jeudi 11 février 2010

TCHALEFS D UN ENFANT DE BAB EL OUED


CONDORCET AU SECOURS DES MAMANS

Au cours complémentaire Condorcet, les mamans étaient gâtées par les professeurs. J’en veux pour preuve l’authentique anecdote que je vous narre (chof ! je parle comme un bon élève)
Dans ma classe, mon prof de français-géographie-histoire, Mr Bellaich, il avait la manie des observations. Un élève y riait, tac une observation. Y se mouchait en faisant du bruit pendant le cours, re-tac, y prenait une observation. Y savait pas répondre à une interrogation du prof, re-re-tac y se prenait une observation.
Mr Bellaich qu’on surnommait Bélao entre nous, y m’avait nommé chef des observations. J’étais chargé d’en répertorier le nombre au cours de la journée pour chaque élève et, à la fin de la classe, Bélao y déterminait les punis. C’était facile, ceux qui avaient reçu au moins trois observations, y devaient rédiger une punition signée par la mère.
Un élève, raieb, quel que soit le jour, qu’y pleuve, qu’y vente, qu’y fasse une chaleur digne du sirocco, y repartait avec sa punition, châ châ ! Il aurait pû être puni pour des tas de raisons mais non seulement, c’était un bon élève, mais en plus il était loin d’être le déconneur suprême de la classe. Seulement, il avait un vilain défaut, il riait toujours. Et pas un rire pincé et constipé, non un rire franc et massif. Aussi, chaque fois que l’un d’entre nous, on disait une bêtise ou on faisait le clown, immanquablement, le prof il entendait le rire de X (je vais l’appeler par bonté d’âme SPIROU) et immanquablement, il lui mettait une observation.
Un jeudi, on voulait aller voir « les dix commandements » avec Charlton Heston. Le matin, on lui demande :
--« Tu viens avec nous ? »
--« Aouah ! Je peux pas, j’ai des maths en plus de ma punition ! »
--« Amman ! Tch’en a pas marre de te taper des punitions au lieu d’aller au cinoche ? »
Ce bourricot d’Espagne, rien de mieux y me dit :
--« Ca te va de parler ! Bien sur, toi les observations, tu peux les faire sauter comme tu veux ! » Et y poursuit :
-- « Si je veux moi aussi, j’ai aucune observation ! »
Devant mon air ahuri, il poursuit :
--« Tu paries que demain, j’ai pas une seule observation ! »
Je restais interloqué ! Purée, ce mot, j’sais même pas où j’ai été le chercher, dé ! Interloqué je suis, interloqué je reste.
--« Alors, tu paries ! ……Tch’as peur hein ? »
Moi, même si je reste interloqué, je suis magnanime ! Ba Ba Ba ! Je sors tous les mots de l’armoire, les uns à la suite des autres !
SPIROU, d’accord il est énervé mais la vérité c’est la peine de profiter de lui ! Si je dis on parie, sûr je gagne ! Jamais, y pourra s’empêcher de rire ! Y peut pas ! Traverser la Manche à la nage, embrasser Courgette, la plus vilaine fille de Bab El Oued, effectuer 10000 jonglages, peut-être y peut mais s’empêcher de rire, Y PEUT PAS ! Y ressemble en rien et pour rien à Buster Keaton.
--« Bon alors tu paries ? »
Tu paries, tu Marseille, tu Alger, d’accord ! Qu’est ce qu’on parie ? Une place de cinéma ! Drop ninette ! Ce qui est dit est dit. On tape cinq et on se quitte.
Le lendemain, SPIROU il est toujours aussi décidé à se dérider le moins possible. La première heure, personne y le reconnaît. Un véritable zombi, il est devenu ! Mais, la vérité, je m’en fais pas. Y va obligatoirement craquer. Bouzac, Gozlan, Simard, Attia et consorts y se passent le mot pour le faire mourir de rire mais, aouah, on dirait qu’on lui a tué son père et sa mère ! Sa sœur aussi !
Il est 15 heures ! Bou ! Même pas, il une observation ! Comment je vais faire, j’ai même pas d’argent pour me payer une place de cinéma à moi, je vais lui en payer une à ce cataplasme ambulant ? (quand j’aurais le temps, je songerais à comprendre l’expression, : cataplasme ambulant !)
Purée ! Même plus, je regarde en direction de SPIROU ! Dégouté de la vie, je suis ! Ca y est, c’est l’heure ! Il a gagné, ce boutifar à la mode de Caen. (J’te jures ces expressions dé !)
Je remets la feuille des observations à Belao qui se régale à l’avance des punitions à administrer. Y commence la liste
--« Germain deux observations, pas de punition ; Boisis une et pas de punition ; Galéa trois observations, une punition ; »
Et la liste elle défile jusqu’à la fin. SPIROU, je le maudissais. J’avais perdu ! J’allais reconnaître ma défaite mais c’était sans compter avec Belao. Y me regarde, y me fait :
-- « Y manque quelqu’un ? »
Moi, tout à ma défaite, je pense déjà comment je vais trouver de quoi lui payer sa place de cinéma. Je lui réponds incrédule « non m’sieur ».
Belao y me regarde, y regarde SPIROU, zarmah, y réfléchit.
--« Et SPIROU, Il est pas malade au moins ? »
Voila Bélao qui croit que je suis docteur mainant !
--« J’sais pas m’sieur ! »
--« C’est que je veux pas que sa mère, elle se fasse du mauvais sang ! Elle a assez à faire avec ses six autres petits, elle va croire qu’il est malade. »
Y me tend la feuille des punitions et y me dit :
--« Rajoutes lui trois observations comme ça, sa mère comme tous les soirs, elle le verra faire sa punition. »
Vous me croyez ou pas, mais SPIROU, non seulement il a eu droit à SA punition mais en plusse, la place de cinéma il était prêt à me la payer. Mais, moi, bon prince, la gentillesse personnifiée, je l’en ai dispensé.
La vérité, c’est pas une belle histoire d’amitié désintéressée, ça !

FIN MAIS A SUIVRE..........




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