samedi 7 novembre 2009

JEAN BRUNE


Né à Aïn-Bessem en 1912, localité agricole à 130 km d'Alger, sa famille est implantée sur le territoire d'Algérie depuis deux générations.Généalogie
C'est en
1850 que son grand-père, François Brune, s'installe à Koléa. C'est un simple charpentier arrivant de sa Bigorre natale. Il va rencontrer Françoise Pinet, fille de modestes fermiers franc-comtois, ayant comme bien d'autres, tenté leur chance en Algérie sur des promesses fallacieuses, dont la famille sera bientôt décimée par les fièvres, contraignant les filles survivantes de se placer comme bonnes dans des familles de fonctionnaires ou d'officiers. Du mariage qui va en résulter naîtront neuf enfants dont, en 1858, Clément le père de Jean Brune. Clément épousera Marguerite Courtin en 1908, sa propre nièce, de 24 ans plus jeune que lui, fille d'une de ses sœurs, laquelle avait épousé un certain Charles Courtin, lui même administrateur de commune mixte et ...romancier (auteur, entre autres, d'un sombre roman : "La Brousse qui mangea l'homme" , fortement marqué par la menace latente de l' Afrique pesant sur l' homme blanc), fils de Jean Courtin, ouvrier agricole. Clément Brune, après avoir été instituteur, a intégré l'administration locale, pour devenir à son tour administrateur de commune mixte.
Ayant perdu sa mère à l'âge de 18 mois, décédée en mettant au monde un autre enfant, il va être balloté au gré des mutations de son père, dont les activités administratives, sur ces étendues immenses, ne laissent guère à celui-ci la faculté de s'occuper d'un enfant en bas âge.

Biographie

Les premières années de la vie de Jean Brune vont être marquées par une continuelle mouvance, pris en charge par ses grands-mères, ses oncles, ses tantes et cousines, un peu partout dans le département d'Alger, dans l'intérieur comme on disait là-bas, notamment en Kabylie, tous lieux où les Musulmans sont en nette majorité et où les futurs pieds-noirs sont encore des pionniers. Il y puisera sur le terrain la connaissance et une profonde affection à l'égard des Berbères, de leur us et coutumes, de leur langue, tandis qu'un séjour au Maroc va lui faire apprendre l'arabe.
Le temps des études secondaires venu, il rejoindra Alger et intégrera son célèbre Grand Lycée, plus connu sous le nom de lycée Bugeaud, qui marquera à jamais des générations de pieds-noirs.Jean Brune côtoiera alors un détonant brassage de garnements, fils d' Espagnols, d' Italiens et de Maltais, assortis d' un fort contingent issu de communauté juive d' Algérie.Parmi ces condisciples, il se liera avec Albert Camus et ce lien, aussi discret que solide, se perpétuera jusqu' à la fin
Après le guerre de 39-40 et après avoir été démobilisé, il va tâter du théâtre, se liant à l' actrice Germaine Sablon, et en participant à la naissance des fameux trois baudets. Il gagne sa vie dans le domaine des arts et plastiques, baignant dans l'univers quotidien des peintres, sculpteurs, dessinateurs.Lorsque
L'Armée d'Afrique est reconstituée, Jean Brune regagne son unité, dans les chars, et fera ainsi les campagnes d' Italie et de France via le débarquement en Provence.
En
1945, il est libéré et par bravade comme par nécessité, il se fait embaucher comme dessinateur de théâtre par le journal "Ce Soir" qui est... communiste et dirigé par Aragon ! Assez rapidement découvert comme ancien camelot, il est licencié et regagne Alger.
C'est là un des grands tournants de son existence.
Après un bref passage au quotidien libéral,
Le Journal d'Alger, il entre en 1949 au journal La Dépêche Quotidienne, où chargé des faits divers, il va donner une grande envergure à ce sujet. Ses articles sont de véritables enquêtes de Grand Reporter, et la direction du journal sera amenée à créer de véritables pages régionales : La dépêche de Kabylie, la Dépêche du Titteri (Médéa), la Dépêche du Chéliff (Orléansville), Ce sera une première à Alger
Il collabore à divers journaux : Aspect de la France, La Nation française de Pierre Boutang et Michel Vivier et rédige durant plus d'un an les éditoriaux politiques de Radio-Algérie.
C'est le départ précipité de la terre natale, dans la confusion et le mystère, Jean Brune a commencé alors un exil qui ne prendra fin qu'avec sa vie à Nouméa, en
1973 :Il connu l’Errance Absolue fin 1962 quand il lui fallu quitter sa terre natale. Cette errance devait le mener de ville en ville, à travers l’Europe, jusqu’à ce que, vers 1967, il essaie une implantation dans l’Hexagone. Elle débouchera sur un échec et le re-condamna à l’Exil aux Antipodes... La Nouvelle Calédonie.
L’
Algerie meurtrie pesa sur lui tout au long de sa vie d’Exil. Il vivait de silences, prêt à revivre dès qu’il se retrouvait en présence de quelques "frères" d’Alger, d’Oran, de Bône ou d’ailleurs
Son œuvreSon œuvre, tout comme son être même, sera marquée de cette empreinte indélébile. Or, c'est justement à ce moment que la carrière d'écrivain de Brune commence, avec la dernière main mise à son ouvrage premier ouvrage, une œuvre majeure, un des fleurons de la littérature française d'Afrique du Nord et sur l'Afrique du Nord :.
Jean Brune proposa en
1962, une vaste fresque de la colonisation intitulée Cette haine qui ressemble à de l’amour où apparaissent dans leurs multiples affrontements les différentes couches de la société arabo-berbère et européenne. Le romancier incite le lecteur à entrer dans la psychologie des uns et des autres en mettant l’accent sur le fait que, malgré les apparences, les hommes sont plus proches qu’on ne le croit :
Plutôt que de tuer les hommes qui nous haïssent, nous tuerons en eux, à force d’amour, la haine qu’ils nous portent ”