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Purée, en été, la fête elle va battre son plein. Les forains, ils vont venir nous taper l’ardjeb avec leurs jeux à la roulette, leurs manèges, leurs filets à provision garni, leurs stands de tir et par dessus tout, le radio-crochet suivi du bal du 14 juillet. La fête dans toute sa splendeur et dans tous les esprits. Nous autres, la jeunesse on va s’en donner à cœur joie avec les parents qui penseront qu’à tchortchorer et à rigoler. A être heureux !
Purée, en été, la fête elle va battre son plein. Les forains, ils vont venir nous taper l’ardjeb avec leurs jeux à la roulette, leurs manèges, leurs filets à provision garni, leurs stands de tir et par dessus tout, le radio-crochet suivi du bal du 14 juillet. La fête dans toute sa splendeur et dans tous les esprits. Nous autres, la jeunesse on va s’en donner à cœur joie avec les parents qui penseront qu’à tchortchorer et à rigoler. A être heureux !
Moi, j’ai de la chance. Premièrement, c’est les vacances, deuxièmement j’ai évité de perdre la figure devant l’équipe du café de Cadix et troisièmement, pour couronner le tout, Nicole elle m’a demandé de marcher avec elle. Qu’est ce tu veux de plus ! Marcher avec une fille à Bab El Oued, c’est fréquenter ! Fréquenter ça veut dire être fiancé sans être fiancé tout en étant fiancé. Vous voyez le genre ? Pas marié mais presque ! Quand on est grand, ça ouvre des perspectives soua-soua mais quand on est une gamate, ça nous ouvre que dalle. Peut-être un baiser sans la langue parce que les filles elles trouvent que c’est dégueulasse de se faire cracher dans la bouche. Et puis, la vérité, les garçons y savent pas où mettre leur langue! Dans la poche en attendant que le baiser y soit terminé ? Ne pas avoir sa langue dans sa poche, c’est peut-être une expression de chez nous, à savoir ! Quel salopris comme elle dirait ma mère de penser à ça à mon âge ! Les filles de Moïse, elles embrassent seulement les garçons qui mangent cachir. Les filles de Marie, elles s’en foutent du tiers comme du quart que je mange tarouf ou cachir pourvu que que le poisson y figure au menu du vendredi. Quant aux filles de Mahomet, manger cachir ou hallal, c’est blanc turban, turban blanc. Mais pour s’approcher d’elles, il faut passer par le mariage et encore il faut remplir toutes les conditions sine qua none.
Nicole, elle arrive sur le coup de quatre heures de l’après midi. Aujourd’hui, elle porte la même robe que la veille sauf qu’elle a changé de couleur. De rouge vermillon elle est passée au jaune paille qui fait ressortir son teint halé. Des fois, je sors de ces expressions !Teint halé !Je pourrais pas dire comme tout le monde : qui fait ressortir son bronzage ! Teint halé, n’importe quoi ! Je dois être amoureux parce que James Stewart, il dit, dans un film, qu’être amoureux ça rend zinzin. C’est vrai qu’elle est délicieuse la petite blondinette du square Guillemin comme dirait le pâtissier Prat de l’avenue de la Marne. On en mangerait ! Quand elle me voit sur mon beau cheval blanc, elle me sourit à rendre jaloux Buster Keaton. C’est que j’ai pas l’habitude de retenir les gros mots qui sortent de ma bouche de mal élevé, de jouer les Don Juan pour faire l’intéressant sans verser dans le cucu la praline, enfin de rester un garçon avec des poils aux jambes, des noyaux dans les poches et le tape-cinq toujours prêt à claquer sur la main d’un autre babao
Nicole, elle me mange des yeux. Comme elle dit ma tante Lisette en parlant de bibi : « Cuila, y va en faire tourner des têtes ! » Elle est gentille tata Lisette, mais elle est chauvine, c’est rien de le dire ! C’est la sœur de ma mère, alors obligé, tous les enfants de la famille, c’est les plus beaux et les plus intelligents du monde et des alentours! Si j’écoute ma mère et mes tantes, quand je serais grand, monsieur Univers, ce sera un enfant de la famille! En attendant, c’est moi le seul garçon du jardin Guillemin que ma petite blondinette elle a remarqué. Ya pas à dire, elle a bon goût. En plus, je parle avec elle comme si c’est ma cousine. La timidité, elle me paralyse plus. Presque je l’embrasse pour lui prouver que je suis content ! Mais, si je mets mon projet à exécution, elle se sauve en courant jusqu’à la bonbonnière où toute sa famille elle est installée. Allez va, je reste poli et bien élevé comme ma mère elle m’a appris.
Nicole, elle me mange des yeux. Comme elle dit ma tante Lisette en parlant de bibi : « Cuila, y va en faire tourner des têtes ! » Elle est gentille tata Lisette, mais elle est chauvine, c’est rien de le dire ! C’est la sœur de ma mère, alors obligé, tous les enfants de la famille, c’est les plus beaux et les plus intelligents du monde et des alentours! Si j’écoute ma mère et mes tantes, quand je serais grand, monsieur Univers, ce sera un enfant de la famille! En attendant, c’est moi le seul garçon du jardin Guillemin que ma petite blondinette elle a remarqué. Ya pas à dire, elle a bon goût. En plus, je parle avec elle comme si c’est ma cousine. La timidité, elle me paralyse plus. Presque je l’embrasse pour lui prouver que je suis content ! Mais, si je mets mon projet à exécution, elle se sauve en courant jusqu’à la bonbonnière où toute sa famille elle est installée. Allez va, je reste poli et bien élevé comme ma mère elle m’a appris.
Mes amis, Mani et Gozlan y remontent de la rue Thuillier excités comme des harengs saurs. Ils parlent de se dobzer contre Patou et Georgeot, deux frères jumeaux qui se ressemblent pas du tout, pour une sombre histoire de noyaux perdus au jeu du tas ! Y sont fous, mes amis, surtout que Patou et Georgeot, y sont gentils comme tout et en plus, c’est des copains du quartier. Zarmah, je sais jouer les médiateurs. Ca me donne une importance aux yeux de Nicole comme si que j’étais le shériff de Bab El Oued City. Ba ba ba, dé ! En deux temps, trois mouvements, voila nos quatre cow boys qui fument le calumet de la paix et je vois la Rivière de nos amours couler dans les yeux de ma squaw. (Je me fais encore du cinéma) Je suis pas Kirk Douglas mais ca vient doucement, doucement ! Ah ! C’est vrai ! Vous vous dites : « pourquoi parler de Kirk Douglas maint’nant ? » Moi je vous réponds que la rivière de nos amours, c’est un film avec l’acteur à la fossette sur le menton. Ca y est, je peux continuer à écrire ouais !
Jamais j’aurais cru que, moi, le mazozé à sa mère, un jour, je serais le mazozé d’une petite fille blonde. Ca m’est tombé dessus sans même le vouloir. J’ai pas songé aux conséquences quand j’ai joué au grand. C’est vrai, avant je jouais aux billes, aux noyaux, à la toupie, à la carriole, au football, à « tu l’as ! », à bix, à la délivrance, aux cow boys avec Bouzouz, au corsaires avec mes frères, à la belote, à la manille, à la ronda (je pourrais en faire comme ça jusqu’à demain matin mais la vérité, je suis pas samote comme j’en connais). En un mot comme en deux cents mille, j’étais tranquille comme John Wayne dans l’homme tranquille! Remarque, je suis loin d’être un homme alors mieux je profite, va ! Y sera temps de me faire du mauvais sang (comme ma mère) quand le moment y sera venu. Et qui me dit que Nicole elle va me faire faire du mauvais sang. A peine j’ai douze ans !
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A SUIVRE CHAPITRE 7................
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