En Italie en 43-44 le CEF de Juin comptait au départ 140000 hommes, en 44-45 après le débarquement de Provence la 1ere armée française de De lattre jusqu'à 500000 hommes selon les périodes et les renforts momentanés de FFI.. L'Allemagne a été vaincue par des dizaines de millions d'hommes, Américains, Soviétiques, Britanniques et des autres pays alliés (Canadiens, australiens, néo-zélandais et autres ressortissants du Commonwealth britannique, polonais, tchèques etc) Les armées américaines et britanniques représentaient à elles seules sur le front de l'ouest plus de 80 divisions pour 8 françaises.
- L'armée française de la libération, c'est à dire celle qui a repris la lutte aux cotés des alliés à partir de fin 42, était essentiellement constituée de l'armée française d'Afrique. Elle comportait: 176500 « pieds noirs » (16,4 % de la population européenne vivant en Afrique du nord), 30000 métropolitains évadés de France occupée, 134000 "algériens" (2.13 % de la population musulmane d'Algérie), 73000 "marocains" (1,2 % de la population musulmane du Maroc), 26000 "tunisiens" (1,08 % de la population musulmane de Tunisie). Le mélange était total dans les unités et d'ailleurs, les appellations du type "régiment de tirailleurs marocains", "division d'infanterie algérienne", "brigade de spahis", "régiment de chasseurs d'Afrique" ou autres sont à prendre au sens d'appellation de traditions plus que comme révélatrices de leur composition: les divisions d'infanterie algérienne et marocaines comprenaient environ 45% de blancs en Italie, beaucoup plus dans les 3 divisions blindées et certains régiments de Zouaves ont toujours été à majorité blanche. De même, la 3°Division d'Infanterie Algérienne comportait des Tunisiens et la 4°Division Marocaine de Montagne comportait un RTA (tirailleurs algériens) etc…
- la légende des indigènes envoyés en première ligne est fausse et injuste. L'encadrement en majorité d'origine européenne, et en particulier de nombreux sous-officiers pieds-noirs, a payé un lourd tribut. 2 exemples pendant la campagne d'Italie: 1°) lors de l'attaque du Belvedere par le 4°RTT en janvier 44, le colonel a été tué, 2 chefs de bataillons ont été blessés, tous les commandants de compagnies tués ou blessés, 12 capitaines tués et certaines compagnies ont terminé le combat sans aucun officier vivant. 2°) en mai 44 pendant l'offensive du Garigliano, au sud de Cassino, (dans la période où se situe dans le film l'épisode du drapeau planté sur le mont Majo) un bataillon du 6°RTM a perdu le quart de ses tirailleurs (tués ou blessés), mais aussi le tiers de ses sous-officiers et la moitié des officiers! Les 12 et 13 janvier 1944, un bataillon du 8°RTM a perdu 9 officiers sur 12 (tués et blessés)
-il est inexact et farfelu de dire, au moment de la sortie du film, que les combattants des colonies n'ont pas été honorés et "n'ont pas eu le droit de défiler à Paris à la libération de la capitale" Quand Paris a été libéré, fin août 44, l'armée d'Afrique (Première Armée) venait de débarquer en Provence et se trouvait en pleins combats pour la conquête de Marseille et Toulon, et avait autre chose à faire que d'aller défiler à Paris dont d'ailleurs elle était séparée par l'armée allemande qui se repliait vers le nord en combattant durement! Plus tard, le 18 juin 45 un gros détachement est venu d'Allemagne défiler à Paris pour l'anniversaire de l'appel de De Gaulle, puis à nouveau le 14 juillet 1945, mais il est vrai que déjà la propagande gouvernementale de l'époque avait tendance à minimiser le rôle de l'armée régulière d'outremer (européens comme "indigènes" pour reprendre le titre du film) au profit de celui de la résistance intérieure… Néanmoins les armées françaises les ont traités en "frères d'armes" et les morts reposent sous la croix ou le croissant, dans les mêmes cimetières militaires soigneusement entretenus d'Italie ou d'Alsace. Encore faut-il leur rendre parfois visite… Ces lieux témoignent des sacrifices consentis par l’armée d’Afrique!
-si les pensions d'anciens combattants africains ont été gelées, on omet de dire que:1°) c'est le président De Gaulle qui l'a décidé en 60-62 à l'indépendance des pays concernés, 2°) que des chefs d'états africains consultés sur ce sujet s'y sont montrés défavorables parce que les pensions revalorisées auraient été plus élevées que les salaires normaux dans certains pays africains, 3°) que des associations françaises d'anciens combattants telles que l'UNC ont depuis longtemps demandé une revalorisation des pensions de leurs anciens frères d'armes mais elles n'étaient pas entendues par le gouvernement français…
Par ailleurs, au moment où les pieds-noirs chassés d'Algérie demandaient aux français de métropole un peu plus de compassion à leur égard en rappelant qu'ils étaient venus en masse libérer la métropole en 44-45, le gouvernement et les français de l'époque ne voulaient pas entendre ce langage, qui les auraient peut-être culpabilisés… Autrement dit les français qui avaient bien mal traités leurs compatriotes d'Algérie ne voulaient pas se souvenir de la dette qu'ils avaient envers eux. De l'autre coté de la Méditerranée, dans la volonté du FLN d'effacer les traces de la présence française, les monument aux morts d'Algérie ont été saccagés ou rasés, ou comme celui d'Alger trop monumental pour être détruit, recouvert de béton. Ces monuments portaient les noms des musulmans morts pour la France dans les deux guerres mondiales. Il est donc particulièrement déplacé de la part de certains dirigeants algériens de nous donner des leçons concernant le souvenir des anciens combattants musulmans. Déjà avant l'indépendance, le FLN persécutait les A-C musulmans. L'histoire incroyable du porte-drapeau des anciens combattants de Mostaganem en est l'illustration: Entre 56 et 62, 8 porte-drapeaux musulmans ont été successivement assassinés par le FLN parce qu'ils refusaient de mettre fin à cette fonction. Le 9ème a survécu à une tentative d'assassinat et il a quitté sa terre natale en 1962 avec les pieds-noirs et avec son drapeau!
- Enfin, il est exact que déjà à l'époque, la population française de métropole a manifesté une certaine indifférence vis à vis des troupes françaises qui continuaient le combat fin 44 et en 45: l'essentiel du territoire national était libéré dès l'été 44 et la 1° Armée s'est sentie délaissée pendant les combats d'Alsace et d'Allemagne, comme en témoigne la lettre écrite par De Lattre à De Gaulle: «D'un bout à l'autre de la hiérarchie et particulièrement chez les officiers, même de haut grade, l'impression générale est que la nation les ignore et les abandonne. Certains vont même jusqu'à s'imaginer que l'armée régulière venue d'outre-mer est sacrifiée de propos délibéré (…) La cause profonde de ce malaise réside dans la non-participation apparente
du pays à la guerre...» Et après avoir souligné les pertes subies par nos régiments nord-africains, déjà si éprouvés en Italie, pertes qui affectent tout spécialement l'encadrement français de ces unités, je poursuis en ces termes: «Le combattant venu d'Italie ou d'Afrique du Nord voit ses camarades tomber autour de lui sans que jamais un Français de France vienne combler les vides causés par la bataille (...) dans le créneau de son unité, il ne voit toujours personne venir recompléter les effectifs qui fondent. Le malaise est aggravé par la fatigue de quatre mois de campagne ininterrompue, sans aucune relève, et par des conditions atmosphériques particulièrement inclémentes. Sans préjuger des projets d'intégration de régiments FFI dans les Grandes Unités... le seul remède immédiat à cet état d'esprit dont la gravité ne saurait vous échapper, consiste à incorporer sans délai, dans chaque régiment nord-africain, les 700 ou 800 Français qui lui manquent. Je me permets d'insister d'une façon particulièrement instante auprès de vous pour que la 1re Armée française reçoive au plus tôt les 8000 ou 10000 jeunes Français qui lui sont indispensables pour retrouver son équilibre moral et sa valeur combative du début de la campagne.»
En effet, la jeunesse française de l'époque ne s'est pas précipitée dans les bureaux de recrutement de l'armée pour participer à la victoire sur l'Allemagne nazie, et les quelques dizaines de milliers de FFI qui se sont engagés dans l'armée régulière ont à peine permis de constituer 2 divisions légères, de remplacer en novembre 44 les soldats noirs africains (dans la 9° Division d'Infanterie Coloniale et dans la 1°Division Française Libre) qui souffraient terriblement du climat hivernal, et parfois permis la relève (seulement des hommes du rang) d'unités nord-africaines, comme le 49° RI issu des Corps Francs Pommiès de la région Béarn-Pays Basque qui a suivi l’Armée De Lattre de la Franche-Comté jusqu'en Allemagne et a relevé le 7°RTA en février 45.
Clément CHARRUT.
- L'armée française de la libération, c'est à dire celle qui a repris la lutte aux cotés des alliés à partir de fin 42, était essentiellement constituée de l'armée française d'Afrique. Elle comportait: 176500 « pieds noirs » (16,4 % de la population européenne vivant en Afrique du nord), 30000 métropolitains évadés de France occupée, 134000 "algériens" (2.13 % de la population musulmane d'Algérie), 73000 "marocains" (1,2 % de la population musulmane du Maroc), 26000 "tunisiens" (1,08 % de la population musulmane de Tunisie). Le mélange était total dans les unités et d'ailleurs, les appellations du type "régiment de tirailleurs marocains", "division d'infanterie algérienne", "brigade de spahis", "régiment de chasseurs d'Afrique" ou autres sont à prendre au sens d'appellation de traditions plus que comme révélatrices de leur composition: les divisions d'infanterie algérienne et marocaines comprenaient environ 45% de blancs en Italie, beaucoup plus dans les 3 divisions blindées et certains régiments de Zouaves ont toujours été à majorité blanche. De même, la 3°Division d'Infanterie Algérienne comportait des Tunisiens et la 4°Division Marocaine de Montagne comportait un RTA (tirailleurs algériens) etc…
- la légende des indigènes envoyés en première ligne est fausse et injuste. L'encadrement en majorité d'origine européenne, et en particulier de nombreux sous-officiers pieds-noirs, a payé un lourd tribut. 2 exemples pendant la campagne d'Italie: 1°) lors de l'attaque du Belvedere par le 4°RTT en janvier 44, le colonel a été tué, 2 chefs de bataillons ont été blessés, tous les commandants de compagnies tués ou blessés, 12 capitaines tués et certaines compagnies ont terminé le combat sans aucun officier vivant. 2°) en mai 44 pendant l'offensive du Garigliano, au sud de Cassino, (dans la période où se situe dans le film l'épisode du drapeau planté sur le mont Majo) un bataillon du 6°RTM a perdu le quart de ses tirailleurs (tués ou blessés), mais aussi le tiers de ses sous-officiers et la moitié des officiers! Les 12 et 13 janvier 1944, un bataillon du 8°RTM a perdu 9 officiers sur 12 (tués et blessés)
-il est inexact et farfelu de dire, au moment de la sortie du film, que les combattants des colonies n'ont pas été honorés et "n'ont pas eu le droit de défiler à Paris à la libération de la capitale" Quand Paris a été libéré, fin août 44, l'armée d'Afrique (Première Armée) venait de débarquer en Provence et se trouvait en pleins combats pour la conquête de Marseille et Toulon, et avait autre chose à faire que d'aller défiler à Paris dont d'ailleurs elle était séparée par l'armée allemande qui se repliait vers le nord en combattant durement! Plus tard, le 18 juin 45 un gros détachement est venu d'Allemagne défiler à Paris pour l'anniversaire de l'appel de De Gaulle, puis à nouveau le 14 juillet 1945, mais il est vrai que déjà la propagande gouvernementale de l'époque avait tendance à minimiser le rôle de l'armée régulière d'outremer (européens comme "indigènes" pour reprendre le titre du film) au profit de celui de la résistance intérieure… Néanmoins les armées françaises les ont traités en "frères d'armes" et les morts reposent sous la croix ou le croissant, dans les mêmes cimetières militaires soigneusement entretenus d'Italie ou d'Alsace. Encore faut-il leur rendre parfois visite… Ces lieux témoignent des sacrifices consentis par l’armée d’Afrique!
-si les pensions d'anciens combattants africains ont été gelées, on omet de dire que:1°) c'est le président De Gaulle qui l'a décidé en 60-62 à l'indépendance des pays concernés, 2°) que des chefs d'états africains consultés sur ce sujet s'y sont montrés défavorables parce que les pensions revalorisées auraient été plus élevées que les salaires normaux dans certains pays africains, 3°) que des associations françaises d'anciens combattants telles que l'UNC ont depuis longtemps demandé une revalorisation des pensions de leurs anciens frères d'armes mais elles n'étaient pas entendues par le gouvernement français…
Par ailleurs, au moment où les pieds-noirs chassés d'Algérie demandaient aux français de métropole un peu plus de compassion à leur égard en rappelant qu'ils étaient venus en masse libérer la métropole en 44-45, le gouvernement et les français de l'époque ne voulaient pas entendre ce langage, qui les auraient peut-être culpabilisés… Autrement dit les français qui avaient bien mal traités leurs compatriotes d'Algérie ne voulaient pas se souvenir de la dette qu'ils avaient envers eux. De l'autre coté de la Méditerranée, dans la volonté du FLN d'effacer les traces de la présence française, les monument aux morts d'Algérie ont été saccagés ou rasés, ou comme celui d'Alger trop monumental pour être détruit, recouvert de béton. Ces monuments portaient les noms des musulmans morts pour la France dans les deux guerres mondiales. Il est donc particulièrement déplacé de la part de certains dirigeants algériens de nous donner des leçons concernant le souvenir des anciens combattants musulmans. Déjà avant l'indépendance, le FLN persécutait les A-C musulmans. L'histoire incroyable du porte-drapeau des anciens combattants de Mostaganem en est l'illustration: Entre 56 et 62, 8 porte-drapeaux musulmans ont été successivement assassinés par le FLN parce qu'ils refusaient de mettre fin à cette fonction. Le 9ème a survécu à une tentative d'assassinat et il a quitté sa terre natale en 1962 avec les pieds-noirs et avec son drapeau!
- Enfin, il est exact que déjà à l'époque, la population française de métropole a manifesté une certaine indifférence vis à vis des troupes françaises qui continuaient le combat fin 44 et en 45: l'essentiel du territoire national était libéré dès l'été 44 et la 1° Armée s'est sentie délaissée pendant les combats d'Alsace et d'Allemagne, comme en témoigne la lettre écrite par De Lattre à De Gaulle: «D'un bout à l'autre de la hiérarchie et particulièrement chez les officiers, même de haut grade, l'impression générale est que la nation les ignore et les abandonne. Certains vont même jusqu'à s'imaginer que l'armée régulière venue d'outre-mer est sacrifiée de propos délibéré (…) La cause profonde de ce malaise réside dans la non-participation apparente
du pays à la guerre...» Et après avoir souligné les pertes subies par nos régiments nord-africains, déjà si éprouvés en Italie, pertes qui affectent tout spécialement l'encadrement français de ces unités, je poursuis en ces termes: «Le combattant venu d'Italie ou d'Afrique du Nord voit ses camarades tomber autour de lui sans que jamais un Français de France vienne combler les vides causés par la bataille (...) dans le créneau de son unité, il ne voit toujours personne venir recompléter les effectifs qui fondent. Le malaise est aggravé par la fatigue de quatre mois de campagne ininterrompue, sans aucune relève, et par des conditions atmosphériques particulièrement inclémentes. Sans préjuger des projets d'intégration de régiments FFI dans les Grandes Unités... le seul remède immédiat à cet état d'esprit dont la gravité ne saurait vous échapper, consiste à incorporer sans délai, dans chaque régiment nord-africain, les 700 ou 800 Français qui lui manquent. Je me permets d'insister d'une façon particulièrement instante auprès de vous pour que la 1re Armée française reçoive au plus tôt les 8000 ou 10000 jeunes Français qui lui sont indispensables pour retrouver son équilibre moral et sa valeur combative du début de la campagne.»
En effet, la jeunesse française de l'époque ne s'est pas précipitée dans les bureaux de recrutement de l'armée pour participer à la victoire sur l'Allemagne nazie, et les quelques dizaines de milliers de FFI qui se sont engagés dans l'armée régulière ont à peine permis de constituer 2 divisions légères, de remplacer en novembre 44 les soldats noirs africains (dans la 9° Division d'Infanterie Coloniale et dans la 1°Division Française Libre) qui souffraient terriblement du climat hivernal, et parfois permis la relève (seulement des hommes du rang) d'unités nord-africaines, comme le 49° RI issu des Corps Francs Pommiès de la région Béarn-Pays Basque qui a suivi l’Armée De Lattre de la Franche-Comté jusqu'en Allemagne et a relevé le 7°RTA en février 45.
Clément CHARRUT.
Hubert je crois que tu as ta place parmi les justes.
RépondreSupprimerMerci de me dire si tu nous ferais l'amitié de publier ce texte clair sur le blog d'ALGERIANIE
http://lesamisdalgerianie.unblog.fr
Gérard