vendredi 27 mai 2011

PETITS POEMES DE ROLAND BACRI

LES REGRETS

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage,
Surtout qu'il a laissé sa femme à la maison,
Ce salaud, ouais, dix ans ! Qu'il a tort ou raison,
Bon ! On va pas s'occuper des scènes de ménage ?

Nous z'autes, c'est pas ça. A vacarme et bagage,
J'ai quitté mon pays. On n'a plus l'horizon
D'avant ! Ni soleil, mer ni rien. Que leur saison,
Eté, hiver : pourrie, et même davantage !
Pluss j'étais mieux, purée, où y vivaient mes morts,
Que ici où on crève à peine on sort dehors.
Pluss j'aimais les rougets que leur bar ou leur tanche.
Pluss les bains Matarès, la putain de leur mer !
Leur marée basse ou haute avec le temps couvert,
Mieux que sous l'été noir, le ciel d'Alger la Blanche
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BALLADE DES FILLES DE MON PAYS DU TEMPS JADIS
Allez ça va, dans quel pays
Y a Zora la belle indigène ?
Gladys qu'on était ébloui,
Moitié mort manque d'oxygène.
Et Dolorès, quel phénomène
C'était ! Et quel air important !
Ma parole, elle était la reine ?
Mais où sont mes soleils d'antan !

Ousqu'elle est Nicole Angéli
Qu'un beau jour, paf ! je me promène,
Nez à nez on est rue d'Isly ?
Pô pô pô ! Beauté pluss qu'humaine !
Lucette avec sa soeur Germaine,
Les deux, des stars mais l'embêtant,
Sortez l'une... et l'aute, un sans-gène !
Mais où sont mes soleils d'antan !


Mauricette qu'on aurait dit
Crachée ma cousine Emilienne,
Rue Bab-Azoun, Chantal Lévy,
Sa mère elle était pharmacienne.
J'ai fréquenté avec Lucienne :
Moins bien que la fille Sultan
Mais en poitrine : souveraine.
Où y sont mes soleils d'antan !

Place Lelièvre ou Saint-Eugène,
J'avais des fiancées tout le temps,
Une après l'aute à perdre haleine,
Où y sont mes soleils d'antan !
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 RIEN N'EST PLUS BEAU SOUS LE SOLEIL

Rien n'est plus beau sous le soleil
Que l'ombre
Pour taper la sieste au pied d'un figuier.
Douc'ment douc'ment dans le sommeil
On sombre
Pour vraiment pas que vous vous fatiguiez.
Un vrai soleil comme à Alger
Ça crève
Pour ça toujours que l'ombre est nécessaire.
Quand le sommeil il est léger
Quel rêve !
Que franchement le reste à quoi ça sert ?
La sieste c'est le vrai sommeil
Du juste,
Le juste ce qu'il faut pour s'assoupir.
Vers trois quatre heur's on se réveille
Tout juste
Pour travailler avec un gros soupir.
La sieste ici, où c'est pareil ?
A l'ombre
Des jeunes filles Honfleur ou Angoulême ?
Rien n'est plus beau sous le soleil
Que l'ombre
Mais leur soleil... Que l'ombre de lui-même !

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