LEON TOLSTOI ET MAXIME GORKI |
Je suis tenté de croire que l’antisémitisme est indiscutable comme le sont la lèpre et la syphilis, et que le monde ne sera débarrassé de cette maladie honteuse que grâce à la culture qui nous libère lentement, il est vrai, des maux et des vices.
Bien entendu, cela ne nous dégage pas du devoir de lutter par tous les moyens contre la croissance de l’antisémitisme, de préserver dans la mesure de nos forces, les hommes contre cette contagion, car le Juif de mon temps m’est proche et je me sens coupable à son égard. Je suis un de ces Russes qui admettent l’oppression du peuple juif
Or, c’est un bon peuple ; je sais que certains grands penseurs Européens considèrent qu’en tant que type psychique, le Juif est plus beau et se trouve à un niveau de culture plus élevé que le Russe. Je crois que cette appréciation est juste ;autant que je puisse en juger, les Juifs sont des Européens, plus que ne le sont les Russes, ne serait-ce que pour cette raison qu’ils nourrissent un profond respect à l’égard du travail et de l’homme. Je suis étonné que la fermeté spirituelle du peuple Juif, par son idéalisme viril, par sa foi inébranlable en la victoire du bien sur le mal, en la possibilité du bonheur sur terre."
Ce texte du brillant écrivain soviétique, n’amène pas de commentaire, parce qu’il est complet au point qu’on y retrouvera certains antisémites de notre temps : Diagnostic sévère mais réaliste : assimilation à la lèpre ou à la syphilis. Refus de Gorki d’utiliser le déshonneur pour se défendre. Les Juifs ont su emprunter le meilleur de la culture Européenne, ce qui les place au-dessus du peuple russe.
Maxime Gorki (qui n’était pas Juif) reconnaît et admet que toutes les découvertes d’origine juive ont profité à l’humanité tout entière. Mise à part la forme littéraire, héritière du XIXèm siècle, ce texte est une synthèse où, même le point de vue juif, de la croyance au bonheur terrestre n’est pas éludé.
Arnold Lagémi
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