La saison suivante débutait alors que Maurice COTTENET venait de nous quitter et que JASSERON entamait au Havre une brillante carrière professionnelle. Heureusement, Raymond COUARD, service militaire terminé, revenait et était chargé de l'entraînement. En septembre 1936, le championnat entamé sous la houlette de Raymond COUARD, voyait l'arrivée de nombreux juniors ou espoirs du club : AVOUSTIN, FAURE,CHERIF, THOMAS, MALAURENT, EL MEHDAOUI, FAGLIN, encadrés par Raymond COUARD, RABIA, TAZAIRT, POIZAT, SABATON et Paul BARNIER.
Ce dernier, officier de carrière, rejoignait Alger après avoir "fait" Saint-Cyr et terminé son stage de commandement au Maroc. Et notre toubib, le président BADAROUX, qui avait succédé au Président MILLOT engageait comme entraîneur Sydney REGAN, ex-entraîneur de Maison Carrée, d'un flegme évidemment britannique, un remarquable technicien et tacticien.
Comme d'habitude les débuts furent difficiles et le retard, après quelques dimanches, assez important en championnat.
Peu-à-peu, cette très jeune équipe prenait forme et, au milieu de l'automne, le nouvel entraîneur pouvait compter sur une vingtaine de bons joueurs. Ce furent d'abord FAURÉ ou ROQUES dans les buts, COUARD, FERRARI et RABIA comme arrières, POIZAT, BARNIER, TAZAIRT, DURAND en demis et à l'avant la jeune classe lycéenne, AVOUSTIN, EL MEHDAOUI, MALAURENT, FAGLIN, CHERIF auxquels il fallait ajouter Robert THOMAS, SABATON et GOUIN. Mais parmi les titulaires de l'équipé réserve d'autres joueurs tels PADOVANI, Albert NADAL, Gilbert BOUTHIER, de valeur équivalente, étaient souvent titularisés en équipe 1ère. Dans la liste ci-dessus un nombre important était issus de la "cuvée" "Lycée de Ben Aknoun" ou "Grand Lycée". Depuis 10 ans ces 2 lycées avaient fourni, fournissaient et devaient fournir encore de nombreux joueurs.
Les plus connus étaient les frères COUARD, BEN BOUALÏ, RABIA, RAMAGE, les frères TRAVAILLON,PURTSCHET, AVOUSTIN, MALAURENT, EL MEHDAOUI, FAURE, CEPI, ROBLES,SAMUEL, LICHTENSTEIN etc.. Alors que les débuts du RUA avaient vu les scolaires ou universitaires se répartir entre le RUA et les clubs les plus côtés d'Alger : ASSE, GALLIA, BLIDA, etc..., à partir des années 30 la majorité pour ne pas dire la totalité des lycéens et étudiants venaient au RUA.
Au Grand Lycée, appelé plus tard Lycée BUGEAUD, Fernand PISTOR, un pion bien sympathique, étudiant en lettres, gardien de but de l'équipe réserve, était le recruteur n°l. Il était un observateur attentif des parties acharnées qui, de 12h30 à 13h30 et de 16h à 17h, se déroulaient dans la cour des "moyens" du Grand Lycée. Un ballon de caoutchouc suffisait à ces futurs champions pour se livrer sans retenue. Il y avait notamment des combats, le mot n'est pas trop fort, entre potaches et externes qui ne se terminaient pas toujours ou qui se terminaient mal. Presque tous les potaches étaient ruaïstes, beaucoup d'externes ne l'étaient pas. Ceci expliquait cela.
Mais revenons à cette saison 1936/1937. Comme en 1931 elle commença mal, et assez vite, notre grand rival le GALLIA, compta 6 points d'avance. Ce club, très populaire aurait pu rivaliser avec de nombreux clubs métropolitains tant était grande sa valeur. Il fallait donc entreprendre la poursuite, ce qui fut fait, mais qui malheureusement...
Mais nous verrons plus tard. Car les jeunes ruaïstes, comme leurs aînés, jouaient également les éliminatoires algéroises de la Coupe de l'Afrique du Nord. Le dernier tour qualificatif opposait à Blida, le RUA à l'A.S. Boufarik. Etait-ce l'enjeu ? Toujours est-il qu'après avoir subi tout le match, le RUA, grâce à un but marqué par le défenseur boufarikois ATTART) contre son camp, à 1 minute de la fin, se qualifiait. L'incorrigible Tony ARBONA, grand journaliste sportif de l'époque, y alla de son MIEUX VAUT ATTART QUE JAMAIS ! .
A la décharge du RUA, il faut préciser que son avant centre titulaire, AVOUSTIN, particulièrement maltraité le dimanche précédent, avait été mis au repos. FAGLIN appelé à le remplacer le fit mal puisque le même ARBONA avait écrit qu'il avait été "inexistant" Dur ! Dur !
Mais l'essentiel était réalisé. Le RUA qualifié se rendait à Tunis pour affronter, en l/8e de finale le détenteur de la Coupe, l'ITALIA de Tunis. Cette équipe composée uniquement de ressortissants italiens, très nombreux dans ce protectorat français, était athlétique et bénéficiait en outre de supporters fanatisés.
CUBILIER, COUARD, RABIA, TAZAIRT, BARNIER, POIZAT, SABATON, FAGLIN, AVOUSTIN, MALAURENT, THOMAS, affrontaient donc cet adversaire que tous les pronostiqueurs voyaient vaincre. Le grand homme du match fut BARNIER qui sur un terrain plus marécageux que gazonné gambadait sans trêve, maîtrisant les attaquants adverses relançant ses avants un peu perdus sur un tel terrain. Son influence fut telle que dans le dernier quart d'heure c'est le RUA qui fut le patron. Et à 5 minutes de la fin un tir de FAGLIN s'en alla dans les filets italiens, détourné légèrement par un défenseur.
La soirée se déroula joyeusement, au restaurant d'abord, au dancing ensuite, où ne furent pas invités les jeunes lycéens, priés de regagner leurs chambres par des dirigeants soucieux de la bonne tenue de ces mineurs.
Vexés de cette brimade, nos potaches privés de dancing, firent le tour des bistrots proches de l'hôtel et copieusement avinés, vinrent terminer en chansons et en courses très dénudées dans les couloirs de l'hôtel une nuit mémorable et agitée. Les dirigeants attristés, jurèrent mais un peu tard de ne plus laisser cette turbulente troupe sans surveillance. Avant de clore le paragraphe tunisien il nous faut conter une anecdote survenue au dancing où nos adversaires avaient rejoint le RUA. Le capitaine italien, DI MAGGIO, plein d'admiration pour Paul BARNIER lui offrit le verre de l'amitié et lui avoua que sa médiocre performance avait une cause : il avait passé son temps à l'admirer, oubliant de jouer lui même ! Si non e vero e bene trovato.
En 1/4 de finale l'U.S. MAROC, autre adversaire difficile, rendait visite au RUA. Le stade municipal abritait cette rencontre. Au bout d'un quart d'heure la cause était entendue : 2 buts de FAGLIN, une domination constante (mais une déconcentration coupable, tout à la fin, permettant aux marocains de marquer un but) et le RUA l'emportait.
Le C.D.J. d'Oran considéré avec l'U.S. Maroc, l'Italia et le RUA comme l'un des 4 grands, venait également à Alger disputer la 1/2 finale. Ce fut net, sans suspense, puisqu'au football très oranais c'est à dire très vif et spectaculaire, le RUA opposait son style plus classique, très "british" car influencé par Sydney REGAN et surtout plus efficace - trois buts de MALAURENT en première mi-temps, AVOUSTIN et FAGLIN en 2e,
qualifiaient le RUA pour la finale.
Et qui retrouvions nous en finale ? Le GALLIA, notre grand rival. Il s'agissait d'une revanche. En effet, le retard de 6 points que comptait le RUA à la fin des matches aller avait été peu à peu grignoté et à la veille du match retour (le Gallia l'ayant emporté par 1 à 0 à l'aller, après une rencontre où l'arbitre ne nous avait pas avantagés) nous n'étions plus qu'à 1 point. Comme en 1932 il fallait donc une victoire au RUA. Et comme en 1932, malgré un ultime tir de FAGLIN à 1 minute de la fin, renvoyé par la barre, le RUA devait se contenter du match nul 1 à 1. Jamais notre supériorité n'avait été aussi nette. La radio et les journaux, tous les journaux, le soulignaient. Dans les buts du Gallia il y avait un gardien de grande qualité, REQUIN, qui ajoutait à son talent une arme psychologique dont il usait et abusait : c'est ainsi que lorsqu'il arrêtait un tir, il fixait l'auteur de ce tir et, l'index sur la tempe semblait lui dire : "Non, mon p'tit vieux impossible de me battre." Nos jeunes joueurs en étaient complexés.
A SUIVRE....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire