dimanche 4 décembre 2011

HORIZONS BLEUS de Hubert Zakine

Arrivé sur le sable, je rejoins mon ex-petite chinoise qu'elle a battu le record du monde établi à l'aller. Enhardi par son sourire qui ferait fondre toute la Mongolie extérieure (pourquoi extérieure au fait? ) je m'allonge à ses côtés comme Burt Lancaster dans "Tant qu'il y aura des hommes" sauf que moi je suis une gamate et que je roule pas un patin à Déborah Kerr. Ni à mon ex-petite sirène, d'ailleurs.
Derrière moi, Jeannot et Bernard y sortent de l'eau comme deux morts-vivants. On dirait qu'ils ont tapé la traversée de l'Atlantique à la nage. A côté d'eux, j'ai l'air frais comme un gardon. L'air mais pas la chanson parce que je cache bien mon jeu devant Colette qu'elle croit que je suis Tarzan  alors qu'en dedans je suis perclus de crampes. Mes jambes elles me portent pour l'amour de Dieu mais heureusement seul le Bon Dieu il est au courant.
--"On va avec eux à Bains Romains ?"
Quel babao ce Bernard avec ses jambes toutes poilues! Rien il a compris, comme à l'école qu'il fallait tout lui expliquer cent vingt fois avant qu'il feigne d'avoir assimilé quoi que se soit. Même que Papa Aïache, notre instituteur qu'il avait pas volé son surnom tellement il était gentil, jamais il a cru que le cancre de sa classe il avait réussi son certificat d'études. Jeannot lui, il est plus intelligent:
--" On devait pas jouer au foot cet apreum!"
Malgré la douleur de mes jambes, je saute à pieds joints dans la brèche:
--" Le foot y passe avant tout!" j'affirme catégorique.
--" Bardah! On va pas taper le match par cette chaleur. En fin d'après-midi, y f'era plus frais!"  y réplique Bernard qui démontre par cette analyse aussi fine que frappée du bon sens qu'il a laissé la paresse de son cerveau à ALGER.
Qué je peux avancer comme argument mainant. Je cherche mais makache je trouve. Surtout que ma petite sirène, elle retourne dans l'eau avec une démarche chaloupée à la Esther Williams. Je la regarde mais comme ce samote de Luc y me lâche pas des yeux pour déceler sur mon visage le moindre de mes sentiments envers sa cousine, même pas je fais cas. Je joue le bel indifférent style Humphrey Bogart dans son imperméable mastic. Mais moi, ch'uis torse nu et je porte un maillot babao style Fernandel. J'enfilerais bien un imper et visserais un chapeau sur ma tête mais si ma mère elle me voit ainsi affublé, elle m'envoie illico presto chez Roubi que c'est la maison des siphonnés de la tête d'Alger.
--" Pourquoi tu m'as pas suivie?" elle me reproche Colette en s'égouttant sur mon torse musclé avec une voix empruntée au violon de Yehudi Menuhin. J'ai envie de lui répondre " qu'est ça peut te faire, tu vas bien à Bains Romains sans me demander mon avis, non." Reusement d'ailleurs, pace qu'avec moi, les Bains Romains elles les verraient qu'en carte postale. Mais ch'uis une gamate. Alors, je la regarde et je fonds telle une crème glacée au cœur du Sahara. Y faut dire qu'elle est belle pareille à Elisabeth Taylor dans "Ivanhoé". Aouah! Ch'uis trop jaloux pour marcher avec une beauté pareille! Chaque fois qu'elle posera ses yeux sur un garçon, même si y ressemble à Jean Tissier, la liste des morts dans les rues d'Alger, elle s'allongera. Pas assez avec les évènements! Y'a pas! Un malade comme moi, y faut qu'il épouse une vilaine smina ou mieux une stokafiche avec plein de boutons partout que personne, il lui vient l'envie de la mater ou sinon y vomit!

 A SUIVRE................

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