lundi 31 mai 2010

PROFANATIONS DE L' OSSUAIRE DES GRANDS RABBINS D'ALGER

Les dégradations et les profanations se poursuivent dans le cimetière de St Eugène.
L’ossuaire des Grands Rabbins d’Alger, entièrement recouvert de tags et d’ordures de toutes sortes, est à moitié détruit.
Plusieurs stèles ont été récemment arrachées et cassées : ce sont celles de David Krit, Joseph Seror, Judas Bensimon, Jacob Seror, et celle de Raphael Jedidia Salomon Seror.
Plusieurs sépultures ont été ouvertes : ce sont celles de Mimoun Yaffil, Aaron Duran, Salomon Seror, Joseph Nahon.
En juin 1865 deux mille personnes avaient assisté à l’exhumation des restes de ces Grand Rabbins de l’ancien cimetière du Midrach, puis à leur transfert avec d’infinies précautions dans le cimetière de St Eugène. Un jour de deuil eut lieu dans toute l’Algérie. C’était il y a bien longtemps.
Aujourd’hui que doit-on faire? Que peut-on faire?

TEXTE DE JEAN BRUNE SUR BAB EL OUED



Nostalgie de Bab-El-Oued
Pendant la nuit de l’occupation, Francis Carco,réfugié sur la Côte d’Azur, écrivit un livre que l’avenir rangera sans doute dans la liste de ses chefs-d’œuvre : « Nostalgie de Paris ». Il y passait en revue, à travers une sensibilité aiguisée par une tristesse infinie, toutes les grâces perdues, tous les charmes de Paris, assassiné par le temps et les hommes, c’était à la fois un récit, une évocation, un poème et une chanson. Mais la guerre qui avait prêté à cette résurrection un déchirant visage, n’était au demeurant qu’un prétexte. « Nostalgie de Paris » c’était surtout un cri arraché au cœur d’un homme par la fuite inexorable du temps. Du fond de son exil qui multipliait la cruauté de cet engloutissement, Francis Carco, avait surtout tenté de faire revivre les mirages et les rêves que sa jeunesse avait accrochés à tous les carrefours de Paris… et dont le souvenir lui apparaissait comme un trésor.
L’aurore d’une liberté sans cesse remise en question par les barbares, s’est enfin levée, au bout de ces temps enfoncés dans toute la tristesse du monde. Mais la lointaine nostalgie de la jeunesse demeure piquée dans notre cœur comme une blessure inguérissable ; et nous ne parvenons à apaiser cette douleur qu’en déroulant l’interminable litanie des souvenirs authentifiés par des images oubliées.
Il faudrait le talent de Francis Carco pour écrire une « Nostalgie de Bab-El-Oued » qui ne fut pas défigurée par des banalités désespérantes.

Mon propos est plus modeste.
Je ne rêve que de réveiller un reflet, et, à travers cette lueur indécise d’incliner les anciens à se pencher sur les charmes d’un passé déjà suranné tout en aidant les jeunes à découvrir que chaque génération sait accommoder à la fois la vie et le monde aux vertiges de ses plaisirs.
Pour mener à bien cette tâche, il suffit d’un peu d’enthousiasme et de beaucoup d’amour.
Si l’on veut comprendre les jeux et les plaisirs du Bab-El-Oued du temps passé, il faut ré imaginer le faubourg. C’est un village. Il est adossé à la montagne, mais il s’ouvre sur la mer. Il ressemble à un entonnoir dans lequel s’engouffrent tous les appels de la Méditerranée que les Andalous, les Maltais, les Corses, les Napolitains, les Provençaux, les Catalans sont habitués à entendre à travers la longue mémoire des siècles. Les joies et les peines du village sont symboliquement partagées aux deux pôles du faubourg. Au fond de l’entonnoir il y a la carrière. De l’autre la plage s’allonge comme une promesse de farniente. La carrière c’est l’obsession de la semaine, la plage, c’est le rêve du dimanche et le paradis quotidien des enfants.
La plage s’appelait « le bain des chevaux » parce qu’on y menait les équipages des messageries...
C’est là, n’en doutons pas, qu’a du se baigner Cagayous.
Il n’y avait naturellement pas de cabines. On se confiait à la caresse de l’eau dans le plus simple appareil. Ce n’était pas permis… Mais comme beaucoup de choses en pays latin, c’était toléré. *Cependant il passait sur la plage bien des rôdeurs dont il convenait de se méfier si l’on voulait retrouver son vestiaire quand on avait épuisé les joies de la baignade. Enfin la police et les farceurs guettaient aussi les imprudents.
Ainsi savons-nous que « Cuegnot » à qui un agent avait confisqué ses habits pendant qu’il flottait dans l’onde pure, ne dut qu’à l’astucieuse rouerie de son cousin « Ange », de ne pas être obligé d’attendre la nuit pour regagner son domicile.
La plus élémentaire prudence contraignit donc les baigneurs qui s’abandonnaient au balancement cadencé des vagues, à ne jamais cesser de surveiller leur pantalon déposé sur le sable… et de cet exercice de haute école naquit la savoureuse expression algérienne «savoir nager et garder le linge » qui définit aujourd’hui, par extension, un garçon particulièrement débrouillard.
Ceci se passait aux temps héroïques… aux temps lointains où le mot liberté avait un sens. Peu à peu les habitants de Bab-El-Oued prirent l’habitude de venir se détendre sur la plage des fatigues de la journée. D’astucieux commerçants firent élever une guinguette. On construisit des cabines pour « garder le linge » pendant que l’on nageait. Le « bain des chevaux » devint le « bain des familles ». Pendant les mois d’été on faisait tous les soirs la popote sur la plage. Les voisins et les amis qui avaient fui ensemble les maisons surchauffées, se réunissaient autour des feux sur lesquels cuisaient les « pællas » traditionnelles.
La fin du repas était toujours la même. Les hommes empoignaient l’accordéon et la mandoline. Et, près des fumées qui montaient encore sur les brasiers mourants, ils jouaient de vieilles complaintes andalouses, composées pour chanter l’austère beauté des paysages dévorés par le soleil, la langueur des soirs, la violence farouche des luttes de l’amour… toute la nostalgie desepérée des vieux peuples qui savent le prix de la souffrance et qui ont enfermé dans les plaintes déchirantes de la musique, le fatalisme qui panse leurs désillusions comme un filtre magique.
Cependant, il n’est pas de leçon de sagesse qui puisse arracher l’espoir ancré au fond du cœur de la jeunesse. Les filles et les garçons, allongés sur le sable, retrouvaient sans doute derrière leurs yeux clos sur le brasillement des étoiles, les éternels rêves d’amour que berçait sous les ciels de velours le perpétuel bavardage du ressac.
Dès l’aurore les garçons couraient à d’autres jeux. Ils descendaient les pentes du « trou Caston » sur des tôles légères, comme des poulbots descendent les escaliers du Sacré-Cœur ; ou ils couraient chercher les grenouilles dans le bassin du moulin.
Quand le goût du sport eut traversé la mer, lancé par les grandes ondes de la mode, Bab-El-Oued fut partagé entre deux spectacles : le football et les courses cyclistes. Le premier a du naître quelque part sur la vieille place Lelièvre et le célèbre E.B.O. Fut le premier club du faubourg ; les secondes drainèrent en bordure de la rue Malakoff tout ce que Bab-El-Oued pouvait compter de sportifs ou de curieux.

Mais pour tous ces fils d’Espagne… ces enfants de Catalogne, des Baléares ou d’Andalousie, qui n’avaient pas eu le temps d’oublier les passions du pays natal, l’irremplaçable attraction, c’était la course de taureaux, Les « arènes » occupaient l’emplacement du marché moderne. C’était, disent les anciens, « un grand trou qui allait depuis La Pompe jusque chez Gras » ; le public s’asseyait sur les pentes. Les « toros » étaient lâchés au fond du « trou ». Et, sous une lumière encore plus transparente que celle d’Espagne, sous un ciel plus léger au fond duquel chantaient les grâces un peu mièvres de la Méditerranée se déroulaient les terribles phases du jeu du sang, du soleil et de la mort… La majestueuse cérémonie d’un rite aux arcanes compliqués, que les barbares jugent cruel mais qui est un reflet somptueux et farouche de l’âme d’un peuple qui a su élever à la fois le goût et le mépris de la mort au rang d’un art.
Les soirs de fête on organisait des bals dans les cours et aux carrefours des rues. L’orchestre était toujours le même, la mandoline à la fois sentimentale et canaille, langoureuse ou burlesque, y triomphait.
Le bal, pour les garçons et les filles qui ne voient dans les lampions d’une fête qu’un reflet assourdi des flammes qui brûlent en eux. C’est une parodie de l’amour. Mais à la complicité des danses, les garçons et les filles préféraient encore l’hommage plus précis des sérénades qui sont un langage secret, une confidence et un message… ou une plainte de désespéré qui s’obstine à poursuivre une chimère.
Les garçons se réunissaient dès la nuit tombée. Les filles guettaient, derrière les volets, les échos de la musique qui traînait dans les ruelles. Le chœur s’arrêterait-il devant leur porte ? … ou ces garçons cruels iraient-ils porter ailleurs la gerbe d’une chanson d’amour ? La jalousie et l’espoir se battaient au fond du cœur dans de furieux battements de tambour. Si les musiciens s’arrêtaient, la belle quittait la fenêtre. Il fallait feindre la colère et enfermer derrière les paupières closes sur le plaisir, l’apparence d’une indignation. Il n’y a que les peuples rompus à ces roueries qui savent ce qu’est l’amour. Mais il n’est pas non plus de passion que les Latins savent tourner en dérision…. Et quand les « novios » étaient las de chanter leur impatience sous les fenêtres des « novias », ils allaient donner des sérénades burlesques aux carrefours. On ajoutait quelques boîtes de fer blanc à l’orchestre… et l’aventure se terminait sous les tomates, dans le torrent des injures et des rires échangés au fond des cours.
On connaît la célèbre formule qui définit la fameuse sérénade que des humoristes donnèrent jadis « à la figuancée Maria Frézolsse »…
Elle était – dit-on – « si tant tellement bonica qual petit chien de pépète, il se remuait la queue del gousto qui se tenait »…
Le lendemain, on commentait les sérénades, et l’on projetait de nouvelles au cours de la promenade sur l’Esplanade.
La promenade, c’est une autre habitude du faubourg… un autre rite venu d’Espagne avec la passion des courses de taureaux, le plaisir de brailler des « paella » sur la plage et le goût un pervers des sérénades. C’est, à la fois, la cour de récréation de Bab-El-Oued, et le champ clos où se déroulent chaque soir les grandes manoeuvres de l’amour.
C’est plus qu’une promenade.
C’est une parade.
Car les peuples au sang généreux savent parer d’une souveraine élégance les moindres futilités de la vie.
La grande parade de la rue, c’est à la fois une détente et un carrousel… un ballet et un défilé… une sorte de course aux potins et aux œillades… mais aussi une procession ordonnée par l’étiquette rigoureuse des habitudes. C’est un éclat de rire et un murmure… une confidence et un cri de triomphe ou de joie… C’est un défilé d’images en apparence incohérentes, mais qui sont liées les unes aux autres par mille liens secrets. C’est une cérémonie profane, embaumée par l’acre parfum des grillades et des boissons à l’anis, une cour d’amour embrasée par tous les messages de la vie.
C’est le triomphe de la jeunesse.
C’est aussi la seule coutume qui ait survécu à la longue moisson des années… et c’est grâce à elle que le passé s’enchaîne dans le présent dans les rues du faubourg.
Tout cela c’était hier. Mais qu’est-ce qu’hier, aujourd’hui et demain ? dit la sagesse millénaire des Chinois. Rien n’a changé que l’aspect extérieur des choses dont la nouveauté nous incline à croire que tout est bouleversé.
Il n’y a plus de bain des familles mais Matarese et les petites criques de Raïsville restent le paradis des gosses du faubourg. La plage a disparu, enfouie sous les barbares entassements de béton des boulevards… et les automobiles aux lignes surréalistes roulent aujourd’hui sur la même route que gravissaient jadis péniblement les pataches à chevaux.

Et après ? L’horizon s’est un peu élargi. Mais c’est tout, les pêcheurs continuent à s’asseoir sur les parapets des boulevards, comme autrefois sur les rochers les sages y passaient des jours entiers, fascinés par les moindres frissons d’une canne de roseau. Les rêveurs ne se sont jamais lassés de courir la petite aventure quotidienne de la pêche à la palangrotte ou au trémaille. Bercés à l’aube sur l’eau verte animée par les jeux des marsouins ; ou balancés le soir par les petites houles couleur d’outre-mer, ils reviennent brûlés par le soleil, ivres de lumière, mais fiers de serrer quelques cabotes ou quelques rascasses dans un panier de palmier nain tressé. Et tous regardent rentrer les chalutiers qui dansent dans les vagues hargneuses des crépuscules d’hiver, parce que le chalutier représente toujours pour ces latins qui naissent avec les cheveux teintés par l’iode et les lèvres déjà salées, le fabuleux bateau des pêches miraculeuses.
Pour les jeunes garçons les matches de football ont remplacé les courses de taureaux. Mais il suffirait de bien peu de chose pour rallumer le feu qui couve avec des souvenirs confus de sang lentement pompé par le sable d’une arène, d’esquives fulgurantes, d’attitudes majestueuses, et de cris à travers lesquels passe l’éternelle angoisse de la vie et de la mort qui prête à la corrida l’essentiel de sa noblesse.
On n’attend plus un an pour courir les vertiges du bal, où les garçons et les filles savourent une subtile parodie de l’amour. On s’entasse dans les voitures qui mènent chaque dimanche des grappes de jeunesse un peu avide vers les fêtes rurales qui illuminent les nuits d’Afrique avec des feux d’artifice de papier coloré. Mais ce rythme ne change rien à l’affaire. Le rêve reste le même que celui auquel s’abandonnent voluptueusement les amoureux de la gare. Dans le tumulte un peu canaille de la fête ou dans le silence qui pèse sur les pierres tièdes des parapets du boulevard, c’est la même chimérique poursuite de tous les mirages de la vie qu’exhalent les grâces conjuguées de la Méditerranée… la luxueuse présence des ciels de velours, les parfums des algues foncées et le perpétuel murmure du ressac.
Bab-El-Oued reste aujourd’hui le même faubourg qu’hier parce que cinquante ans ne suffisent pas à changer des hommes qui ont été pétris par une longue suite de siècles, la même gaieté spontanée chante dans les ruelles, la même ironie éclate dans les appels, la même noblesse dissimule les mêmes difficultés et le même gentillesse, pare d’une émouvante simplicité les sincérités d’un petit peuple. Seuls les accents s’émoussent lentement, la trame colorée de la langue use les teintes trop criardes sur les bancs des écoles et dans les brassages de la vie. Mais mon ami Pons, écoutant l’un de ses voisins éclater de rire a pu encore me dire, il y a encore quelques jours ;
- « Celui-la ne changera jamais… même quand il rit… Il rit en espagnol… »

Une nouveauté cependant a profondément marqué le faubourg. C’est le cinéma.
A ces Latins à l’imagination généreuse, la mystérieuse magie des images a offert un canevas inespéré. Et le filles et les garçons que les rigoureuse disciplines du travail enferment prématurément dans les médiocrités de la vie, suivent chaque semaine, dans l’ombre des salles de projection, à travers les mythes des personnages, de la légende, des rêves, qu’ils n’eussent jamais osé ébaucher seuls.
Leur sens de la grandeur et leur passion de l’amour y trouve des prétextes vraisemblables où ils peuvent accrocher leur goût de l’invraisemblable.
Cela certes n’a pas encore suffi pour transformer Chicanelle, Embrouilloune ou Scaragolette en Douglas Fairbanks, Clark Gable ou Robert Taylor. Mais c’est peut-être pourquoi la savoureuse Mme Solano de Musette, se coifferait aujourd’hui comme Rita Hayworth.

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dimanche 30 mai 2010

TCHALEFS D' UN ENFANT DE BAB EL OUED

LE SCHNAP’S DE LA CASBAH
Cette année là, l’hiver fut très pluvieux. Et quand y pleut à Alger, c’est pas de la rigolade. Tous les jours, le déluge y s’abattait sur la ville. Y suffisait d’aller à l’école, de descendre acheter du pain pour être trempé de la tête aux pieds.
On s’enrhumait pour un oui, pour un non. Y avait pas un chat dans les rues. Ni un chien, ni une sauterelle avec ce temps karse.
Et ce qui devait arriver arriva. La moitié de la ville éternua et l’autre moitié, comme elle disait ma mère, elle tomba dans un lit. Les appartements y sentaient le camphre, les enveloppements d’alcool et les feuilles d’eucalyptus. La ouate thermogène, elle régnait en maitresse absolue dans les foyers de chez nous. Les docteurs y s’en donnaient à cœur joie pour distribuer des piqures et des arrêts de travail.
Pour ma part, je vivais chez ma tante rue Marengo dans la casbah à l’abri de la contagion et de la congestion.
Mes frères, plus malades qu’eux, ça existait pas ! Y toussaient à qui mieux mieux, c’est tout juste si y crachaient pas leurs poumons ; leur température, elle montait mieux que Bahamontès dans la Tourmalet.
Ma mère, la pauvre, elle était devenue la reine des enveloppements. Alors, bien sur, chez ma tante, non seulement j’allais plus à l’école mais en plus, j’étais comme un coq en pate. Bien sur, je m’faisais un p’tit chouïa de mauvais sang comme elle m’avait appris ma mère, la reine du mauvais sang, mais c’était sur, Azrine y venait, je donnais pas ma place pour un empire. ( Tout le monde y dit pour un royaume, alors moi, exprès pour faire mon intéressant je dis empire! J'ai le droit non, c'est mon texte, j'écris c' que je veux, non mais!)
La Casbah, en montée et en descente, elle déversait des trombes d’eau. Elle en profitait pour laver ses rues que d’ordinaire, elles sentaient pas la rose.
Les voisines de ma tante, toujours elles me mettaient les yeux en se pâmant sur ma bonne santé qu’elle résistait à la maladie. Mais, fier comme Artaban, j'en oubliais de mettre le cinq dans leurs yeux de médisance! A force, à force, qu’un jour je me lève avec une tête comme une pastèque. Une gare elle circulait dans mon crane. Ma tante ou ma mère, c’était kif-kif bourricot ! Elle jurait comme toutes les femmes de la famille que par les deux sommités de la Casbah, les docteurs Jaïs et Jonathan. Si y nous envoyaient chez Roubi, la maison de fous d’Alger, nos mères elles préparaient notre valise sans même discuter. Les yeux fermés, elles leur faisaient confiance. Le Docteur Jaïs y demande à ma tante de me donner un petit sucre imbibé de chnapp’s chaque soir avant de dormir. Achno, le chnapp’s, késako ?
--« Une liqueur allemande, » elle me répond ma tante ! Ouais, vous avez bien lu ! Où ma tante, elle va trouver de la liqueur allemande à Alger, dieu seul y le sait !



Mais ma tante, comme ma mère et comme toutes les mères de chez nous, elles cherchent, elles trouvent ! Mes cousins y me prennent pour John Wayne dans le saloon qui tapent whisky sur whisky sans être saoûl, sauf que moi c’est pas du whisky mais de la liqueur allemande. Ba ba ba !
Je tousse comme jamais de ma vie j’ai toussé! Mais le chnapp’s y va arrêter tout ça ! Moi, je me perds en conjecture. Comment ça se fait que ma tante, elle a du chnapp’s chez elle. Elle est pas tchichepoune quand même ! Dans la famille, on connaît même pas le goût de l’anisette, du vin encore moins, comme de n’importe quel alcool d’ailleurs et ma tante, elle serait la seule à posséder dans son buffet du chnapp’s, de la liqueur allemande ! Aouah ! c’est pas catholique cette histoire.
Je suis sceptique. Yen a qui sont antiseptiques, moi je me contente d’être sceptique. Sceptique mais obéissant et quand vient le moment de dormir, elle imbibe un sucre qu’elle met dans une cuillère et drop ninette, je l’avale !
Ce chnapp’s, c’est pire que l’incendie dans ma gorge ! En plus, c’est mauvais, cette liqueur allemande ! Hitler, il a du en boire des litres pour devenir fou comme ça ! Tiassardo Hitler!
Tous les soirs, je prenais mon sucre. Une vraie purge ! N’empêche que le docteur Jaïs y m’a guéri en deux temps, trois mouvements.
Ya pas à dire, les docteurs de la casbah c’étaient des champions du monde même si leur liqueur allemande, une fois rentré chez moi, on m’a dit que c’était de…….l’alcool à bruler. Ouais, de l'alcool à bruler, vous avez bien lu et entendu! Ces docteurs d'Alger, quand même, hein!



FIN

samedi 29 mai 2010

Algiers in the 1930s


Alger dans les années 30

Alger 1950


ALGER DANS LES ANNEES ......

CASTIGLIONE la perle du littoral

 Le 4e convoi à destination d'El Affroun, Castiglione, Tefeschoun, qui comptait 843 personnes, est parti le 22 octobre 1848 de Paris. Il a été béni par l'archevêque de Paris, Mgr Sibour, et on note la présence d'Edgar Quinet. Ce convoi était sous la responsabilité de trois chefs militaires du régiment des Spahis.
Après un voyage de plusieurs jours, ils débarquaient à Alger où ils furent l'objet d'une manifestation affectueuse et chaleureuse de la part de leurs compatriotes installés depuis une dizaine d'années.
Partis d'Alger, ils arrivèrent à Castiglione après un voyage de deux jours. Les familles furent logées dans des baraques. Elles dépendaient de l'autorité militaire et recevaient le ravitaillement de la place de Coléa.
Chaque colon reçut une concession de 12 hectares à défricher et à cultiver.
La vie fut très dure pour les nouveaux concessionnaires car ils avaient à lutter contre la chaleur à laquelle ils n'étaient pas habitués, contre la maladie, la fièvre, les bêtes féroces et les privations de toutes sortes. Leur volonté, leur ténacité, leur courage eurent raison de tous ces obstacles et, quelques années après l'arrivée de ces pionniers, Castiglione était un petit village où se dessinaient des parcelles de terrain qui produisaient du vin et des légumes secs.
En 1854, le village fut érigé en commune de plein exercice : son premier maire s'appelait Pierre Schlisler.
Les années ont passé. Aujourd'hui nous pouvons admirer le développement de ce centre, Castiglione comprenait lors de sa création trois familles indigènes et 40 Européens.
En 1921, la direction de l'agriculture au gouvernement général de l'Algérie, décidait la création, à Castiglione, d'un laboratoire exclusivement consacré aux études de biologie appliquée à la pêche et notamment au poisson bleu. La station travailla énormément en laboratoires, en haute-mer, conseillant les usiniers de poisson nombreux dans la région.
Castiglione comprenait lors de sa création trois familles indigènes et 40 Européens et 3 760 musulmans. Deux mille maisons d'habitation ont été construites : une église (nommée St Félix de Valois, elle fut commencée en 1851 et terminée l'année suivante. Son saint patron créa l'ordre des Trinitaires ou Mathurins en 1198 voué au rachat des chrétiens tombés au pouvoir des musulmans. Elle sera démolie en 1966, une
mairie, des écoles, un marché couvert, une salle de fêtes, une école d'Apiculture, un grand boulevard Front de Mer ont été édifiés, les routes empierrées et goudronnées, le réseau d'égoûts est complet et l'alimentation en eau potable est assurée par la source Bou-Ismail et une station de pompage.
A la création, un simple petit bistrot travaillait avec les pêcheurs italiens qui venaient tous les ans d'Italie pendant la saison de la pêche. Aujourd'hui, quatre établissements de premier ordre suffisent à peine à satisfaire les estivants qui viennent tous les ans de plus en plus nombreux, de la plaine de la Mitidja et d'ailleurs, pour se reposer et respirer l'air pur et vivifiant de la mer.
Son eau pure et fraîche, ses belles rues ombragées, l'amabilité et l'hospitalité de sa population bien française font de Castiglione un centre de plus en plus recherché, principalement par les rentiers et les retraités.
Castiglione-village ? Castiglione-plage ?
Peut-on réellement séparer notre charmante cité en deux secteurs, le nord et le sud de la route nationale ?
Certes, et notamment par mauvais temps, la rue principale du "village", avec sa multitude de commerçants, était beaucoup plus animée ; mais aux beaux jours (et ils étaient plus nombreux que les médiocres !), les promeneurs se retrouvaient sur le boulevard surplombant les voûtes et c'était un incessant va-et-vient entre l'hôtel de la Plage et l'école de pêche.
Ce n'est pas pour faire du "lèche-vitrines" si, vers les 15 heures, ces gens déambulaient en longeant la mer ; pourquoi alors ? C'était l'endroit le plus approprié pour bénéficier, à partir de 17 heures, de la petite brise d'est si recherchée et qui nécessitait souvent l'utilisation d'une "petite laine" pour rester jusqu'à la tombée de la nuit, moment où le vent, lui aussi tombait.
Seulement, ce petit vent desséchait la gorge et alors, selon leurs affinités, les groupes se retrouvaient chez Martinez, cher Alexis ou à l'Oasis. Les enfants et même plusieurs adultes préféraient, eux, "s'empiffrer" de beignets délicieux en assaillant la baraque de Rosello.
Puis venait l'heure des sacro-saintes parties de cartes entrecoupées de nombreuses tournées d'anisette. N'allez pas croire que ces parties étaient réservées aux quelques pêcheurs de la plage : tous les soirs voyaient "descendre" chez Alexis ce triode aussi disparate que sympathique, notre ami Rico Perez ou nos regrettés Georges Martin et Marcel Reynaud entre autres.
Un seul établissement de cette partie de notre Casti était désertée par nos concitoyens : l'hôtel Miramar, plutôt réservé aux Algérois ou Blidéens de passage.
Il ne faudrait pas oublier le côté ouest de la plage, la zone industrielle avec les usines Adrigna, Sarthon, Ferrante et, entre ces usines, une figure exceptionnelle, l"'ermite" Louis Carlino ; et, puisqu'il est question de figure sortant de l'ordinaire, n'omettons pas Lorenzo qui faisait ses oursins sur les mates et qui, pour un verre d'anisette, n'hésitait pas à en déguster un, carapace et épines comprises.
Quant à l'extrémité est, elle voyait très souvent l'arrivée de nombreux cars qui débarquaient leurs passagers pour la visite du magnifique aquarium géré par le Dr Dieuzeide aidé de François Scarinci (di Tchitche) et de Vincent Soler. Comment se rendre dans ce secteur idyllique ? Deux voies s'offrent à vous : celle de l'est, vraiment peu utilisée, bordée de mûriers et de lauriers roses, et celle disons du centre, face à l'église, pardon, face à la mairie, avec elle aussi ses mûriers et ses lauriers roses, mais agrémentée de villas de l'école et des jardins maraîchers.
Il faut bien en convenir l'osmose, chez nous, était parfaite entre le nord et le sud.
Surtout lors des fêtes, celles de Casti étaient très appréciées de tous et animées par de très grands orchestres.
Ainsi le carnaval et ses corsos fleuris les fêtes votives les bals à la salle des fêtes (avec Martial Ayéla, Lucky Starway), les fêtes de la plage, la fête des vendanges, la retraite aux flambeaux suivie le lendemain de la fête nationale, et enfin les fêtes dans le garage de chez Roque organisées par notre extraordinaire équipe de foot locale, l'O.L. (l'Olympique du Littoral).
L'œuvre des créateurs de Castiglione a porté ses fruits. Ce coin de terre, arrosé de leur sueur fut l'un des plus beaux du littoral algérois. Les générations qui se succédèrent, ont continué œuvre de leurs ancêtres jusqu'à la fin et l'exil.

Les barricades (Jean-Pax Méfret)

POUR MEMOIRE.....

vendredi 28 mai 2010

- Barbra Streisand & Tony Bennett -


DEUX GRANDES STARS POUR REVER UN PEU

jeudi 27 mai 2010

FRANCOISE ARNOUL "la rivale de B.B."

Née le 3 juin 1931 à Constantine (Algérie), Françoise Arnoul de son vrai nom Françoise Annette Gautsch suit les cours d'art dramatique d'Andrée Bauer-Thérond lorsqu'elle débarque en France au lendemain de la Deuxième guerre mondiale. Fin des années 40, elle est remarqué par un imprésario qui la présente à Willy Rozier. Celui-ci lui offre le rôle « dénudée » de Perruche dans L'épave. Alors âgée de 18 ans, elle devient une vedette grâce au film. Elle enchaîne l'année d'après avec la comédie musicale Nous irons à Paris de Jean Boyer.
Dès lors, à travers ses nombreux films, elle véhicule l'image d'une jeune fille perdue, aux moeurs légères ou un brin perverse. Notamment dans Le fruit défendu d' Henri Verneuil en1952 ou dans French Cancan de Jean Renoir (1955) qui marque sa première collaboration avec Jean Gabin. En 1953, elle tourne sous la direction de Henri Decoin dans Dortoir des grandes. Ensemble ils tourneront plusieurs films dont l'un de plus grands succès de la comédienne La Chatte (1958) qui donnera lieu deux ans plus tard à une suite nommée La chatte sort ses griffes. Elle continue ensuite d'être à l'affiche de Sait-on jamais? De Roger Vadim en 1957, Le diable et les dix commandements de Julien Duvivier (1962) ou encore Vacances portugaises de Pierre Kast (1963).
A partir de la deuxième moitié des années 60, Françoise Arnoul devient moins présente sur les écrans , du fait de son combat politique en faveur de l'avortement et aussi peut être parce qu'un autre sex-symbol nommé Brigitte Bardot à fait son apparition. Dans les années 80, l'actrice privilégie le théâtre et la télévision aux plateaux de tournages. Parmi ses dernières apparitions ciné, on peut noter sa présence au générique de Ronde de nuit de Jean Claude Missiaen (1984) et Voir l'éléphant de Jean Marboeuf.

mercredi 26 mai 2010

YAHOLELE ALBERTO STAIFFI

LOS ALCARSON "enfants de Bab El Oued"


pour mon ami henri agullo et pour l'amitié des pieds noirs

LE CAROUBIER "L'HIPPODROME D'ALGER"

Le quartier du Caroubier doit son nom à un vieil arbre situé de la voie des CFRA et de la RN reliant Hussein-Dey à Maison-Carrée, juste devant la maison natale des enfants BAGUR (Antoine, Jean, Barthélémy et Marguerite, épouse CARRERAS).
A l' origine, la plupart de ces terres, qui s' étendaient de la caserne du 19ième Génie jusqu'à l' usine d' incinération des ordures (gadoues), appartenaient à la famille JAÏS.
La proximité d' Alger et l' implantation de familles de maraîchers, dures au labeur, firent que ce lieu-dit connut un développement rapide et une certaine prospérité.
Je voudrais citer quelques noms : CARDONNA, BAGUR, PONS, CERDA, CARRERAS, SCOTTO, RIGNIELLO, SINTES, VIDAL, FLORIT, SORABELLA, CUOMO, FERRE, etc...
Au terme de ces courses, certains parieurs regagnaient leur domicile à pied et mon grand-père, d' un air malicieux, me faisait remarquer, que ceux-là n'avaient certainement plus un sou en poche... D'autres, plus chanceux, regagnaient Alger en taxi, en joyeuse compagnie !
La construction de la route moutonnière et aussi d'un magnifique hippodrome donnèrent une animation certaine à ce petit coin d' Hussein-Dey, alors essentiellement agricole.
Le dimanche notamment, une foule nombreuse, où l'on remarquait d'élégantes Algéroises faisant admirer leurs superbes toilettes, envahissait la Cité DIVIELLE.
Les courses étaient très disputées et les entraîneurs jockeys rivalisaient d' ardeur pour remporter la victoire. Ils se nommaient TENDERO, DAFLON, DI SCALA, POMME, DEVESA etc..
Le dernier responsable du départ des courses, "le starter", était un enfant du Caroubier. Il s'appelait Michel SINTES. Comme nous, il avait fréquenté l' école située au coeur du quartier, où, bien entendu, à l'époque, filles et garçons étaient séparées.
La plupart d'entre-nous furent des élèves studieux et si, parfois, à la sortie des classes, une échauffourée survenait, l'arrivée du Directeur en blouse noire suffisait à ramener le calme. Nous sommes nombreux à nous souvenir de Madame ROGIER : quelle patience et quel dévouement avec les tout-petits !
La sortie du personnel de l'usine des Bouchons, du dépôt des CFRA et des Huiles Renault produisait une certaine animation et, venant du champ de tir, le passage des soldats du 19ième Génie regagnant leur caserne, faisait battre le coeur de quelques jolies filles du Caroubier... (elles se reconnaîtrons !)
Le petit boulodrome, tout à côté de la maison PONS, connut d' interminables parties de pétanque. Et comment ne pas évoquer notre Club de football qui passionna plusieurs générations d'Hussein-Déens ? Le Caroubier avait ses champions : Fernand et Joseph CERDA, Michel et mimi SALORD, Jojo SCOTTO, Albert PONS et bien d' autres. Ils portèrent bien haut nos chères couleurs, le violet et le jaune.

Christian CERDA-BAGUR
Sur les rives de la Méditerranée, quand l'été ardent glisse vers l'arrière-saison, grenades, caroubes, jujubes, pistages et arbouses annoncent que l'automne vient d'arriver et nous entraînent en douceur vers la retraite hivernale. Ce sont les fruits d'arbres plutôt modestes, souvent méconnus, qui ont pourtant beaucoup compté pour les peuples méditerranéens et méritent d'être célébrés pour leurs usages précieux et leur riche symbolique. Honorons donc le grenadier aux fruits porteurs de vie, le caroubier aux mille carats, le jujubier sacré de la tradition musulmane, le pistachier à l'amande raffinée, sans oublier l'arbousier, rude pionnier des maquis qui fut jadis symbole d'immortalité
De quelque côté où on se trouve, l’hippodrome du Caroubier s’impose à la vue grâce à son immensité territoriale et à sa position géographique parfaitement étudiée.
Fruit du prolongement urbanistique de la baie d’Alger, il complète harmonieusement la chaîne de œuvres architecturales que le génie humain a mise en pratique sur le terrain. Seulement, les milliers de regards qui le croisent quotidiennement se questionnent légitimement à juste titre sur son état d’abandon et le pourquoi d’une telle situation en jachère. Avant d’aboutir à la satisfaction de cette curiosité nullement indiscrète, faisons une intrusion historique.
L’hippodrome du Caroubier, jadis baptisé « le petit Longchamp » en référence à la similitude avec son prestigieux devancier situé en territoire français, construit dans les années 1930, abritait comme son nom l’indique si bien les courses de chevaux.

PETITE HISTOIRE D'HUSSEIN DEY

Ce quartier doit son nom au 28e et dernier dey d’Alger : le dey Hussein.
Il avait installé sa maison de campagne à proximité des plages de la banlieue d’Alger.
Sur les rivages de Hussein-Dey avaient échoué en 1541 les navires de la flotte de Charles Quint. Situé en bord de mer, entre le Jardin d’essai, Kouba et Maison- Carrée, Hussein-Dey comptait plusieurs citées dans sa périphérie : Léveilley, Brossette, La Montagne, Bel Air, La Cressonnière, Panorama, Les Eucalyptus, Côte-Blanche, Côte-Rouge, Maia, Hanin… La maison du dey Hussein sera occupée par le général Lamoricière avant de devenir, quelques années plus tard, l’entrepôt central des tabacs (la halle aux tabacs devenue l’école de police).
Le 20 mai 1870, un décret impérial de Napoléon III donnait au quartier de Hussein-Dey le statut de commune autonome, séparé définitivement de Kouba. La mairie y fut installée le 15 octobre 1870. Au recensement de 1886, la population de Hussein-Dey était évaluée à 3 095 habitants. La rue de Constantine (actuellement rue de Tripoli) était la principale artère.




Les premières usines
Au début du XXe siècle, Hussein Dey, 9e arrondissement de la ville d'Alger, était essentiellement à vocation maraîchère. Puis, elle opère un virage à 180° en s’industrialisant : les ateliers Durafour, les établissements Blachère, la minoterie Narbonne (moulin à vapeur).
Balade à Hussein-Dey
Le quartier du pont appelé également Lafarge, du nom des ciments, était souvent inondé suite aux orages de la fin de l’été. Sur la rue de Constantine, la caserne Helle et juste à côté la halle aux tabacs devenue l’école de police.

Il y avait aussi le club de football, OHD, qui s’illustra dans toute l’Afrique du Nord ; le cinéma Le Royal, à côté du café des Anti-Bilieux et Le Moderne, autre salle obscure dans le quartier Saint-Jean. Citons, par ailleurs, la place de la Mairie avec son kiosque à musique. A l’amorce de la rue Victor-Hugo se dressaient les écoles de garçons et de filles. Quant au marché situé au quartier Saint- Jean, il fut transféré dans les années 1950 au rez-de-chaussée du foyer municipal (lieu de résidence des enseignants). A sa place fut aménagé un garage pour les pompiers ainsi qu’une église.
La Société de gymnastique et de tir de Hussein Dey, fondée en 1892, était la doyenne des clubs sportifs locaux (gymnastique, athlétisme, tir, natation et football).
L’hippodrome du Caroubier
En quittant Hussein-Dey, on se dirige vers le quartier des villas de Nouvel-Ambert. On y trouve la caserne Lemercier et l’hôpital Parnet. Sur le même prolongement se dressent l’hippodrome du Caroubier et l’ancienne gare aérienne d’Alger avec son terrain d’aviation établi sur des terrains sableux de la rive gauche d’El-Harrach. En bordure de mer, le champ de course a remplacé le vaste terrain où se déroula, en 1860, une grande fantasia devant Napoléon III et l’impératrice. Tous les dimanches, les parieurs affluaient d’Alger et ses environs à l’hippodrome du Caroubier.



SETIF UN DRAME ALGERIEN "la vérité rétablie" 2

SUITE   - 2 -
On voudrait préparer des lendemains rendant inéluctable l'évacuation totale des Français de l'Afrique du Nord que l'on n'agirait pas autrement.
Les Français d'Algérie, qui avaient quelque droit de s'enorgueillir de l'oeuvre accomplie par eux et surtout par leurs ascendants — dont les tombes garnissent les cimetières du bled africain — vont-ils être acculés à cette extrémité ?
Certains, déjà, songent à cette solution, combattue par beaucoup. Leur laissera t-on le droit de se défendre auprès de leurs frères de France, odieusement trompés sur la situation exacte existant au sud de la Méditerranée ? Leur permettra t-on de souligner l'injustice criante que l'on commet à leur égard et qui risque — en compromettant gravement la situation de notre pays sur la plateforme, désormais historique, qui a sauvé la civilisation dans le duel gigantesque qui vient de prendre fin — de diminuer à jamais la position de notre nation dans le concert européen ?
Trop de mensonges effrontés ont été répandus. Un malentendu grave, doit disparaître. Comment ? En disant la vérité, la vérité simple, la vérité vraie. Or, la vérité est toute à l'honneur des Français de l'Afrique du Nord, dans le drame de mai 1945, dont on cherche à détruire les archives.
Elle montre des faits d'évidence que l'on doit mettre en pleine lumière, dans un souci de justice impartiale.
Le premier de ces faits est que, partout où les Français isolés ont eu quelques instants, si courts soientils,
pour organiser leur défense, ils l'ont fait avec une crânerie, un courage et une persévérance qui font honneur à notre race.
La deuxième des constations est que, malgré la propagande nocive, ouvertement déclenchée dans les milieux autochtones, malgré les menaces qui ne leur ont pas été épargnées (et qui continuent à s'exercer), des indigènes sont restés fidèles aux amitiés françaises.
La troisième est que l'armée a sauvé la situation, malgré les faibles moyens dont elle disposait. Tout l'honneur en revient à ses chefs, aux officiers, sousofficiers et soldats qui, résolument, parfois isolément, se sont jetés, sans souci du danger, en rase campagne, au milieu de milliers d'insurgés, qu'ils ont mis en fuite, arrêtant ainsi le plus atroce des carnages. Parmi ces soldats, ces héros, étaient des indigènes. Certains ont payé leur dévouement de leur vie.
Ces exceptions doivent être constatées, soulignées dans un sentiment d'équité, dont nous ne devons jamais nous départir, même dans les plus graves des conjonctures. Nous employons ce mot « exceptions » par comparaison avec la masse des émeutiers, réunis en maints endroits, sur un simple mot d'ordre, et donnant l'impression d'une unanimité totale dans l'attitude des révoltés. Cet entraînement du milieu a reçu, chose inouïe, la collaboration spontanée, les directives, pouvons nous dire, de fonctionnaires indigènes locaux qui, grâce à nous, avaient été élevés aux grades sociaux les plus enviables, beaucoup à la dignité de citoyens français, certains même ayant pénétré notre civilisation au point d'épouser des femmes françaises.
Nos observations seraient incomplètes si nous ne rendions hommage aux nombreux fonctionnaires français qui, sentinelles avancées de notre civilisation, dans le bled algérien, ont su vaillamment faire face à leur devoir, en courant les plus grands périls, aux côtés des colons.
Il y a eu quelques défaillances regrettables, heureusement très rares, de personnalités administratives. Constatons le fait, simplement pour mémoire. Il ne fait que souligner davantage la belle attitude prise par la presque unanimité de ceux qui, ayant la responsabilité du pouvoir et de l'ordre, à l'intérieur et dans les
villes menacées, ont su rester dignes des fonctions dont ils étaient investis.
Ces constatations faites, entrons dans le vif du récit des événements qui ont marqué les journées tragiques de mai 1945, en Algérie, en élaguant, de partipris, tout détail douteux ou qui ne nous serait pas confirmé par des témoins dignes de foi.
LE DRAME DE SETIF
C'est à Sétif qu'a jailli la première étincelle qui amis le feu à la petite Kabylie, en mai 1945.
Sétif, devenue un centre commercial important, collectant les grosses productions d'une région où les colons, depuis de nombreuses années, ont appliqué les formules scientifiques de la culture des céréales, était administrée par un maire débonnaire et conciliant estimé de tous : M. Deluca, avoué, nommé, depuis
quelques mois, Président de la Délégation provisoire. M. Deluca succédait à un maire élu, le Dr Masselot, Administrateur pondéré et équitable, jouissant également de la sympathie générale. On peut donc dire que les municipalités sétifiennes ne donnaient aucune excuse au mécontentement des indigènes.
Mais Sétif était un centre d'agitation antifrançaise, où des incidents nombreux s'affirmaient comme tendancieux et visant directement l'autorité française.
Déjà, cette cité avait été le théâtre d'un drame évocateur d'un état d'esprit particulier.
Une émeute à caractère militaire avait, été esquissée le 1er février 1935. Il s'en était fallu de peu que l'affaire prît une importance des plus grave. On lui avait donné une couleur antijuive, ce qui n'a pas été démontré, cette traduction pouvant cependant s'expliquer par les troubles qui, le 5 août 1934, avaient ensanglanté les rues de Constantine et dont les détails horrifiants sont encore présents à la mémoire de tous les Algériens.
Malgré les démentis officiels, il est établi que les incidents de février 1935, à Sétif, ont eu pour acteurs principaux des soldats indigènes, précipitamment sortis de la caserne pour venger les camarades engagés dans une querelle de maison close. Il y eut des morts : un militaire et un agent de police français, M. Colas, tombé au cours de l'assaut forcené d'un poste de police. Des civils venant renforcer le groupe de perturbateurs, l'émeute gagna la ville et des pillages de magasins se sont produits. Il fallut une intervention
énergique pour mettre fin à la manifestation.
Ces événements n'avaient pas manqué d'avoir une répercussion dans tout le département — notamment à Canrobert, AïnBeïda, Guelma. Un rapport officiel donne ces conclusions précises : « Il n'est pas exagéré de dire qu'à cette heure, l'autorité française est méconnue. Partout, dans les villes comme dans les campagnes, les indigènes sont exaltés au point d'être convaincus qu'ils constituent une force, avec laquelle nous devons désormais compter. L'ordre public est à la merci du moindre incident ou d'un faux bruit quelconque. Il est juste temps de réagir si l'on ne veut pas que la situation, grave aujourd'hui, devienne sans issue demain. »
1935... on n'a pas réagi. Et les événements de 1939-44 n'étaient pas faits pour décourager les fauteurs de troubles.
C'est à Sétif qu'habitait Ferhat Abbas, le pharmacien nanti de nombreux mandats électoraux, devenu le chef de l'organisation ayant pour programme la disparition de tous les Français d'Algérie, puis le député siégeant à la Constituante de 1945. C'est à Sétif qu'avait été rédigé le manifeste du 3 février 1943, résumant, en des phrases impératives, les prétentions du nouveau parti xénophobe issu de l'ancien parti du Dr Bendjelloul, conseiller général du chef-lieu.
Nous aurons à revenir sur l'action agressive des « Amis du Manifeste », alliés au parti populaire algérien (P.P.A.) et soutenus par le groupe des Oulémas, prenant ses mots d'ordre en Orient, et créateur des Médersas occultes, installées peu à peu dans tous les centres urbains et ruraux du département de Constantine et des groupes de scouts, jeunes musulmans entraînés pour les assauts futurs.

A  SUIVRE

mardi 25 mai 2010

UN DRAME ALGERIEN - POUR RETABLIR LA VERITE -

Le film "Hors la loi", subventionné par la France, présenté au festival de Cannes, relate avec de grossières erreurs historiques (dénoncées par le Ministre délégué aux Anciens Combattants Hubert FALCO) les événements de mai 1945 à Sétif (Algérie).

Le réalisateur, pour sa défense, indique qu'il s'agit d'une "œuvre de fiction" (dont acte !) et le Ministre de la Culture (inutile de le nommer) renchérit en déclarant que le film "répond aux critères esthétiques du festival de Cannes". Pitoyables arguments!
Le secrétaire du Cercle algérianiste de Grenoble a numérisé, à la virgule près, le livre désormais introuvable publié en 1948 par Eugène Vallet, Conseiller Général du Constantinois, qui relate dans le détail les événements de Sétif.
Il nous suggère de le faire connaître en le transmettant à un maximum de personnes. En réponse à la "fiction" et à l' "esthétique", voici donc les faits.

SETIF, UN DRAME ALGERIENDes désordres sociaux d'une extrême gravité se sont produits en Afrique du Nord, pays français depuis cent quinze ans, au début du mois de mai 1945.
Brusquement, les Français d'Algérie se sont trouvés en présence du commencement d'exécution d'un complot de vaste envergure, s'étendant sur tout le territoire des trois départements de Constantine, Alger et Oran.
Ce complot, préparé de longue main, avait pour but de faire disparaître, par le fer et le feu, tout ce qui portait un nom français dans le pays, pour y instaurer on ne sait quelle organisation berbère, à la solde ou agissant pour le compte de puissances occultes non encore divulguées, mais s'appuyant ouvertement sur les partis extrémistes dont la France rencontre l'action destructive chaque fois qu'un conflit mondial met son existence en péril.
Il s'en est fallu d'un simple hasard que l'incendie allumé n'ait pas eu l'entier effet qui était escompté par ses auteurs: l'anéantissement total de l'oeuvre plus que séculaire édifiée par la France en Algérie, oeuvre pour laquelle les étrangers eux-mêmes ont manifesté si souvent, dans le passé, leur admiration. En effet, sur deux points du territoire, Sétif et Guelma, et le jour même de la proclamation de la victoire de la civilisation sur la barbarie — ce qui est particulièrement significatif— les populations autochtones, savamment et longuement travaillées et entraînées, ont confondu préparation et exécution. Ce malentendu a faussé le point de départ
du mouvement, en enlevant à l'action son caractère d'explosion générale devant prendre l'autorité au dépourvu et empêcher toute réaction efficace.
C'est ainsi qu'au lieu de se trouver en présence de près de huit millions de manifestants armés, les Français ont eu à faire face à deux foyers actifs d'insurrection, couvrant près de 6.000 kilomètres carrés, en deux régions à population très dense, où l'émeute — les constatations faites l'ont démontré — n'avait même pas l'excuse de la misère.
Presque simultanément, se sont produits sur tout le territoire, entre Bône et Saïda, c'est à dire sur 900 kilomètres de distance, des remous démontrant la préparation d'une action offensive qui n'était, du reste, un secret pour personne.
Car tous les Français habitant la colonie, de Nemours à La Calle, d'Alger aux confins sahariens,connaissaient le danger qui, chaque jour, s'aggravait avec une audace déconcertante. Les Pouvoirs publics, chaque jour étaient alertés, avec une insistance pressante, par des rapports de fonctionnaires, des relations de gendarmeries, des protestations d'élus, des pétitions citant des faits inquiétants ou graves, soulignant des attitudes, proclamant l'urgence des mesures à prendre pour éviter une catastrophe qui s'annonçait prochaine et dramatique.
Chaque jour, également — nous y insistons — l'opinion publique, stupéfaite et impuissante, assistait à des actes de l'autorité dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils traduisaient une ignorance totale des devoirs qui lui incombaient, dans l'intérêt de la paix publique, de l'ordre social, de la dignité française.
C'était la protection officielle, inexplicable, dans les hautes sphères administratives, de tous les éléments hostiles à la France dans les milieux indigènes, d'hommes qui organisaient ouvertement, dans les douars et dans les villes, la révolte et le renversement de nos institutions. C'était l'humiliation de tous les hommes d'origine indigène qui étaient venus à nous, sincèrement, sans réserve, dans notre grande famille, en sollicitant, comme un honneur, la naturalisation française.
Le nombre de nos amis musulmans — en présence des vexations dont ils étaient l'objet et d'un sentiment de légitime découragement — allait s'amenuisant avec rapidité. On n'osait plus, dans la masse autochtone, s'affirmer comme ami des Français. On appréhendait des vengeances possibles, puis probables, puis certaines.
La naturalisation, dans leur statut, des indigènes algériens a porté un coup fatal à la situation morale des vieux naturalisés qui avaient tout sacrifié de leur passé pour venir à nous, sans restrictions, loyalement. Elle les a classés, en quelque sorte, dans la catégorie des réprouvés, alors que la plupart n'avaient pas renoncé à leur foi religieuse de musulmans.
Ainsi, les services rendus, les progrès accomplis, les sacrifices consentis, le labeur accumulé, le passé de protection, de relèvement économique et social, de solidarité et d'affection semblaient — par l'action de certains dirigeants ne tenant aucun compte des contingences dans lesquelles se trouve l'Afrique du Nord — devoir se retourner contre nous, au lieu de nous attirer des sympathies.
Et grâce à une propagande couverte par la censure officielle, l'opinion publique, en France, était, et reste encore, audacieusement trompée, abusée sur la situation et l'attitude des Français d'Algérie , fonctionnaires, commerçants et colons.
Le résultat de cette politique — que l'état de guerre ne saurait expliquer, mais qu'il empêchait de critiquer ouvertement, car la censure à sens unique était impitoyable — a abouti aux journées sanglantes des 8 et 9 mai 1945, où plus de cent Français furent massacrés dans des conditions horribles, rappelant, dans un
raccourci effrayant, le grand drame des circoncellions, dont les mêmes campagnes furent témoins, à quatorze siècles de distance...
Le drame est passé, comme passent tous les événements, même les, plus douloureux, pour les sociétés humaines.Chose triste à dire : le danger n'est pas écarté pour la France et ses représentants, en Afrique du Nord. Il persiste et il s'aggrave. On semble refuser de s'inspirer des enseignements de l'expérience vécue si tragiquement. On fait pis encore : on cache la vérité. On fausse l'Histoire, dans un sentiment que la raison et
l'équité se refusent à expliquer. On jette un voile sur des faits dont il faudrait tirer des conclusions logiques, exemptes de passion, mais fermes, afin d'en éviter le retour.
On gracie les coupables, condamnés régulièrement par des tribunaux. On renvoie dans le bled ces éléments nocifs et perturbateurs qui, forts de l'impunité inattendue dont ils viennent d'être l'objet, et qu'ils attribuent à de la faiblesse (pour ne pas employer un autre mot), deviennent plus arrogants, plus agressifs, plus menaçants.



A SUIVRE.....POUR RETABLIR LA VERITE

lundi 24 mai 2010

EVOLUTION DU BLOG NOSTALGERIE

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Catégorie: Culture & Société/Littérature »
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samedi 22 mai 2010

LA MEMOIRE DU FOOTBALL D 'A.F.N.



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L'ASSOCIATION SPORTIVE DE MONTPENSIER

                                              CONESA/ALIZART/ OUALID/  VIAENE
                                       ALIMONDO/ MARTINEZ/BAUDIER ET NATHEM

TEXTE DE GABRIEL CONESA
Je ne crois pas que la connaissance que nous avons de l'Algérie et celle que nous recherchons dans nos publications diverses en sera enrichie, mais il me prend l'envie de raconter comment j'ai conclu avec l'Association Sportive de Montpensier un mariage d'amour qui m'a tenu pendant une dizaine d'années dans des buts de football et une vingtaine d'années dans des buts de water-polo, et qui continue à 80 ans passés.
Mais d'abord, pourquoi ce nom illustre de Montpensier, pour une équipe à l'origine, de quartier ? Le duc de Montpensier, dernier fils de Louis-Philippe, je ne sais même pas s'il prît part à la conquête de l'Algérie comme son frère le duc d'Orléans, connu surtout des Algérois par sa statue équestre sur la place du Gouvernement -source inépuisable de plaisanteries- , ni comme son autre frère le glorieux duc d'Aumale qui s'illustra à la prise de la smalah d'Abd-el-Kader. Tout ce que je sais de lui, c'est que, par mariage, il tenta de monter sur le trône d'Espagne, mais qu'il -si j'ose dire- se planta. N'importe, un quartier d'Alger portait son nom que les Algérois préféraient appeler "tournants Rovigo".
J'y suis né - et même rue Montpensier - en passant, pendant les pérégrinations de mes parents avant qu'ils n'atterrissent à Bab-el-Oued, dont beaucoup me considèrent comme le chantre.
Un mot aussi sur les couleurs singulières de ce club fondé en 1914 : violet et rouge! ça n'est pas banal violet et rouge. Surtout qu'à l'époque, les maillots des footballeurs faits de coton, perdaient leurs couleurs dès la première lessive pour se fondre dans une espèce de violet sale. J'ai cru toute ma vie que l'ASM était le seul club au monde à s'en prévaloir jusqu'à il y a peu quand, à mon amère déception, j'ai découvert que les Londoniens de Crystal Palace en étaient aussi affublés.
Pendant la saison 39-40 quand, au lycée Bugeaud je me préparais sans conviction à tenter de franchir la barre du premier bac, nous eûmes avec quelques copains, l'idée de nous mêler du championnat scolaire de football. Idée saugrenue, car le championnat d'Alger était une affaire sérieuse avec plusieurs équipes hérissées des noms de joueurs qui faisaient les beaux jours du RUA, Gallia, Saint-Eugène ou Blida etc., etc. qui s'illustraient même parfois en sélection. Comme le lycée y alignait déjà deux équipes, toute honte bue, nous formâmes la troisième. Dans une bande de copains, il y a forcément des "bras cassés". Quant aux autres, certains ne pratiquaient plus et les derniers manquaient cruellement d'entraînement. S'étonnera-t-on que le résultat fut pitoyable ? je n'avais plus gardé de but de foot depuis l'âge de 13 ans, et en "sous-minimes" du RUA sous l'œil de Maurice Cottenet, l'ancien goal de l'équipe de France. Mais comme je finissais une saison de basket en junior avec la "Pro-Patria" au nom glorieux dont le siège se trouvait sous le marché de Bab-el-Oued, j'avais récupéré mes automatismes et une grande sûreté dans la prise de balle. Dans le naufrage général, et même si je fus un nombre respectable de fois ramasser le ballon dans mes buts (les scolaires n'avaient pas droit aux filets), je réussis à tirer mon épingle du jeu. Dans la bande jouait aussi Edmond Fuentes dont le père tenait la "Brasserie d'Isly", à côté du cinéma "Le Régent", siège reconnu de l'A.S. Montpensier qui insista pour me faire signer une licence. Et en effet, je disputai deux matches avec les moins de 18 ans. C'est ici que l'affaire se corse. En mai 40, la France après dix mois de "drôle de guerre" pendant lesquels les futurs combattants firent du lard, venait d'essuyer l'un des plus grands désastres militaires de son Histoire. En Algérie où beaucoup d'unités attendaient d'entrer dans la bataille, de nombreux footballeurs jouaient dans les clubs proches de leur affectation. La défaite consommée, presque tout le monde fut démobilisé dans la précipitation et, conséquence infime mais dérangeante, les clubs privés de leurs titulaires, durent puiser dans leurs jeunes. C'est ce qui se produisit à l'ASM quand le gardien, un certain Galtier je crois, regagna ses Pénates sans demander son reste.
C'est ainsi que je me retrouvai, bien que junior, goal de l'ASM invitée à un tournoi au stade de St-Eugène, et que je fis mes débuts contre l'0T0 (Tizi-Ouzou) que j'allais ensuite retrouver en championnat de 2ème division. Je me souviens de son gardien, Abtouche, un balèze au visage zébré d'une balafre qui impressionnait peut-être les avants adverses, et qui avait la particularité chaque fois qu'il plongeait, de relever ses jambes vers sa tête, un peu comme ces merlans qui se mordent la queue dans la poêle.En tout cas, je ne ressentis aucune pression comme on dit aujourd'hui, et mes arrières qui me jugeaient tendre, veillèrent sur moi avec un soin jaloux, notamment un costaud à tête de légionnaire - -pommettes saillantes et menton bleu- nommé Alberola, que je n'ai jamais revu. Nous fûmes battus 4 à 2 en dépit de tous mes efforts et même m'a-t-on dit, de quelques exploits qui attirèrent l'attention sur moi.
Voilà comment il ne fallut rien moins qu'une guerre mondiale et la défaite de la France, pour faire de moi, le goal de l'équipe première de l'A.S.Montpensier.
GABRIEL CONESA

L'AS Montpensier fut sponsorisée par la Compagnie Africaine des Raffineries de Berre, qui distribuait en Algérie de l'essence sous le nom de BERYL.
L'A.S.M. a participé plusieurs fois à la phase finale des championnats de France de Water-Polo qui avaient lieu en France ; les clubs de renom étaient à l'époque les enfants de Neptune de Tourcoing, le cercle des Nageurs de Marseille, le chevalier Roce sport de Marseille, l'équipe de Nice, le Toec de Toulouse etc…