samedi 22 mai 2010

L'ASSOCIATION SPORTIVE DE MONTPENSIER

                                              CONESA/ALIZART/ OUALID/  VIAENE
                                       ALIMONDO/ MARTINEZ/BAUDIER ET NATHEM

TEXTE DE GABRIEL CONESA
Je ne crois pas que la connaissance que nous avons de l'Algérie et celle que nous recherchons dans nos publications diverses en sera enrichie, mais il me prend l'envie de raconter comment j'ai conclu avec l'Association Sportive de Montpensier un mariage d'amour qui m'a tenu pendant une dizaine d'années dans des buts de football et une vingtaine d'années dans des buts de water-polo, et qui continue à 80 ans passés.
Mais d'abord, pourquoi ce nom illustre de Montpensier, pour une équipe à l'origine, de quartier ? Le duc de Montpensier, dernier fils de Louis-Philippe, je ne sais même pas s'il prît part à la conquête de l'Algérie comme son frère le duc d'Orléans, connu surtout des Algérois par sa statue équestre sur la place du Gouvernement -source inépuisable de plaisanteries- , ni comme son autre frère le glorieux duc d'Aumale qui s'illustra à la prise de la smalah d'Abd-el-Kader. Tout ce que je sais de lui, c'est que, par mariage, il tenta de monter sur le trône d'Espagne, mais qu'il -si j'ose dire- se planta. N'importe, un quartier d'Alger portait son nom que les Algérois préféraient appeler "tournants Rovigo".
J'y suis né - et même rue Montpensier - en passant, pendant les pérégrinations de mes parents avant qu'ils n'atterrissent à Bab-el-Oued, dont beaucoup me considèrent comme le chantre.
Un mot aussi sur les couleurs singulières de ce club fondé en 1914 : violet et rouge! ça n'est pas banal violet et rouge. Surtout qu'à l'époque, les maillots des footballeurs faits de coton, perdaient leurs couleurs dès la première lessive pour se fondre dans une espèce de violet sale. J'ai cru toute ma vie que l'ASM était le seul club au monde à s'en prévaloir jusqu'à il y a peu quand, à mon amère déception, j'ai découvert que les Londoniens de Crystal Palace en étaient aussi affublés.
Pendant la saison 39-40 quand, au lycée Bugeaud je me préparais sans conviction à tenter de franchir la barre du premier bac, nous eûmes avec quelques copains, l'idée de nous mêler du championnat scolaire de football. Idée saugrenue, car le championnat d'Alger était une affaire sérieuse avec plusieurs équipes hérissées des noms de joueurs qui faisaient les beaux jours du RUA, Gallia, Saint-Eugène ou Blida etc., etc. qui s'illustraient même parfois en sélection. Comme le lycée y alignait déjà deux équipes, toute honte bue, nous formâmes la troisième. Dans une bande de copains, il y a forcément des "bras cassés". Quant aux autres, certains ne pratiquaient plus et les derniers manquaient cruellement d'entraînement. S'étonnera-t-on que le résultat fut pitoyable ? je n'avais plus gardé de but de foot depuis l'âge de 13 ans, et en "sous-minimes" du RUA sous l'œil de Maurice Cottenet, l'ancien goal de l'équipe de France. Mais comme je finissais une saison de basket en junior avec la "Pro-Patria" au nom glorieux dont le siège se trouvait sous le marché de Bab-el-Oued, j'avais récupéré mes automatismes et une grande sûreté dans la prise de balle. Dans le naufrage général, et même si je fus un nombre respectable de fois ramasser le ballon dans mes buts (les scolaires n'avaient pas droit aux filets), je réussis à tirer mon épingle du jeu. Dans la bande jouait aussi Edmond Fuentes dont le père tenait la "Brasserie d'Isly", à côté du cinéma "Le Régent", siège reconnu de l'A.S. Montpensier qui insista pour me faire signer une licence. Et en effet, je disputai deux matches avec les moins de 18 ans. C'est ici que l'affaire se corse. En mai 40, la France après dix mois de "drôle de guerre" pendant lesquels les futurs combattants firent du lard, venait d'essuyer l'un des plus grands désastres militaires de son Histoire. En Algérie où beaucoup d'unités attendaient d'entrer dans la bataille, de nombreux footballeurs jouaient dans les clubs proches de leur affectation. La défaite consommée, presque tout le monde fut démobilisé dans la précipitation et, conséquence infime mais dérangeante, les clubs privés de leurs titulaires, durent puiser dans leurs jeunes. C'est ce qui se produisit à l'ASM quand le gardien, un certain Galtier je crois, regagna ses Pénates sans demander son reste.
C'est ainsi que je me retrouvai, bien que junior, goal de l'ASM invitée à un tournoi au stade de St-Eugène, et que je fis mes débuts contre l'0T0 (Tizi-Ouzou) que j'allais ensuite retrouver en championnat de 2ème division. Je me souviens de son gardien, Abtouche, un balèze au visage zébré d'une balafre qui impressionnait peut-être les avants adverses, et qui avait la particularité chaque fois qu'il plongeait, de relever ses jambes vers sa tête, un peu comme ces merlans qui se mordent la queue dans la poêle.En tout cas, je ne ressentis aucune pression comme on dit aujourd'hui, et mes arrières qui me jugeaient tendre, veillèrent sur moi avec un soin jaloux, notamment un costaud à tête de légionnaire - -pommettes saillantes et menton bleu- nommé Alberola, que je n'ai jamais revu. Nous fûmes battus 4 à 2 en dépit de tous mes efforts et même m'a-t-on dit, de quelques exploits qui attirèrent l'attention sur moi.
Voilà comment il ne fallut rien moins qu'une guerre mondiale et la défaite de la France, pour faire de moi, le goal de l'équipe première de l'A.S.Montpensier.
GABRIEL CONESA

L'AS Montpensier fut sponsorisée par la Compagnie Africaine des Raffineries de Berre, qui distribuait en Algérie de l'essence sous le nom de BERYL.
L'A.S.M. a participé plusieurs fois à la phase finale des championnats de France de Water-Polo qui avaient lieu en France ; les clubs de renom étaient à l'époque les enfants de Neptune de Tourcoing, le cercle des Nageurs de Marseille, le chevalier Roce sport de Marseille, l'équipe de Nice, le Toec de Toulouse etc…


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