« Miroir, mon beau miroir… »
Mais (voir le conte de Blanche-Neige), les monopoles — qu’ils soient de pouvoir, de beauté ou de salinité — ne sont pas éternels.
Ainsi, un jour qu’elle questionnait son beau miroir, la souveraine de l’île RUA s’entendit répondre :
— Vous êtes très belle, Madame la reine, mais la sultane d’El Kettani, dont le palais vient d’être achevé de l’autre côté de la ville, est trois fois plus grande et au moins aussi belle et salée que vous…
Il voulait parler des nouveaux « Bains militaires », à la pointe du quartier Nelson, où un grand remue-ménage de bulldozers, de camions et de bétonnières avait, en moins de deux ans, substitué aux antiques baraquements un ensemble rebaptisé Cercle sportif militaire d’El Kettani, sans égal dans toute l’Afrique du Nord : trois bassins d’eau de mer, des terrains de volley et de tennis, des terrasses, des plages de béton et de sable, un club-mess.
Il faut dire qu’on était en 1957 et que les « événements », en multipliant le nombre des officiers sédentaires ou de passage, avaient réduit en proportion inverse la capacité d’accueil des anciennes installations. Les mannes conjointes du gouvernement, des armées et de l’équipement sportif avaient alimenté le vaste chantier qui ferait du lieu le phare méditerranéen, non seulement des clubs de loisirs militaires , mais aussi de la natation.
Il y en avait pour tous les niveaux.
Pour les nageurs exigeants, un bassin olympique de 50 m (avec plongeoir de 6 m), à couple avec un autre de 25 m ; pour les enfants et les vieux débutants, une pataugeoire d’une quinzaine de mètres. Pour tout le monde, une plage surveillée et des moniteurs et entraîneurs issus des centres nationaux d’E.P.M. (Entraînement Physique Militaire).
« J’ai deux amours… »

Ces avantages de sa rivale de l’ouest ont peut-être coûté au club universitaire (qui comptait pas mal d’officiers de réserve) quelques couples de bronzeurs tentés par la nouveauté ou, plus prosaïquement, par la commodité d’accès par rapport à leur domicile.
Mais, le plus souvent, il s’est agi d’infidélités passagères. Au pire, de double ménage.
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