Dominique Desseigne , président du Groupe Lucien Barrière : « Le père n''est jamais loin. C''est un fondateur, et il est respecté en tant que tel. C''est quelqu''un de charismatique et de sympathique. Je pense que son fils a une vision de ce que peut être Internet. »
Jean-Pierre Martignioni , sociologue des jeux : « Isidore Partouche parle souventde bagarre. “Ma vie est un combat, aime-t-il dire. Dans la famille, le principe estde confier une mission à quelqu''un en le laissant faire. S''il s''en sort, il sera propulsé à la tête d''un casino. »
Pierre Botton : « Cette famille est d''une fidélité exceptionnelle. Quand toutle monde me fuyait, ils venaient me dire bonjour et m''invitaient à leur table. Pour eux, côtoyer des célébrités, c''est plutôt un vecteur de communication. »
Pascal Pessiot , président de la Société française de casinos : « Le charisme d''Isidore Partouche est permanent. Ce n''est pas du tout un manipulateur. Aujourd''hui, Patrick a vraiment pris la main. »
Gérard Collomb , maire de Lyon : « Quand ils ont un casino dans une ville, leur méthode n''est pas seulementde dire : je mets un casino et je récupère un maximum d''argent. »
Antoine Rufenacht , maire du Havre : « J''ai été marqué par leur grande réactivité et leur sens de la précision.
« A mi-chemin entre La vérité si je mens et Le Parrain » , vous diront les collaborateurs, clients ou partenaires de la famille. Avant de préciser : « Je vous dis ça entre nous... » Le tableau, en effet, parle de lui-même. Ce 27 avril 2006, le clan Partouche est réuni au grand complet - amis compris, de Michel Boujenah à Enrico Macias - pour célébrer le lancement de Partouche Interactive. Une fête de famille pour la toute nouvelle filiale multimédia du numéro un français du secteur, avec quelque 106 casinos, 5 500 collaborateurs et 456 millions d''euros de chiffre d''affaires. A touche-touche avec Accor-Barrière, qui se proclame aussi leader.
« Qu''on ne nous juge pas sur ce qu''on est ! » La phrase vient du coeur. Et Patrick Partouche d''ajouter : « Une famille de pieds-noirs, juifs, des voyous du casino : c''est assez parlant, cette image d''Epinal... Qu''on nous juge plutôt sur ce que nous faisons ! »
Si le Groupe Partouche fascine, c''est bien qu''il cumule tous les clichés. Et surtout le côté clan, smala, pour ne pas dire mafia. Extravertis et pourtant secrets, les Partouche. « La famille est grande, mais elle ne parle pas beaucoup » , avertit Dany Partouche, la nièce d''Isidore, chargée de la communication. Méfiance face au reste du monde. Patrick Partouche, président du directoire, le dit lui-même : « Trente ans dans les casinos, vous savez, ça pousse à la paranoïa. »
Ici tout est cadenassé. Aux postes à responsabilité, du directeur de casino au président du conseil de surveillance, les places sont trustées par les membres de la tribu. Avec l''avantage qu''il est moins facile pour un groupe concurrent d''acheter un cadre du Groupe Partouche quand c''est quelqu''un de la famille...
Pour autant, Partouche n'est pas une histoire de famille. C''est l''histoire d''un seul homme : « le groupe repose sur un socle : Isidore ». Isidore Partouche, pour qui la famille est tout. Les neveux et nièces présents au Studio Gabriel ne s''y trompent pas. Tous se lèvent d''un seul mouvement pour applaudir la discrète arrivée sur scène du patriarche, qui a officiellement passé la main et préside le conseil de surveillance du groupe.
HISTORIQUE :
Quarante-quatre ans plus tôt, le revendeur de postes de radio Philips à Tiaret doit quitter son Algérie natale. Le rapatrié n''arrive pas seul en France. Ses sept frères et soeurs l''ont chargé de veiller sur leurs quinze enfants. Lui dispose de leurs maigres économies et d''un esprit d''entreprise à toute épreuve. D''un karting au Touquet acheté rapidement au premier casino, celui de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord, il n''y a qu''un pas franchi totalement par hasard. Aujourd''hui, son empire, aime-t-il répéter, compte « autant de casinos que de neveux » . Et inversement. Tant il est vrai que l''esprit de famille a toujours été son seul moteur. Et le succès, le sien propre. Son fils, Patrick, le souligne à sa façon quand on émet l''idée d''interroger ses cousins sur la réussite du Groupe Partouche. « Les autres ? A part être membres de la famille et salariés du groupe.»
Sûr, Isidore Partouche aurait pu aussi bien faire fortune en créant des hypermarchés. La grande distribution, finalement, n''est pas si éloignée du monde des casinotiers. .
Mais il reconnaît aussi un savoir-faire particulier à Isidore Partouche dans la gestion de ses premiers clients. En l''occurrence les mairies. « Il faut le voir, un soir d''élections municipales, décrocher son téléphone pour féliciter absolument tous les élus des villes de ses casinos, les nouveaux et les sortants, peu importe la couleur politique. » Un souci du service apprécié par les édiles. Au Havre, le maire UMP Antoine Rufenacht note les efforts financiers consentis pour aménager l''accès du palais de la Bourse où se trouve le casino, inauguré le 1er juin 2006. Et Alain Bocquet, député, maire communiste de Saint-Amand-les-Eaux, se réjouit encore des emplois créés par le casino dont le site Internet de la ville fait la publicité.
La clé de la réussite d''Isidore, c''est d''avoir ouvert ses portes à tous les Français. Un marché de masse négligé par son concurrent Barrière. Ces vacanciers des Club Med de son alter ego Gilbert Trigano. Ces fans d''Enrico Macias, grand ami de l''entrepreneur et membre du conseil de surveillance depuis 1998. Ces supporters du Losc, le club de football de Lille, dont le groupe est actionnaire à 40 %.
Près de vingt ans après cette révolution, un autre relais de croissance se profile avec les jeux en ligne. Désormais, c''est Patrick Partouche qui tient les commandes du groupe coté en Bourse depuis 1995. A son tour de hurler. Même refrain : l''Etat et son bras armé, la Française des jeux, ne lui laisse pas faire son métier. « En France, pour être entendu, il faut gueuler. Alors je gueule ! Ce qui me rend fou, c''est qu''il y a 2 millions de joueurs en ligne en France », expliquait-il dans Challenges en mai. On dirait du Isidore, mais avec une plus grande liberté de ton vis-à-vis du monde politique. Pour un peu, on pourrait croire que le fondateur a réussi à bâtir une dynastie.
Près de vingt ans après cette révolution, un autre relais de croissance se profile avec les jeux en ligne. Désormais, c''est Patrick Partouche qui tient les commandes du groupe coté en Bourse depuis 1995. A son tour de hurler. Même refrain : l''Etat et son bras armé, la Française des jeux, ne lui laisse pas faire son métier. « En France, pour être entendu, il faut gueuler. Alors je gueule ! Ce qui me rend fou, c''est qu''il y a 2 millions de joueurs en ligne en France », expliquait-il dans Challenges en mai. On dirait du Isidore, mais avec une plus grande liberté de ton vis-à-vis du monde politique. Pour un peu, on pourrait croire que le fondateur a réussi à bâtir une dynastie.
« Isidore avait-il vraiment programmé Patrick pour lui succéder ? Pas sûr »,
Tout semble, en effet, opposer le père au fils. L''un se sent un homme du Nord, de l''Algérie et de la France. L''autre a été élevé dans le sud de la France, loin du paternel. Le patriarche vit sans ostentation : un appartement en location près de l''église orthodoxe de la rue Daru, à Paris, et ses hôtels comme lieux de vacances. Signe peut-être que l''heure de la retraite a sonné, l''entrepreneur de 75 ans s''est payé cette année un Benetti de 35 mètres, joujou de près de 10 millions d''euros, pour remplacer son vieux bateau amarré à Cannes. Le fiston aime se dépeindre en jeune père de famille nombreuse de 42 ans, mais il traîne plutôt une réputation de flambeur. Après tout, lui est né dans les casinos.
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