tous les Bab El Ouédiens, je suis jaloux comme une teigne ! Nicole, je la trouve en train de parler avec des italiens des Messageries, le sang y me monte à la tête. Purée ! Alors c’est ça, être jaloux ! Avant, j’étais jaloux de Cyclone, le coureur du quartier ou de Richard, qui avait eu un beau vélo à Noël mais pas jaloux comme un grand ! C’est vrai que dans ma famille, tout le monde y dit que je suis grand pour mon âge mais quand même ! Ca y est ! Nicole et moi, c’est fini ! Ralass ! Qué, je vais pas me faire du mauvais sang comme ça jusqu’à vitam aeternam. Voila que je parle latin maintenant ! N’importe quoi ! Aouah, y faut que je marche avec une vilaine ! Au moins, personne y lui tapera le baratin pour me l’enlever ! Nicole, je la laisse avec les italiens des Messageries, les beignets italiens, la bonbonnière, sa mère qu’elle me fera plus les gros yeux et je pars pour une destination inconnue, loin de ce monde inhumain perdu entre le désert de Mongolie et la Haute Volta. La pauvre ma mère, je peux pas lui faire ça ! En plus, elle sait pas où c’est la Mongolie ! Encore moins, la Haute Volta. Elle va se faire trop de mauvais sang.  Et la mère de Nicole, elle va pouvoir reposer ses yeux. Dommage, j’aurais été un gentil beau-fils ! Tant pis pour elle ! Elle sait pas ce qu’elle perd. Elle avait qu’à bien élever sa fille qui parle à n’importe qui ! Des Italiens des Messageries, ça va pas non !
Je veux pas rester au jardin. J’entraîne les amis sur l’avenue de la Bouzaréah. Et ces coulos qui se bidonnent alors que je me noie dans mon chagrin. J’entends encore parler des italiens avec Roma Glaces où Capo y nous paye une coupe de créponné. Ca me remonte le moral mais je sais déjà que cette crème elle va me rester sur l’estomac. Qu’est ce qui m’a pris de lui parler à Nicole? Surtout pour dire des sornettes pareilles. Et Boisis qui m’a encouragé. Si c’était pas mon ami, je le maudirais ! Maintenant, je sais que les filles, dès qu’on a le dos tourné, elles nous tapent un coup de zouzguèfe ? C’est un monde, hein ! Alors, on peut pas leur faire confiance. Nos mères, elles devraient nous  mettre en garde ! Allez va ! Y faut que j’arrête de me plaindre parce que, comme y dit Bouzouz, le grand philosophe, une de perdue, dix de retrouvées. Et pourquoi seulement dix ? Purée, pour la première fois, je vais rentrer chez moi avec le karse dans la tête ! Allez va, demain le bon dieu, y sera grand !
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A SUIVRE......

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