mardi 19 juillet 2011

LES AILES BLANCHES D'ALGER de Rosalind Ferrara -10 -

Avec la perte de mes données informatiques, il m'a fallu du temps pour retrouver certaines d'entre elles. "Les Ailes Blanches d'Alger" ont "survécu" à ce cataclysme et je me fais un plaisir de continuer la diffusion de ce magnifique, et je pèse mes mots, magnifique chant d'amour pour ma ville Alger La Blanche

 

Tempo largo amoroso

Il y aussi dans ces souvenirs, un cri toujours contenu face à la non-reconnaissance ce ces gens, comme mes autres parents paternels siciliens et de Toscane, venus en Afrique, parce que très pauvres, donc déjà immigrés de leur région. A ceux-là, l’Etat français avait proposé une terre à défricher et à faire valoir. Et ce qui me sidère, c’est toute l’ardeur qu’ils y mirent pour édifier une ville magnifique, à l’exemple des quartiers "haussmanniens de Paris, une ville encore plus belle, je l’avoue, par sa toile de fond d’une splendide luminosité qui me fait encore battre le cœur !
Pour  ceux-là, tout particulièrement, je revendique mon identité de Française, car ces parents naturalisés, sont partis se battre contre l’ennemi de la France, afin « qu’un sang impur abreuve leurs sillons…... ». Non pas les leurs propres mais ceux de leurs frères d'adoption outre -Méditerranée.
Devant cet amoncellement d'ingratitudes, demandez aux descendants de ces derniers  s’ils pourraient oublier les générations de leurs aïeux Et que tous nos détracteurs se mordent les doigts, qu'ils  rafraîchissent leurs faibles mémoires de patriotes de pacotille ! Me voilà, campée sur mes deux pieds, prête à leur jeter mes invectives, les submerger de mes tempêtes, c’est l’occasion pour moi de leur faire savoir ce que c’est que la souffrance d’une petite fille qui reste le témoin vivant de leurs perfidies ! Je suis l’artisan de la revanche à prendre sur eux, qu’ils soient châtiés. Dieu m’autorise à le faire, dans ce cadre là, car Lui seul peut dédommager mes parents, mes concitoyens, les Algérois, les "pieds-noirs" comme ils disent !
O mes souvenirs, portez-moi, donnez-moi cet inaltérable courage de revenir sur vos pas, vers mon pays d’amour, mon Alger, ma belle reine, mon altière pensée. O Toi, prestigieuse cité aux richesses innombrables, vestiges grandioses d'un passé antique et récent passé antique, de tes peuples successifs, et de tes souffrances d’hier et d’aujourd’hui encore. Mon Dieu, demandez aux hommes de la terre d’arrêter leur rage de domination, et peut-être encore plus aux démoniaques dirigeants qui ne pensent qu’à asseoir leur pouvoir sans souci de la souffrance des peuples. Quand aurons-nous le courage de réformer nos mentalités pour pouvoir enfin faire confiances aux hommes et à la beauté de la vie ?...  
Lorsque les bateaux s’éloignent comme de grands oiseaux, ils glissent lentement, presque au ras de l'écume, surtout ceux qui  lèvent l’ancre aux rivages du cœur. Se détachant des côtes bien-aimées, ils oscillent légèrement avec virtuosité, en des mouvements extraordinairement lents, piano, piano, évitant tous les fortissimo, comme pour laisser derrière eux, tous ces décors de votre vie passée à jamais inscrits dans vos mémoires…tels de merveilleux tableaux au musée du souvenir.
Les bateaux ont cela d'admirable qu’ils semblent respecter la séparation d’avec le rivage aimé, comme pour ne pas briser trop vite votre cœur, à la manière galante des grands princes, et leur bercement léger atténue vos désespoirs !
C’est ainsi que Rosalind ressentit du haut de ses onze ans, la douleur béante de la séparation d’avec sa terre natale, après avoir subi celle du récent divorce de ses parents. Avec pour dernière vision, le plus beau des décors, le plus chaud des berceaux de son cœur et de son premier soupir d’être, là où elle poussa, un jour, son premier cri d’enfant… Les zéphyrs la berçaient de leurs bras si légers, si tendres mais pour la première fois, elle prit conscience de la brutalité de la vie : elle vit chanceler ses parents accoudés au bastingage devenu si fragile. L’homme le plus fort qu’elle connaissait, celui  qu’elle n’avait jamais vu en larmes, son grand père, laissait couler des perles de rosée sur son visage abattu.
Comment reconnaître en cet homme soudainement vieilli, celui qu'elle attendait du haut de la splendide terrasse de son immeuble surplombant tout le port d’Alger aux ondes inlassables ? Du haut de cet immeuble, situé sur les plus belles hauteurs de la ville,  l’on pouvait voir se dessiner mille rues ravissantes,  et son cœur de petite fille battait la chamade à l’apparition affectueuse sur cette immense route en virage dans son éclatante beauté du soir,  de son cher parent (les poches remplies de bonbons et autres friandises…) revenant  lentement de son travail. Elle savait qu’il avait pris un ascenseur gravitant dans un rocher de la petite rue Tancrède sise dans le bas de la ville, où se situait son bureau, et qu’un groom en chéchia rouge avait actionné ses manettes magiques pour le faire déboucher miraculeusement sur cette grande avenue qui s'allongeait à perte de vue. Elle connaissait si bien les odeurs humides de la Roche en question…
Son grand-père !… Celui qu’elle aima par-dessus tout, croyant naïvement que tous les hommes, les vrais, qu’elle rencontrerait ressembleraient à celui-là, homme idéal qu’elle a longtemps cherché, les yeux dans les étoiles.

A SUIVRE.....

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