lundi 22 novembre 2010

LEON BENISTI PEINTRE ET AMI DE CAMUS

Louis Bénisti est un peintre et sculpteur français né le 15 mai 1903 à El-Biar (Alger) et mort à Évian le 1er mai 1995.

Né dans une famille établie en Algérie depuis plusieurs générations, Louis Bénisti fait de 1914 à 1920 ses études secondaires au lycée d'Alger puis, de 1920 à 1928 est artisan en joaillerie. En 1928 il abandonne la bijouterie et fréquente l'académie d'art d'Alfred Figueras, peintre catalan ami de Picasso et réfugié politique à Alger. Il s'y lie avec Jean de Maisonseul qui le présente à Albert Camus. Il devient l'un de ses intimes, à l'occasion d'une soirée organisée par Max-Pol Fouchet. En 1931 il se tourne vers la sculpture. Camus est le premier à commenter, en 1934, les œuvres qu'il expose et s'inspire de lui pour le personnage de Noël dans La Mort heureuse.

Louis Bénisti est en 1934 pensionnaire du gouvernement général de l'Algérie à la Casa Velasquez. En 1935 il devient enseignant en dessin au lycée de Maison Carrée. Il participe simultanément, réalisant des masques et des costumes, à la scénographie des spectacles du « Théâtre du Travail » puis du « Théâtre de l'Équipe » qu'anime Camus qui confiera plus tard à Maisonseul: « Je passe ma vie à voir des gens que je méprise ou qui m'ennuient, alors que je sais que je ne rencontrerai jamais personne comme Bénisti ».

En 1934 Louis Bénisti expose à la librairie-galerie algéroise Les Vraies Richesses d'Edmond Charlot et participe régulièrement au Salon d'automne à Paris. Il part en 1938 étudier à Paris dans diverses académies. De retour à Alger en 1941 il se marie en 1942. Il expose par la suite régulièrement à Alger, Oran (à la galerie « Colline » de Robert Martin) comme à Paris. A partir de 1943 il se consacre entièrement à la peinture. Il fait en 1947 la connaissance du poète Jean Sénac qui lui consacre la même année un article dans « Oran-Républicain ». En accord avec les proches de Camus, il fait ériger en 1961 à Tipasa une stèle à la mémoire de l'écrivain.

Louis Bénisti enseigne le dessin dans des établissements scolaires de 1948 à sa retraite en 1972. Installé ensuite à Aix-en-Provence il continue de peindre, « sensible aux enfants jouant sur les marches des escaliers de l'HLM qu'il habite » et « retrouve les mêmes attitudes d'enfants et d'adolescents qu'il avait observées dans la Casbah d'Alger ». Il réalise alors des dessins et monotypes sur les thèmes de l'enfance et de la danse, recomposant à l'aide d'anciens dessins
« une Casbah perdue, les femmes et les enfants des rues de sa jeunesse algéroise, au-delà de toute anecdote ».

  « Louis Bénisti est un des rares artistes jeunes qui aient compris qu'une œuvre doit être longtemps portée en soi. Son art est à ses débuts, ses conceptions sont presque mûres. Il a compris qu'on ne crée pas avec des interrogations et des inquiétudes, mais qu'une œuvre est une réponse. (...) Cet art plaît par sa soucieuse retenue et son sérieux. Pour débuter, il n'en satisfait pas moins. Il n'est ni fatal, ni résigné. Et lorsqu'il sourit, c'est avec des lèvres de chair. Il est médité dans le silence et se donne pour ce qu'il est : l'œuvre d'un homme ». Albert Camus (1934)

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