LA FAMILLE
La famille, la tribu, le clan,
la bande, autant de dénominations qui désignaient l’entité
auprès de laquelle se rattachaient les membres d’un même arbre de
vie.
Autour de l’histoire de
l’ancêtre qui osa braver l’inconnu d’un eldorado promis par
une France nourricière se greffèrent de nombreuses ramifications
qui s’enracinèrent dans le sol fertile de l’Algérie.
Chaque membre de la famille
s’arrima fermement au patronyme hérité de l’ancien comme le
naufragé à une bouée de sauvetage avec pour seul alibi la défense
de sa Maison. La seule richesse, en ce temps-là, se résumait au
souvenir du drapeau abandonné au large de la Méditerranée. Drapeau
du pays où reposaient les aïeux sans cesse évoqués lors des
veillées regroupant tous les enfants d’un même village
transalpin, ibérique, maltais ou mahonnais.
Dans ces familles éreintées
par la misère, le labeur semblait le dénominateur commun par lequel
transitait l’espérance d’une vie meilleure. Travailler pour
bâtir un avenir à ses enfants, se sacrifier pour le bien être de
sa maisonnée, « suer sang et eau » afin de mériter le respect
d’autrui, la reconnaissance de son entourage et la satisfaction de
se regarder dans une glace sans détourner la tête, voilà les
prières adressées au seigneur par tout un chacun. Cette formidable
leçon, gravée dans la mémoire collective des premières années
d’immigration européenne en Algérie renforça l’inaliénable
unité des familles méditerranéennes devenues « pieds noires »
par la grâce d’une France grande, belle et généreuse.
Autour du cercle de famille
s’énoncèrent alors les règles de vie essentielles à la survie
de la tribu. Le travail bien fait, le courage et l’abnégation,
l’honneur du patronyme brandi tel un oriflamme, le respect dû au
père et l’amour à la mère, la transmission des traditions
s’inoculèrent dans les veines de chaque apatride sans omettre la
reconnaissance envers le pays de la délivrance : la France.
Ainsi, les familles issues du
bassin méditerranéen, adoptèrent les lois dictées par la raison
et le sentiment, portant dans leurs bagages de multiples coutumes qui
se mêlèrent les unes aux autres jusqu’à former une entité que
l’on nomma « européens d’Algérie ».
La famille d’Algérie
déléguait à chaque membre de la tribu un rôle qui pour être
éminent n’en demeurait pas moins discriminatoire pour les tenants
du féminisme à tout crin. Mais en ce pays et à cette époque, la
révolte n’habitait pas les cœurs. Bien au contraire, l’élément
féminin de Bab El Oued n’aspirait qu’à une seule chose : le
bonheur de sa Maison.
La femme régnait en maîtresse
absolue sur son « chez elle ». Du lever au coucher, en intendante
suprême, elle veillait sur son royaume comme sa mère avant elle et
sa grand-mère avant sa mère. Toujours aux petits soins avec son
mari et ses enfants, femme au foyer de génie, elle partait au marché
après avoir rangé son appartement, fait les lits, passé le chiffon
du parterre et jeté un dernier coup d’œil afin de constater
qu’elle « ne perdrait pas la figure » face à une visite
inopinée..............
Merci Hubert, je me suis régalé à lire tes écritures, belle plume et une sergent major en plus. Bonne journée je reviendrais souvent lire et relire afin de m'inprégner de notre quartier de bab el oued................Amitiés pied-noir
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