LA PATER
LINEARITE
En effet, le père juif est débouté
de ses droits les plus élémentaires de procréation car il est inscrit que la
paternité de l'homme n'est jamais prouvée. La parole de la mère est également
bafouée par la suspicion qui plane sur son comportement sexuel envers cet
autrui soupçonné. Intolérable, ce voile qui ternit l'amour d'un couple condamné
d'avance, sans preuve, irrémédiablement. Présumés innocents en toute autre
affaire, l'homme comme la femme ne bénéficient nullement de procès équitable.
La défense n'a pas droit à la parole. L'accusation est sans pitié. Ils sont
coupables tous deux : le mari, de n'être pas le seul homme à honorer son épouse
puisque le risque de non paternité est patent ; l'épouse, d'être libertine
puisque le mari ne peut prouver sa paternité.
La science universelle balaie,
pourtant, cette affreuse suspicion par test A.D.N. interposé en permettant la
savante et irréfutable preuve de la paternité de l'époux par prélèvement
sanguin.
A la lumière de cette découverte, on
serait tenté de penser que le judaïsme verse dans l'obscurantisme en
s'enfermant dans un refus absolu de reconsidérer la question de l'enfance née
de mariages mixtes et de préférer l'inertie à toute avancée scientifique. Bien
évidemment, il n'en est rien. Pour s'en convaincre, il suffit de plonger au
cœur de l'histoire juive pour s'instruire du rôle éminemment précurseur du
peuple d'ISRAEL. Alors, pourquoi le statut-quo? Pourquoi cet immobilisme qui
entrave l'entrée dans le monde hébraïque de ces enfants sacrifiés sur l'autel d'une
loi rétrograde? Pourquoi le judaïsme prend t-il ses distances avec la
modernité?
J'avoue me perdre en conjectures.
Certains me jugeront naïf au point de croire qu'une institution religieuse,
installée dans ses certitudes séculaires, appuyée sur la conviction profonde
que cette méthode millénaire a survécu à toutes les tentatives d'extermination,
puisse être sujette à caution. Devant le regard de mes semblables, fier de ma
judéité et de mes ascendances, je revendique cette naïveté enfantine qui me pousse
à croire que le nom d'une dynastie religieuse ne peut s'éteindre parce que
l'amour aurait frappé à la mauvaise porte. Il n'est point question, ici, de
révolution, encore moins de révolte. Mais, le patronyme juif se doit d'être
porté par un juif car, si jamais, ce qu'à Dieu ne plaise, les barbares
redescendaient dans la rue, entre les juifs-juifs et juifs-non juifs, le sabre
trancherait les têtes sans distinction, sans enquête préalable sur l'origine du
nom de la mère. Un BENICHOU passera de vie à trépas que sa mère soit
catholique, juive, musulmane, protestante ou bouddhiste. L'enfant au nom
hébraïque encourra le même risque quelle que soit son origine. Cela ne fait pas
l'ombre d'un doute.
A contrario, il me semble paradoxal
que l'enfant né d'une union entre un homme catholique et une femme juive soit
reconnu par le judaïsme comme enfant d'ISRAEL. Ainsi, le petit BENICHOU, né de
père juif, reste un "goy" aux yeux du judaïsme qui ouvre ses bras au
petit DUPONT né de mère juive. C'est à ne plus s'y reconnaître. La perte
identitaire devient flagrante dès que l'on touche au patronyme. En introduisant
l'absurde dans la réflexion, on peut imaginer, quelques générations plus tard,
le fameux melting-pot tant redouté par le judaïsme, envahir le XXIème siècle et
détourner la loi divine de ses fondements. Qui sera juif et qui ne le sera
point. Comment reconnaîtra t-on le juif si DUPONT est juif et COHEN ne l'est
pas. Comment perpétuer le judaïsme si le seul repère, autre que la religion, le
nom en l'occurrence, perd toute signification et crédibilité hébraïques.
En effet, qui peut prétendre
aujourd'hui que le juif se reconnaît à son aspect physique comme voudrait le
faire croire l'antisémite primaire. De nos jours, l'israélite français se
distingue de ses compatriotes non juifs par le signe extérieur le plus évident
: son patronyme. Si celui -ci est emporté dans la tourmente des mariages
mixtes, alors le judaïsme perdra plus que des enfants, il perdra son âme.
YYY
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